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MER — MER D’AIRAIN

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prend le mot « mer » tantôt dans un sens large, tantôt dans un sens restreint. Dans la cosmogonie mosaïque, elle définit elle-même par miqvêh ham-mayim, « rassemblement des eaux, s l’ensemble des mers, yanvmîm, en tant que distinct de la terre « sèche », hay-yabâsàh. Gen., i, 10. Cette acception générale se retrouve ailleurs, principalement dans les livres poétiques, où la mer n’est considérée que dans ses conditions physiques, comme une des grandes œuvres de Dieu, et fournissant matière à des images, à des comparaisons. Cf. Exod., xx, 11 ; Deut., xxx, 13 ; Job, vii, 12 ; ix, 8 ; Ps. xxm (hébreu : xxiv), 2 ; lxiv(lxv), 8 ; lxxxvih(lxxxix), 10 ; Is., v, 30, etc. Envisagé sous ce rapport, l’hébreu yâm a pour correspondant, dans le parallélisme synonymique, (ehôm, « l’abîme. » Cf. Job, xxviii, 14 ; xxxviii, 16 ; Ps. cxxxiv (cxxxv), 6, etc. Voir Abîme, t. i, col. 52.

II. Mers dans l’Écriture. — Le mot s’applique souvent â quelques mers particulières qui avoisinent la Palestine, sans même que le nom propre y soit toujours ajouté. Le nom de la Mer Rouge (hébreu : yam-Sûf ; Septante, i ipj8poc OâXoccrcra) revient à chaque instant dans les récits qui ont trait à la sortie d’Egypte. Cf. Exod., x, 19 ; xiii, 18 ; xiv, 2, 9, 16, 21, etc. Voir Rouge (Mer). La Méditerranée est fréquemment mentionnée à propos des limites de la Terre Sainte sous les dénominations de yâm hâ-ahârôn, « mer postérieure, » c’est-à-dire « occidentale », Deut., xi, 24 ; yâm PeliSfîm, « mer des Philistins, » Exod., xxiii, 31 ; yâm hag-gâdôl, « la grande mer, » Num., xxxiv, 6, 7 ; Jos., i, 4 ; ix, 1, etc. Voir Méditerranée (Mer), col. 927. — 3° Il se restreint même aux deux grands lacs de Palestine : La Mer Morte ou « mer de Sel », yâm-ham mêlai}., Gen., xiv, 3 ; « mer du Désert, » yâm hâ-’Arâbâh, Deut., iv, 49 ; « mer orientale, » yâm haq-qadmônî, Joël, ii, 20 ; Zach., xiv, 8 ; voir Morte (Mer) ; et le Lac de Tibériade, appelé yâm Kinnérét, Num., xxxiv, 11 ; Jos., xii, 3 ; xiii,

, 27 ; ꝟ. 9âXa<r<ra t^ ; raXiXaîa ; , « mer de Galilée, » Matth., IV ; 18 ; xv, 29, etc. ; r, eiXaaaa ty] ? TiêepiâSo ; , « mer de Tibériade. » Joa., xxi, 1. "Voir Tibériade (Lac de). — 4° Bien plus les prophètes s’en servent parfois pour désigner deux grands fleuves : le Nil, Is., xix, 5 ; Ezech., xxxii, 2, et l’Euphrate. Jer., li, 36. — 5° Enfin ls mot yâm est employé pour indiquer « l’ouest » de la Palestine, la Méditerrannée formant la limite occidentale de ce pays. On trouve alors des expressions comme celles-ci : ruâh yâm, « le vent d’ouest, » Exod., x, 19 ; pe’af-yâm, « le côté occidental, » Exod., xxvii, 12 ; xxxviii, 12 (hébreu) ; yammâh, avec le hé local, « vers l’ouest. » Gen., xxviii, 14 ; Exod., xxvi, 22. — La « mer de Jazer », dont il est question Jer., xlviii, 32, n’est sans doute due qu’à une faute du texte. Voir Jazer, t. iii, col. 1150. — Hyperbo-Hquement, le mot « mer » s’applique à un vaste bassin d’airain, yâm han-nehôSét, destiné aux ablutions des prêtres et placé dans le parvis intérieur du Temple de Salomon. III Reg., vii, 23. Voir Mer d’airain, col. 982.

