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MÉRODACH


délaissé, prétendait-il, par Nabonide, le dernier roi de Babylone. Kambyse l’imita et fit des offrandes au dieu. Mais ses successeurs rompirent avec la tradition. Darius (488) démolit les fortifications de Babylone. Xerxès pilla le temple de Mardouk et le détruisit. Alexandre songeait à le rebâtir quand il mourut. Quelques années plus tard, Antiochus Soter (280-260) essaya de réaliser ce dessein.

Ce temple était VE-saggil, c’est-à-dire « la maison élevée ». Il existait déjà sous Zabum, un des prédécesseurs d’Hammurabi. Ce dernier « s’y tient, dit-il, tous les jours » (Codé, recto, ii, 10). La Mission allemande en a retrouvé les ruines en 1900 sous le tell dit Amrân-ibn

un séjour forcé chez les Ilatti. Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, xxiv, 1902 ; Mélanges assyriologigues, par François Martin, tirage à part, p. 8-9. Lorsque le dieu rentrait à Babylone après ces longs exils le peuple l’accueillait avec des transports d’enthousiasme dont nous retrouvons les échos dans les compositions des prêtres ou des scribes. "Voir ibid., p. 1-6, chant sur le retour de Mardouk à Babylone.

Ses fêtes, interrompues par son absence, reprenaient alors leur cours. La plus solennelle était celle de l’Aqitu, ou du Zagmuku, c’est-à-dire du nouvel an. Elle se célébrait au début de l’année babylonienne, au mois de Nisan.

— Le dieu Mérodach luttant contre un monstre. Bas-relief de Ninive. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 5.

Ali. La ziggurat, ou tour à étages, de Mardouk, portait le nom de E-temen-an-ki, « la maison, fondement du ciel et de la terre » ou « pierre de fondation (première pierre) du ciel et de la terre ». Zarpanit, l’épouse de Mardouk ; Éa, son père ; Nabou, son fils, et son épouse Tasmêtoum ; d’autres dieux, tels que Nouzkou, divinité du feu, avaient leur chapelle dans l’E-saggil, où ils formaient une cour à Mardouk, et, à son tour, Mardouk avait une chapelle dans leurs temples, par exemple dans VE-zida de Nabou. La statue du dieu lui-même trônait dans un sanctuaire appelé YE-kua.

Plus d’une fois, au cours des siècles, elle en fut enlevée par les vainqueurs de Babylone. Le roi Agoum-kakrime, de la fin du xviie siècle av. J.-C. ou du commencement du xvi » (dynastie Kassite), envoya des ambassadeurs aux Hani, peuple dont la situation est inconnue, pour recouvrer la statue de Mardouk qu’ils avaient dérobée. Plus tard, peut-être au commencement du xiie siècle, elle fut encore volée par les Élamites. Nabuchodonosor I K’(vers 1130) la reprit.par la force des armes et put « saisir les mains de Bel ». D’après un texte malheureusement très mutilé, il semble que Mardouk a fait aussi

(mars-avril), pour fêter le retour du printemps et le renouvellement de la nature dus à l’action bienfaisante de la divinité solaire qu’était Mardouk. La statue du dieu sortait de l’E-saggil pour être portée solennellement sur une barque dans la grande rue de Babylone appelée Aiibur-sabum, « Que l’ennemi ne l’emporte pas. » Les autres dieux l’accompagnaient dans cette procession ; Nabou quittait même, pour la circonstance, son temple de l’E-zida à Borsippa. Tous réunis sous la présidence de Mardouk, ils fixaient les destins de l’année ; ce jour-là, les temples regorgeaient de victimes et d’offrandes, et si le roi était absent il rentrait à Babylone pour assister à la fête. Dans les dernières années de l’empire néo-babylonien, les chroniqueurs ont noté comme un signe de deuil que telle année le roi ne rentra pas à Babylone en Nisan pour <i prendre les mains de Bel ». Chronique de Ifabonide-Cyrus, col. 2, lig. 10. Il n’était pas jusqu’aux rois assyriens qui ne fissent du Zagmuku un jour de grande solennité, mais d’une solennité guerrière, comme il convenait à leur tempérament. Asarhaddon demande aux dieux la faveur de pouvoir passer en revue tous les ans au jour du Zagmuku, dans le premier mois*