Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/516

Cette page n’a pas encore été corrigée
993
094
MERCURE — MÈRE


par « fronde », comme dans la traduction de l’hébreu ci-dessus, mais d’autres le traduisent par « tas de pierres ». Ainsi Gesenius, Thésaurus, p. 1263. F. Vigouroux,

MERE (hébreu : ’êm, correspondant à l’assyrien ummu, et quelquefois hôrdh ; Gen., xlix, 26 ; Cant., iii, 4 ; Ose. ii, 7, ou yôlédét, Prov., xvii, 25 ; xxiii, 35 ; Jer., xv, 9, deux mots signifiant « celle qui engendre » ; Septante : fi^Ttip, xsxoOffa, xi’xxouaa ; Vulgate : mater, genitrix), celle qui porte en son sein et engendre des enfants.

1° Différents sens du mot. — Outre son sens naturel, le plus ordinairement employé, le mot’êm peut encore désigner, par extension, la belîe-mère, Gen., xxxvii, 10 ; cf. xxxv, 19 ; la grand’mère, III Reg., xv, 10 ; l’ancêtre en général, Gen., iii, 20 ; Ezech., xvi, 3 ; celle qui remplit des fonctions presque maternelles vis-à-vis d’un peuple, Jud., v, 7, et une nation par rapport à ses en-, fants. Is., l, 1 ; Jer., l, 12 ; Ose., iv, 5. Le même mot s’emploie en parlant des animaux. Exod., xxii, 29 ; xxiii, 19 ; Deut., xxii, 6. Par assimilation, on donne le nom de « mère » à ce qui est une cause. Ainsi la sagesse est la mère de toutes sortes de biens et de vertus. Sap., vii, 12 ; Eccli., xxiv, 24. Il en est de même de la justice. Eccli., xv, 2. Babylone est la mère des fornications. Apoc, xvii, 5. La « mère des chemins » est un carrefour, d’où les chemins prennent naissance. Ezech., xxi, 26 (hébreu). Le sépulcre est comme la mère de tous les hommes, parce qu’il les recevra tous dans son sein. Eccli., xl, 1. En renversant la métaphore, Jérémie, xx, 17, eût souhaité que le sein de sa mère fût son sépulcre. Job, xvii, 14, appelle la pourriture du tombeau sa mère, parce qu’il descendra dans son sein. La Jérusalem céleste abritera les enfants de Dieu dans son sein ; c’est pourquoi elle est comme leur mère. Gal., iv, 26. Enfin on nomme « ville-mère » ou métropole, celle qui exerce son action sur d’autres villes inférieures. II Reg., xx, 19. On trouve dans des inscriptions le titre de « mère de la synagogue », attribué sans doute à des femmes qui avaient bien mérité de la communauté, parmi les Juifs de la dispersion. Cf. Corp. inscrip. lat., t. v, n » 4411 ; t. vi, n° 29756. — En donnant le nom de mère, de frères ou de sœurs à ceux qui écoutent sa parole, le Sauveur veut indiquer que, par leur fidélité à la grâce, ses disciples contractent avec lui des liens plus étroits que tous ceux de la nature. Matth., xii, 47, 50.

2° Le sein de la mère. — C’est une malédiction pour la mère d’être stérile. I Reg., xv, 33. En faisant cesser cette stérilité, Dieu rend la mère joyeuse. Ps. cxm (cxii), 9. La femme fidèle aux obligations de la vie chrétienne arrive au salut en engendrant des enfants. I Tim., ii, 15. L’expression « dès le sein de la mère » revient souvent pour marquer que quelqu’un a reçu ou fait telle chose depuis qu’il est au monde. Jud., xiii, 7 ; xvi, 17 ; Job, xxxi, 18 ; Ps. xxii (xxi), 11 ; lxxi (lxx), 6 ; cxxxix (cxxxviii), 13 ; Eccli., xl, 1 ; xlix, 9 ; l, 24 ; Is., xiix, 1 ; Matth., six, 12 ; Luc, i, 15 ; Act, , iii, 2 ; xiv, 1 ; Gal., i, 15, etc. On dit dans le même sens « dès les mamelles de la mère ». Ps. xxii (xxi), 10.

3° Les fils de la mère. — À cause de la polygamie en vigueur chez les Hébreux, les enfants du même père sont distingués entre eux par le nom de leurflière. Voilà pourquoi les historiens sacrés ne manquent’pas de nommer la mère des rois ou des personnages considérables. III Reg., xi, 26 ; xiv, 31 ; xv, 2, 10 ; xxiii, 42 ; IVReg., viii, 26 ; xii, 1 ; xiv, 2 ; xv, 2, 33 ; xviii, 2 ; xxi, 1, 19 ; xxii, 1 ; xxm, 31, 36 ; xxiv, 8, 18 ; I Par., ii, 26 ; II Par., xii, 13 ; xm, 2 ; xx, 31 ; xxii, 2 ; xxiv, l ; xxv, 1 ; xxvi, 3 ; xxvii, 1 ; xxix, 1. On appelait ses frères maternels « fils de ma mère ». Gen., xx, 12 ; Deut., xiii, 6 ; Jud., viii, 19. On aimait ses frères utérins bien plus que les autres, Cant., vm, 1 ; il était plus grave de leur manquer d’égards, Gen., xxvii, 29, et plus cruel d’être maltraité ou. abandonné par eux. Cant., i, 5 ; Ps. l (xlix), 20 ; lxix (lxviii),

PICT. DE LA BIBLE.

