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    1. MÉROM##

MÉROM (EAUX DE)

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assimile les Eaux de Mérom au lac Houléh, mais elle provoque plus d’une objection. — Et d’abord, nulle part ailleurs le mot mê, état construit de maîm, « eau, » ’ne désigne un lac ; il s’emploie plutôt pour indiquer le courant d’un fleuve : mê hay-Yardên, « les eaux du Jourdain, » Jos., iii, 8, 13, etc. ; une source ou un ensemble de sources : mê’En SéméS, t les eaux de la Fontaine du soleil, » aujourd’hui, selon une croyance générale, la Fontaine des Apôtres, sur la route de Jérusalem à Jéricho, Jos., xv, 7 ; mé Néftôâh, « les eaux de Nephtoah, s Jos., xv, 9, probablement Ain Liflà, à l’ouest de Jérusalem ; mê Megiddô, « les eaux de Mageddo, » Jud., v, 19, les nombreuses sources qui entourent cette

Meppav, à un bourg nommé Merrus, MeppoSç, sRné à douze milles (près de 18 kilomètres) de Sébaste, près de Dothaïn, ce qui nous porte loin du lac Houléh. — Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1890, p. 50-54.

Ces raisons ont sans doute leur valeur, mais elles s’ont rien d’absolu. — La première montre que l’expression mê-Mèrôm, appliquée à une certaine étendue d’eau, s’écarterait de la manière habituelle de parier des Hébreux, d’après les exemples qui nous sont connus. Mais, en restant une exception, elle n’a rien de contraire aux règles de la langue. On peut la rapprocher de celle qu’on rencontre, I Mach., xi, 67, in tô flStap toO revw, <rop,

2C5. — Vue du lac Houléh.

ville et forment les affluents du Cison ; un réservoir, mê hab-berêkâh ha(-tah(ôndh, (( les eaux de la piscine inlérieure. » Is., xxii, 9. C’est donc plutôt ydm, « mer » ou « lac » qui convenait ici, comme dans yam Kinnerôf, « lac de Cénéroth » ou de Tibériade, Jos., xii, 3 ; ydm ham-mélafy, s la mer de sel » ou la mer Morte. Gen., xiv, 3. — En second lieu, Josèphe, Ant. jud., V, I, 18, place le camp des rois confédérés « à Béroth, BYjptiÔYj, ville de la Haute Galilée, non loin_de Cadès », et il ne fait aucune mention des eaux. 4- En troisième lieu, le terrain de combat semble bien mal choisi sur les bords du lac Mérom : les Chananéens s’enfermaient maladroitement dans un cercle qui, en cas de défaite, devait rendre leur fuite extrêmement difficile. Sans parler du marais qu’elle renferme, la plaine, ou ardh el-Râléh, est entourée à l’ouest, au nord et à l’est, de montagnes bien faites pour arrêter une armée en déroute. Le massif occidental, en particulier, opposait une barrière naturelle aux fuyards qui auraient tenté de s’échapper vers Sidon. Jos., xi, 8. — Enfin Eusébe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 138, 278, identifient Merrom,

et qui indique « le lac de Génésareth ». Elle rentrerait tout à fait dans les conditions ordinaires si, comme on pourrait le supposer, le lac avait emprunté soa nom à une ville voisine. Les monuments égyptiens, en effet, mentionnent à l’ouest du Bahr et Uùléh une ville de Marama, que l’on a, d’une façon vraisemblable, identifiée avec le village actuel de Meirun ou Meirôn. Cf. A. Mariette bey, Les listes géographiques des pylônes deKarnak, Leipzig, 1875, p. 17 ; G. Maspero, Sur les nonu géographiques de la liste de Thoutmos 1Il qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Transactions of the Victoria Inslitute, or philosophical Society of Great Brilain, Londres, 1886, p. 3 ; W. Max Mùller, Asien undEuropanach altâgyptischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 220. — Josèphe, en plaçant le camp ennemi à Béroth, non loin de Cadès, ne dit pas par là-même ques la bataille eut lieu dans cet endroit. Il nous raconte, dans un autre passage, Ant. jud., XIII, v, 7, que, longtemps après, l’armée de Démétrius vint camper à Cadès et combattit Jonathas Machabée dans la plaine située au-dessous. Pourquoi les rois chananéens n’auraient-ils