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MIRACLE


Les uns sont terribles, comme le déluge, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, les plaies d’Egypte, l’engloutissement de l’armée égyptienne dans la mer Rouge, le châtiment des révoltés du désert, la destruction de Jéricho, l’extermination de l’armée de Sennachérib, etc. Ils obligeaient à révérer en Jéhovah le Dieu qui commande à l’univers, qui a pris Israël sous sa tutelle particulière, et entend être respecté de tous les peuples et spécialement du sien. D’autres grands miracles manifestent la bonté de Dieu à l’égard des hommes voués à son service. De ce nombre sont la multiplication des troupeaux de Jacob, la manne, les cailles, l’eau accordée au désert, etc. — 2. Il y a des miracles particuliers qui constituent des actes de sévérité : le châtiment de Nadab et Abiu, celui d’Achan, des Bethsamites, d’Oza, le feu du ciel descendant, à la voix d’Élie, sur les envoyés d’Ochozias, etc. Ces miracles sont destinés à frapper de terreur un peuple encore grossier, trop facilement oublieux de la sainteté deûieu. Il fallait de temps en temps des interventions de cette nature pour mettre à la raison ceux qui étaient tentés de ne pas distinguer assez nettement entre Jéhovah et les faux dieux. — 3. Enfin, plusieurs miracles ont déjà une saveur toute évangélique, montrant que le Dieu de l’Ancien Testament est le même que celui du Nouveau. C’est l’idée que suggèrent l’interruption du sacrifice d’Abraham, les guérisons par la vue du serpent d’airain, les résurrections d’enfants par Élie et Elisée, la multiplication qu’ils font des substances alimentaires, la guérison de Naaman et d’Ézéchias, etc. — 4. Pour la longue période qui va de Moïse à Jésus-Christ, les miracles sont relativement peu nombreux. Au début, ils se multiplient et revêtent un caractère grandiose. Les conditions dans lesquelles se trouvait alors le peuple de Dieu imposaient cette nécessité. Dieu voulait délivrer ce peuple de ses ennemis et en même temps lui inculquer, pour toute la suite de son histoire, une forte idée de la puissance, de la sainteté et de la bonté du Maître auquel il appartenait. On peut dire que toute la pensée religieuse d’Israël a vécu des miracles de l’Exode. Ce sont ces grands fails que rappellent les fêtes annuelles et que célèbrent les cantiques sacrés. Les miracles du temps de Josué corroborent l’effet des précédents. De plus, ils inspirent aux peuples de Chanaan la crainte de Jéhovah. Le miracle n’apparaît plus ensuite que de loin en loin, comme pour rappeler à Israël que le Dieu de l’Exode s’occupe toujours de lui. Les miracles d’Élie et d’Elisée forment une sorte de recrudescence de l’activité divine à la veille de la captivité. On dirait que le Seigneur veut donner une dernière leçon à son peuple, lui faire comprendre ce que sa fidélité lui eût attiré de bienfaits surnaturels, lui laisser un dernier souvenir qui le soutint au cours de. ses malheurs. Les miracles de Daniel sont, à Babylone, pour les Hébreux et les Chaldéens, une nouvelle manifestation de la puissance de Jéhovah. Au retour de la captivité et en attendant l’Évangile, les miracles cessent à peu près totalement, comme les prophéties. Eccli-, xxvi, 3-8.

III. Les miracles du Nouveau Testament. — 1° Dans l’Évangile. — 1. Le Nouveau Testament débute par le récit d’apparitions angéliques à Zacharie, Luc, i, 11, et à Marie, Luc, I, 26, et de deux naissances, celle de Jean-Baptiste, qui est accompagnée de merveilles, Luc, i, 7, 36, 57, et celle de Jésus, qui constitue un miracle unique. Luc, i, 35. — 2. La vie de Notre-Seigneur, de sa naissance à son ascension, présente un grand nombre de miracles. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1503-1509. Parmi ces miracles, il en est qui touchent la personne même du Sauveur et sont sans exemple, avant ou après lui : . sa conception surnaturelle, sa transfiguration, sa propre résurrection et son ascension. Les autres accusent une puissance divine, qui s’exerce de sa propre initiative et sans nul effort. Mais le pouvoir peut en être communi qué aux hommes. Notre-Seigneur le communique en effet à ses Apôtres et à ses disciples, en les envoyant prêcher l’Évangile, Marc., xvi, 17, 18, 20 ; il ajoute même qu’avec la foi en lui on pourra, non seulement reproduire ses miracles, mais encore en opérer de plus grands. Joa., xiv, 12.