III. Ce qu’a été la mer pour les Hébreux. — La mer n’a pas été pour les Hébreux, comme pour d’autres peuples, un moyen d’expansion, une source de richesses, excepté sous le règne de Salomon, III Reg., ix, 26-28, car le peuple choisi n’était pas destinéA^tre un peuple de marins. Mais elle a été pour eux ce Qu’elle est pour tout homme qui sait comprendre les grands spectacles de la nature, une image et une voix : l’image de l’infinie grandeur, de l’immensité du Dieu qui l’a créée, la voix de sa puissance. Comme le ciel, comme les montagnes, elle provoque en eux et en nous, avec le Sentiment de notre néant, l’hommage de l’adoration. Les poètes sacrés et les prophètes ont mieux que personne saisi, éprouvé l’un et l’autre. Ps. lxviii (lxix), 35 ; lxxxviii {lxxxix), 10 ; xciv (xcv), 6, etc. Aucune poésie profane n’a dépassé la magnifique description de Job, xxxviii,

a-ii :

Qui donc a enfermé la mer dans ses digues,

Lorsqu’elle sortait impétueuse du sein maternel ;

Quand je lui donnai les nuages pour vêtement,

Et pour lange » d’épais brouillards ;

Quand je lui imposai ma loi,

Que je l’entourai de portes et de verroux ;

Que je lui dis ; Tu viendras jusqu’ici, et tu n’iras pas

Ici se brisera l’orgueil de tes’flots ? [plus loin ; ]

Aucune des beautés de la mer n’a échappé aux auteurs inspirés : son immensité, la profondeur de ses abîmes, le soulèvement et le bruit de ses flots, la vie qu’elle renferme en son sein avec ses innombrables poissons, les voies qu’elle ouvre aux navigateurs :

Voici la vaste mer, aux immenses bras ;

Là fourmillent sans nombre

Des animaux petits et grands.

Là se meuvent les navires,

Et le léviathan que tu as tait pour s’y jouer.

Ps. cm <civ), 25, 26.

La mer offre en même temps à l’écrivain sacré une foule d’images. Les impies sont comme la mer agitée, qui ne peut s’apaiser, et qui gonfle ses flots pour produire de l’écume et de la vase. Is., lvii, 20. La douleur de Jérusalem ruinée est grande comme la mer. Lam. il, 13. Celui qui prie sans confiance est semblable au flot de la mer sans cesse agité et poussé de côté et d’autre par le vent. Jac, i, 6. Les pécheurs sont comparés aux vagues furieuses de la mer, qui rejettent l’écume de leurs infamies. Jude, 13. Les multitudes de peuples ressemblent à une grande mer, qui répand au loin le bruit de ses vagues frémissantes. Is., xvii, 12. Elles sont souvent aussi assimilées au sable de la mer. Gen., xxii, 17 ; Jos., xi, 4, etc. — Pour les rapports de la mer avec la Palestine, voir Méditerranée (Mer), col. 927.

A. Legendre.

2. MER DE GALILÉE. Voir Tibériade (Lac De).

3. MER DE SEL OU TRÈS SALÉE. Voir MORTE (Mer).

4. MER DES PHILISTINS. Voir MÉDITERRANÉE.

5. MER DU DÉSERT. Voir Morte (Mer).

6. MER (GRANDE). Voir MÉDITERRANÉE.

7. MER MÉDITERRANÉE. Voir MÉDITERRANÉE, col.927.

8. MER MORTE. Voir Morte (Mer).

9. MER OCCIDENTALE. Voir MÉDITERRANÉE (MER), col. 927.

10. MER ORIENTALE. Voir Morte (Mm).

11. MER ROUGE. Voir Rouge (Mer).

    1. MER D’AIRAIN##

MER D’AIRAIN, vaste bassin d’airain que Salomon fit fabriquer pour le service du sanctuaire, et qui était destiné à remplacer la cuve d’airain que Moïse avait fait fondre autrefois, avec les miroirs des femmes, pour le service du Tabernacle. Exod., xxxviii, 8. Le culte consistant principalement en sacrifices sanglants, l’eau était indispensable pour laver les victimes et les prêtres. De là, chez les peuples anciens, le besoin d’accumuler l’eau dans de grands réservoirs pour le service des temples. Voir le vase d’Amathonte destiné à cet usage (fig. 255).— 1° Dans sa campagne contre Adarézer, roi de Soba, voir t. i, col. 212, David prit une grande quantité de cuivre, dont ensuite Salomon employa une partie pour faire la mer d’airain, yâm han-nehosé(, 6âXa<T<ra f, x a ^* ?j) mare xiieum. I Par., xviii, 8. Le Tyrien Hiram fondit les diffé-