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il se présenta blessé à Achab, lui reprocha d’avoir laissé échapper Bénadad de ses mains, et lui annonça que Dieu le châtierait de cette faute. III Reg., xxii, 3543. De là, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, xiv, 5, la haine du roi pour Michée. Quoi qu’il en soit, le fils de Jemla annonça d’abord ironiquement la victoire à Achab, comme le faisaient Sédécias, fils de Chanaana, etles autres faux prophètes d’Israël, mais aussitôt après, il lui prédit le sort funeste qui lui était réservé à Ramoth Galaad. Sédécias ayant frappé à la joue Michée, qui lui avait reproché, ainsi qu’à ses collègues, de tromper le roi par des mensonges, apprit de lui comme son maître le châtiment qui allait fondre sur lui. Achab, irrité, fit jeter le prophète en prison pour le punir à son retour, mais il périt sur le champ de bataille, selon la prédiction divine. III Reg., xxii, 9-37 ; II Par., xviii, 3-34. Voir Achab 1, t. i, col. 123-124. — Il n’est plus question de Michée dans l’Écriture, mais, quoiqu’il n’apparaisse qu’en passant, son rôle n’en est pas moins très remarquable. Nous voyons par cet épisode, comme plus tard par l’histoire de Jérémie, et par plusieurs autres faits, que les faux prophètes étaient nombreux à cette époque et que les prophètes véritables avaient à lutter contre eux et souvent à en souffrir. Michée attribue leurs fausses prédictions à l’esprit de mensonge. Il dit à Achab : « J’ai vu Jéhovah assis sur son trône et toute l’armée du ciel se tenait devant lui, à sa droite et à sa gauche. Et Jéhovah dit : Qui trompera Aehab pour qu’il monte et tombe à Ramoth Galaad ? Et l’un répondit d’une manière et l’autre d’une autre. Alors un esprit vint se présenter devant Jéhovah et lui dit : Moi, je le tromperai. Et Jéhovah lui demanda : Comment ? Et il répondit : J’irai et je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. Jéhovah lui dit : Tu le tromperas et tu l’emporteras ; va et fais ainsi. Maintenant donc Jéhovah a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes ; Jéhovah a prononcé du mal contre toi. » III Reg., xxii, 19-23. Dieu avait donc permis à l’esprit de mensonge de tromper Achab, afin qu’il trouvât, dans sa crédulité même, le châtiment de son impiété. Cette scène rappelle celle par laquelle débule le livre de Job, i, 6-12 ; ii, 1-6. Cf. aussi Zach., iii, 1-5 ; Ps. lxxxviii (lxxxix), 8-9 ; Is., vi, 1-4 ; Dan., x, 4-21. Ces grandes images préparaient celles que nous lisons dans plusieurs des prophètes postérieurs à Michée. Elles nous présentent Dieu sous des symboles dont nous ne trouvons pas de trace dans le Pentateuque. La distinction des esprits bons et mauvais s’y dessine de plus en plus manifestement. Nous y voyons enfin que, si l’homme se perd, c’est par sa faute, et parce qu’il résiste à Dieu, lequel permet le mal, mais nous donne les moyens de l’éviter. F. Yigouroux.

2. MICHÉE (hébreu : Mîkâyâhû ; Septante : Mc/afa ; ), un des chefs du peuple qui vivait du temps de Josaphat et que ce roi envoya dans les villes de Juda, la troisième année de son règne, avec plusieurs autres grands officiers et avec des prêtres et des lévites pour instruire ses sujets de la loi de Dieu. II Par., xvii, 7.

3. MICHÉE (hébreu : Mîkdyehù ; Septante : Mtxataç), fils de Gamarias et petit-fils de Saphan, contemporain de Jérémie. La cinquième année du règne de Joakim, 604 avantJ.-C, au neuvième mois (novembre-décembre), Baruch lut les prophéties de Jérémie dans le Temple, dans la chambre de Gamarias. Le fils de ce dernier était présent. Ayant entendu la lecture, il alla raconter au palais du roi, aux principaux de la cour, ce qui s’était passé. Ils firent appeler Baruch, et quand ils eurent pris connaissance des prophéties, ils recommandèrent à Baruch d’aller se cacher avec Jérémie ; ils remirent ensuite les oracles qui venaient de leur être communiqués à Élisama le scribeJoakim prévenu, se les fit lire par Élisama et, après en avoir entendu trojsôu quatre pages, il s’empara

du rouleau, le coupa avec un canif et le jeta dans un brasier plein de charbons ardents qui était devant lui, malgré Gamarias et quelques autres. Il voulut aussi faire saisir Baruch et Jérémie, mais on ne les trouva point. Jer., xxxvi, 9-26.

