Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/592

Cette page n’a pas encore été corrigée
1131
1132
MISÉRICORDE — MISOR


cipiiôçj Vulgate : misericordia, miseratio), sentiment ; qui porte à témoigner de la pitié, à porter affection et i secours à celui qui est malheureux, soit physiquement, 601t moralement.

I. Miséricorde de Dieu. — 4° Il est constamment fait mention de la miséricorde de Dieu dans l’Écriture Sainte. Même dans l’Ancien Testament, elle est rappelée à chaque page, et, selon les circonstances, implique compassion, amour, pardon, tendresses et prévenances de toutes sortes. Exod., r xix, 4 ; Deut., xxxii, 11 ; Ps. xxv (xxiv), 6 ; xl (xsxix), 12 ; lxxxix (lxxxviii), 2, 50 ; xciv (xem), 19 ; cvn (cvi), 43 ; 1 Esd., ix, 8 ; Dan., ii, 18, etc. — 2° La miséricorde divine est très grande. Num., xiv, 18, 19 ; Ps. v, 8 ; li(l), 3 ; lxviii (lxvii), 7 ; Is., lxiii, 15 ; Jon., iv, 2 ; Eccli., xvil, 28, etc. Elle remplit la terre. Ps. xxxm (xxxh), 5 ; l (Li), 3 ; cxix(cxviii), 64.Elle s’élève jusqu’aux cieux. Ps. xxxvi (xxxv), 6 ; lvii (lvi), 11. Elle s’étend sur toutes ses œuvres, c’est-â-dire se fait sentir à toutes ses créatures, Ps. cxlv (cxliv), 9. (Le parallélisme ne permet pas de traduire, dans ce dernier passage, que la miséricorde de Dieu est au-dessus de toutes ses autres œuvres.) Elle atteint toute chair. Eccli., xviii, 12. Elle s’étend jusqu’à la millième génération, c’est-à-dire indéfiniment. Exod., xx, 6 ; xxxiv, 7 ; Deut., v, 10. Elle est à jamais et remplit toute la durée des êtres créés. I Par., xvi, 34 ; II Par., vii, 3 ; Dan, , iii, 89, 90 ; I Mach., iv, 24, etc. Ces paroles : « car sa miséricorde est à jamais, » reviennent même comme refrain dans deux Psaumes, cxviii (cxvii), 1-29 ; cxxxvi (cxxxv), 1-26. — 3° Plusieurs fois la Sainte Écriture associe en Dieu la miséricorde et la fidélité, pour faire entendre que Dieu s’est engagé à traiter ses créatures avec bonté et qu’il ne faillira pas à sa parole. Exod., xxxiv, 6 ; Ps. xxv (xxiv), 10 ; XL (xxxix), 12 ; lxi (lx), 8 ; lxxxv (lxxxiv), 11 ; lxxxix (lxxxviii), 15, 25. — 4° La miséricorde de Dieu s’est particulièrement exercée vis-à-vis de David et de ses descendants, à cause du Messie à venir. II Reg., vii, 15 ; xxii, 51 ; III Reg., iii, 6 ; I Par., xvil, 13 ; II Par., i, 8 ; Ps. xviii (xvil), 51. ; Is., LV, 3. — 5° Afin de marquer qu’il va être sans pitié pour la maison d’Israël, Dieu ordonne à Osée d’appeler l’un de ses fils lo’ruhdmâh, « celui pour qui on est sans miséricorde. » Ose., i, 6, 8. Mais ensuite Dieu pardonnera et fera appeler la maison d’Israël ruhdmâh, « celle à qui on fait miséricorde. » Ose., ii, 21-23 ; cf. Rom., ix, 25. Voir Lo-Ruchamah, col. 363.

— 6° Notre-Seigneur est ému de pitié pour les malheureux qui se présentent à lui. Luc, vii, 13 ; x, 37. — 7° Saint Paul appelle Dieu « Père des miséricordes », II Cor., i, 3, et dit qu’il est riche en miséricorde. Eph., H, 4.

II. Miséricorde de l’homme. — 1° La miséricorde de l’homme envers son semblable constitue une partie essentielle du devoir de la charité envers le prochain. A ce titre, elle est souvent mentionnée par les auteurs sacrés. Gen., xxi, 23 ; Jos., ii, 14 ; xi, 20 ; II Reg., x, 2 ; m, 8 ; ix, 1 ; Job, xxxi, 1C ; Eccli., xviii, 12 ; Zach., vii, 9, etc. Cette miséricorde honore l’indigent qui en est l’objet. Prov., xiv, 31. Elle doit être accompagnée de fidélité, c’est-à-dire de constance et de justice. Jos., H, 14 ; Prov. iii, 3 ; xiv, 22 ; xvi, 6 ; xx, 28. — 2° La miséricorde est plus agréable à Dieu que le sacrifice, parce qu’elle tient à la charité commandée par la loi morale, tandis que le sacrifice est un rite extérieur commandé par la loi cérémonielle destinée à l’abrogation. Ose., VI, 6 ; Matth., ix, 13 ; xii, 7. Aussi est-il dit que « faire miséricorde, c’est offrir un sacrifice », Eccli., xxxv, 4, tandis que parfois l’offrande faite à Dieu peut constituer une violation formelle du devoir de la charité envers le prochain. Matth., xv, 5, 6 ; Marc, vii, 10-13. — 3° Notre-Seigneur recommande très instamment la miséricorde envers les autres hommes. Il promet au miséricordieux que miséricorde lui sera faite, Matth., v, 7, cf. Jacob-, ii, 13, et lui r mème pardonnera

les fautes comme on les pardonnera au prochain. Matth., vi, 12 ; Luc, xi, 4. Les paraboles du bon Samaritain, Luc, x, 30-37, et du serviteur impitoyable, Matth., xviii, 23-35, sont la mise en scène de ta miséricorde et de son contraire. — 4° Saint Paul recommande aux chrétiens d’avoir des entrailles de miséricorde.