2° Dans les Acte* des Apôtres. — 1. Les premiers miracles opérés pour la fondation de l’Église sont : la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte et le don des langues, Act., ii, 2-8, voir Langues (Don des), t. iv, col. 74 ; la conversion d’abord de 3000 hommes, Act., », 41, puis de 5 000, Act., iv, 4 ; la guérison du boiteux à la porte du Temple, Act., iii, 6, 7 ; le châtiment d’Ananie et de Sapbire, Act., v, 5, 10 ; voir Ananie, t. i, col. 540, 541 ; les guérisons nombreuses par la seule ombre de saint Pierre, Act., v, 15, 16 ; les miracles de saint Etienne, Act., VI, 8, et sa vision du Fils de Dieu, Act., vii, 55 ; les miracles de saint Philippe à Samarie, Act., viii, 6 ; et son enlèvement après la conversion de l’eunuque. Act., viii, 39. — 2. Saint Pierre continue la conquête évangélique par divers miracles : la guérison du paralytique de Lydda, Act., IX, 34 ; la résurrection de Tabitha, Act., ix, 40 ; l’apparition de l’ange à Corneille et la révélation divine faite à saint Pierre, Act., x, 3, 10, 11 ; la délivrance de la prison d’Hérode, Act., xii, 7, et le châtiment subit du prince. Act., xii, 23. —

3. Saint Paul, converti par miracle, Act., ix, 3-18, frappe de cécité le magicien Elymas, Act., xiii, 11 ; guérit un boiteux à Lystres, Act., xiv, 9 ; chasse le démon qui possédait et inspirait une jeune fille, à Philippes, Act., xvi, 18 ; est, miraculeusement délivré de ses liens en prison, Act., xvi, 26 ; guérit des malades par le contact des linges qu’il a portés, Act., Xix, 12 ; à Troade, ressuscite le jeune Eutychus. tombé par la fenêtre du troisième étage, Act, xx, 10 ; reçoit la visite d’un ange qui lui annonce le salut des passagers du navire, Act., xxvii, 22-24 ; n’a rien à souffrir, à Malte, de la piqûre d’une vipère, Act., xxviii, 5, et guérit de la fièvre et de la dysenterie le père de Publius, chef de l’île. Act., xxviii, 8. —

4. Outre ces miracles, il faut encore mentionner les dons spirituels, qui mettaient les âmes des premiers chrétiens dans des états surnaturels ayant leur manifestation extérieure. Voir Dons surnaturels, t. ii, col. 1483-1487.

3° Caractère des miracles du Nouveau Testament. — 1. Les miracles de l’Évangile sont tous des miracles de puissance et de bonté. Aucun ne s’inspire d’une pensée de sévérité contre ceux qui font mal, et quand Jacques et Jean veulent faire descendre le feu du ciel sur une ville de Samarie, Notre-Seigneur les reprend en disant : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes. » Luc, IX, 55. Il faut qu’en tout le Sauveur n’apparaisse qu’avec sa bonté et son amour pour les hommes. TH., iii, 4. C’est ce qui donne à l’ensemble de ses miracles un caractère d’utilité, de charité, d’amabilité, de prévenance, qui ne se trouve nulle part ailleurs, ni avant ni après lui.

2. Les Apôtres sont l’objet de miracles qui n’ont point leurs analogues dans l’Évangile, le don des langues, les délivrances de prison, le transport subit en des lieux éloignés, etc. Ils en font d’autres qui paraissent par quelques côtés plus grands que ceux de Notre-Seigneur : saint Pierre guérit par sa seule ombre, et saint Paul par le contact des linges qu’il a portés. Mais aussi certains caractères des miracles de l’Ancien Testament reparaissent parfois, quand le réclame l’intérêt de l’Église naissante. On constate la sévérité ancienne dans les châtiments d’Ananie et de Saphire, d’Élymas et d’Hérode.’3. Tous les miracles du Nouveau Testament se présentent dans des conditions qui ne permettent aucun doute sur leur réalité. La plupart ont été entourés d’une grande publicité et les témoignages des écrivains sacrés, acceptés par les contemporains, ’offrent toutes les garanties désirables. D’autres miracles n’ont eu que de rares témoins, ou même n’en ont eu qu’un seul, comme la