4. MICHÉE (hébreu : Mîkàh ou Mikayâh ; Septante : Miyat’oç M ou Mec^afa ; , Mixaiac ; Vulgate : Michxas), le sixième des petits prophètes. Son nom hébreu, qui est une abréviation de Mîkâyhû, Jud., xvil, 2, 4, signifie : « qui est comme Dieu ? » Saint Jérôme, In Mich., t. xxv, col. 115, s’appuyant sans doute sur le mot hébreu mâkak ou mùk, Lev., xxv, 25, 35 ; Ps. cvi, 43, l’interprète : « humilité. » Michée était originaire de Morasthî, Mich., i, 1 ; Jer., xxvi, 18, village situé au sud-est de Jérusalem, dans les environs de Geth. C’est pour cela que les Septante et la Vulgate l’appellent, Mich., i, 1, le « Morasthite » : tôv toO Ma>paa6eî ; Morasthites. Il est différent d’un autre prophète du même nom, fils de Jemla, qui vivait un siècle auparavant. III Reg., xxii, 8, 25, 26, 28. Voir Michée 1. Michée a dû vivre assez longtemps dans son pays natal’, car il en connaît bien les localités. Mich., i, 10-15. Il prophétisa à Jérusalem sous les règnes de Joatham, d’Achaz et d’Ézéchias, Mich, , i, 1, et fut par conséquent contemporain d’Isaïe. Le livre attribué à saint Épiphane, De vitis proph., 13, t. xliii, col. 407, a conservé les traditions suivantes concernant la vie de Michée. Il dit que ce prophète issu de la tribu d’Éphraïm, fit beaucoup de choses contre Achab, roi de Juda, et qu’il fut mis à mort par son fils Joram, parce qu’il l’avait repris de son impiété et de ses crimes. Après sa mort, il fut enseveli dans un tombeau près du monument d’Énacim. L’auteur du De vitis a confondu sans doute le petit prophète, qui ne fut contemporain ni d’Achab ni de Joram, avec Michée 1. La même erreur se retrouve dans le Chronicon paschale, Patr. gr., t. xcii, col. 365. D’après Sozomène, H. E., vii, 29, t. lxvii, col. 1505-1508, le corps de Michée fut trouvé à la fin du règne de l’empereur Théodosë à dix milles d’Éleuthéropolis en Palestine. V. Ermoni.

5. MICHÉE (li. livre de). — î. Division et analyse.

— Quelques auteurs, comme Driver, lnlrod., 7e édit., 1898, p. 326, divisent la prophétie de Michée en deux parties : i-v, vi-vii. Mais la division la plus naturelle est celle en trois parties, correspondant à trois discours, dont chacun commence par : « Écoutez, » i-ii, m-v, vi-vn. — 1° La première partie, i-ii, contient des menacés et annonce des châtiments : les péchés d’Israël seront punis, i, 2-5 ; Samarie sera dévastée, jt. 6-8 ; Juda sera ravagé et ses habitants seront transportés en captivité, ꝟ. 9-16 ; les vices des grands et des opulents sont la cause de tous ces maux, ii, 1-11 ; le prophète promet aux bons le retour de la captivité et des temps meilleurs, J. 12-13. — 2° Dans la deuxième partie, m-v, le prophète commence par s’élever contre les iniquités des princes et des magistrats, m, 1-4 ; il fait ensuite des menaces contre les faux prophètes qui trompent le peuple, ꝟ. 5-8 ; il annonce la ruine de Sion etdu Temple àcausede leurs iniquités, ꝟ. 9-12 ; il prédit un âge de prospérité, iv, i~5 ; les Hébreux déportés reviendront dans leur patrie, $. 6-10 ; ils seront puissants et subjugueront leurs ennemis, ; fr. 11-13 ; il annonce la naissance du Sauveur, v, 2-3 (cf. Matth., ii, 6 ; Joa., vii, 42) ; les Juifs seront forts contre leurs ennemis, jf.4-8 ; l’idolâtrie sera abolie, ꝟ. 9-13, et les peuples idolâtres seront châtiés, ꝟ. 14. — 3° Le troisième discours, vi-vii, est nn simple dialogue entre Dieu et son peuple ; annoncedela discussion, vi, 1-2 ; Dieu rappelle les bienfaits dont il a comblé Israël, il- 3-5 ; le prophète montre comment on peut apaiser la colère de Dieu, % 6-8 ; il prédit de terribles châtiments, si le peuple continue de vivre dans le dérèglement, ꝟ. 9-16 ; il implore néanmoins le pardon de Dieu pour les coupa-