Phil., ii, 1 ; Col., iii, 12.

H. Lesêtre.
    1. MISLIN##

MISLIN, Jacques, prélat de la maison de Sa Sainteté, né à Porrentruy (Suisse), le 27 janvier 1807, mort à Vienne le 6 décembre 1878. En 1830, il était professeur au collège de Porrentruy et trois ans après il en devint le principal. Révoqué par le gouvernement bernois ea 1836, lors des troubles politiques et religieux qui précédèrent et suivirent la promulgation des fameux Articles de Baden, il entra alors comme précepteur chez le comte Ch. de Bombelles, frère cadet du ministre d’Autriche à Berne ; en cette qualité, il donna des leçonsd’histoire et de géographie aux archiducs d’Autriche, qui devinrent l’empereur François-Joseph, et l’empereur Maximilien du Mexique. Plus tard à Parme, il remplit aussi les fonctions de bibliothécaire de l’impératrice Marie-Louise, veuve de Napoléon I er, et assista cette princesse à ses derniers moments. C’est en 1848 que M9 r Mislin fit son premier voyage en Palestine ; en 1856, il fut chargé d’accompagner le duc (aujourd’hui roi des Belges) et la duchesse de Brabant dans leur voyage en Orient. Le fruit de ces voyages et de ses études fut le livre intitulé : Les Saints Lieux, Pèlerinage à Jérusalem en passant par l’Autriche, la Hongrie, la Slavonie, les Provinces danubiennes, Constantinople, l’archipel, le Liban, la Syrie, Alexandrie, Malte, la Sicile et Marseille, 2 in-8°, Paris, 1851. La deuxième édition parut en 1858 en trois volumes in-8°, et la troisième en 1876, 3 in-8°, Paris. Il publia également : De quelques sanctuaires de la Palestine, in-8°, Paris, 1855 ; La Très Sainte Vierge est-elle née à Nazareth ou à Jérusalem ? in-8° Paris, 1863. Son ouvrage Les Saints Lieux a été traduit en italien : I Luoghi Santi, Milano, in-8°, 1858 ; en espagnol : La TieiTa Santa, Barcelone, 1852 ; en allemand : Die heiligen Orte, Vienne, 1860. Une autre traduction faite par Je D r Hartwein et publiée à Ratisbonne est si imparfaite que l’auteur se crut obligé de protester. Le mérite de Ma’Mislin est d’avoir attiré l’attention du monde catholique sur la Terre Sainte et ses sanctuaires vénérables. Depuis l’Itinéraire de Chateaubriand, aucun ouvrage de ce genre n’avait excité pareil intérêt ni exercé autant d’influence. Voir Revue 4e la Suisse catholique, Fribourg, 1879, t. x, p. 156 ; La Liberté, Fribourg en Suisse, 1878, n. 290, 291 ; le Bulletin de la Société de géographie de Paris, 4e série, t. iii, p, 530565 ; et dans le t. v, p. 36, le Discours de Malte-Brun sur les Progrès des sciences géographiques ; H. Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, t. iii, 1895, col. 1275.

E. FOLLETÊTE.

1. MISOR (hébreu : Mîéôr, « droit, plat » ), haut plateaudu pays de Moab, à l’est du Jourdain. Voir Moab, U, ii, 20. Comme ce mot signifie « plaine », Is., xl, 4 ; xlii, 16 ; Ps. cxliii, 10 ; I (III) Reg., xx, 23, 25, la Vulgate l’a toujours traduit par un nom commun, excepté Jos., xxi, 36. Voir Misor 2. Il est employé cependant comme nom propre et précédé de l’article, ham-MiSôr, lorsqu’il désigne le plateau de Moab et spécialement la plaine de Médaba (ftg. 297). Saint Jérôme l’a rendu par planifies, Deut., iii, 10 ; par terra campestris de tribu Ruben, Deut., iv, 43 ; par campestria Medaba, Jos., xiii, 9 ; par planitiesquse ducit Medaba, 1. 16 ; par in campeslribus, ꝟ. 17 ; par omnes urbes campeslres, ꝟ. 2 1 ; par campestris soliludo, Jos., xx, 8 ; par terra campestris, Jer., xlviii, 21. Septante : Mi<r<ip, Deut., iii, 10 ; Jos., xiii, 9, 16, 17, 21 ; Jer., xlviii, 8, 21. Eusèbe, qui a pris Miiôr pour une ville, l’appelle en grec Mio<ip, et saint Jérôme, Afisojv Onomastic, édit. Li.rsow et Parthey, 1862, p. 288, 289,