9. Par contre, les défauts d’un fils faisaient la honte de sa mère, parce qu’on supposait que les fils du même père, mais d’une autre mère, n’avaient pas ces défauts. Prov., x, 1 ; xxix, 15. Saûl, reprochant à son fils Jonathas son amitié pour David, ne manque pas de lui dire qu’il agit ainsi à la honte de sa mère. I Reg., xx, 30.

4° L’amour maternel. — L’amour de la mère pour l’enfant apparaît souvent dans la Sainte Écriture, C’est Agar qui ne veut pas voir mourir son enfant au désert et pleure loin de lui, Gen., xxi, 14-16 ; la mère de Moïse surveillant son enfant confié aux eaux du Nil, Exod., ii, 2-9 ; Anne prenant soin de son fils Samuel, I Reg., i, 22-24 ; la pauvre prostituée qui paraît au jugement de Salomon et préfère abandonner son fils à sa rivale plutôt que de le laisser périr, III Reg., iii, 26, 27 ; la veuve de Sarepta qui obtient d’Élie le retour de son fils à la vie, III Reg., xvii, 17-24 ; la femme de Sunam dont l’enfant, hiort d’insolation, est ressuscité par Elisée, IV Reg., iv, 18-21, 35 ; la mère de Tobie qui verse des larmes intarissables sur le départ et l’absence de son fils, Tob., v, 23-28 ; x, 4 ; la mère des Machabées qui, par son amour héroïque, encourage ses enfants au martyre, II Mach., vii, 1-41 ; la veuve de Naïm dont la douleur touche le Sauveur, Luc, vii, 12-15 ; la Chananéenne qui brave même le refus si dur en apparence de Notre-Seigneur et obtient la guérison de sa fille. Matth., xv, 21-28 ; Marc, vii, 2430. Parfois même cet amour maternel a toutes les ambitions en faveur de fils chéris. Tel il est chez Rébecca, qui fait bénir Jacob à la place d’Ésaû, Gen., xxvii, 6-46 ; chez Bethsabée, qui arrive à faire sacrer roi Salomon son fils, III Reg., i, 15-31 ; chez la mère des fils de Zébédée, qui veut pour ses fils les deux premières places dans le royaume. Matth., xx, 20-28 ; Marc, x, 35-45, etc. — Au nombre des calamités qui devaient fondre sur Israël infidèle, Moïse avait noté celle-ci : « Au milieu de l’angoise et de la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles. » Deut., xxviii, 53. L’amour maternel ne put empêcher des mères d’en venir à cette extrémité pendant l’horrible famine du siège de Samarie, IV Reg., vi, 28, 29, peut-être pendant celui de Jérusalem par les Chaldéens, Lam., ii, 20 ; iv, 10, et certainement pendant le siège par les Romains. Josèphe, Bell, jud., VI, iii, 4. — L’amour maternel est pris comme terme de comparaison pour caractériser l’amour de Dieu. Comme une mère console son fils, ainsi Dieu consolera Jérusalem. Is., lxvi, 13. Le Très-Haut est plus miséricordieux qu’une mère. Eccli., iv, 11. Notre-Seigneur se compare lui-même à la-poule qui^couvre ses poussins de ses ailes. Matth., xxiii, 37.

5° Le rôle de la mère. — Chez les Hébreux, c’était le père qui exerçait l’autorité dans la famille ; mais c’était à la mère, comme dans tous les pays où la polygamie est en usage, qu’était réservée l’éducation des enfants. Chaque mère de famille habitait ordinairement à part avec ses enfants, séparée des autres femmes et des autres enfants de son mari ; c’était le seul moyen d’éviter les querelles trop fréquentes et trop vives suscitées par la jalousie des diverses épouses du même homme. Celui-ci, d’ailleurs, ne pouvait s’occuper lui-même d’élever ses enfants, à cause de leur trop grand nombre et de ses occupations extérieures. L’éducation des enfants étant réservée à la mère, on comprend combien il était important que les Hébreux n’épousassent point des femmes païennes. — Au point de vue des transactions, du mariage des enfants, des rapports sociaux, la mère n’avait qu’un rôle secondaire. Dans certains cas, cependant, elle intervenait à défaut du père de famille. Ainsi Agar, dont Abraham ne peut plus s’occuper, cherche elle-même une femme pour son fils Ismaël. Gen., xxi, 21. Rébecca en réfère directement à sa mère des choses qui la concernent, probablement à cause du grand âge ou peut-être de la mort de son père Bathuel. Gen., xxiv, 28, 55. Voi*

IV. - 32