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MÉPHAATH - MER


désert s. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 288. Saint Jérôme, en traduisant in quo præsidium romarwrum militium sedet propter viciniam solitudinis, ibid., p. 289, témoigne qu’il n’a rien à changer à l’indication de l’archevêque de Césarée. La Méphaath de Benjamin n’est pas connue d’ailleurs et Eusèbe fait sans doute allusion à une ville dont les exemplaires de la Bible lus par lui portent une fausse lecture. — Le prophète Jérémie, xlviii, 21, nomme Méphaat parmi les villes du Misor, c’est-à-dire de la plaine de Madaba, alors au pouvoir des Moabites : « La sentence va être exécutée contre le Misor, contre Hélon, contre Jasa, contre Méphaat, contre Dibon, contre toutes les villes de Moab, éloignées ou voisines. » — Meifa’ah est encore énumérée parmi les villages de la Belqa, dans l’ouvrage d’un auteur anonyme du XIVe siècle, Marâsid eVItlilà, édit. Jungboll, Leyde, 1857, t. H, p. 885. Dans « ne excursion à travers la région parcourue par les Arabes nomades, le D r Aloys Mousil, d’Olmùtz, a retrouvé à seize cents mètres au sud-est de Khareibet es-Sûq, et à neuf kilomètres exactement au sud de 'Amman, le nom de Neifa. Il est attaché à une localité ruinée assez considérable, bâtie sur le plateau supérieur d’une colline élevée d’où l’on domine la plaine ondulée qui s'étend indéfiniment vers l’est. L’endroit convient admirablement pour une station chargée de surveiller le désert où campent les Bédouins. M. Clermont-Ganneau n’hésite pas à reconnaître dans Neifa le Meifah du Kitdb el-Marâsid, dont l’initiale M est devenue N par une transformation souvent constatée et le Meifa’ah des Arabes ne peut pas être différent de la Mêfa’af biblique. Selon le docte écrivain, le nom de Mesæ p. 231, de la liste Notitix dignitatum imperii Romani, dans Reland, Palmstina, p. 229-234, doit être Mefæ datif de Mefa. La lettre s aura été lue f par le scribe. Méfa ou Mésa est énumérée avec Ziza et d’autres villes de la province d’Arabie occupées par des détachements militaires ; elle était gardée par un poste de cavaliers indigènes. Cf. D' Aloys Mousil, à la suite de Reise in 'Amra und andere Schlôsser ôstlich von Moab, Appendice, p. 2, dans Sitzungoberichte der Kais. Akademie der Wissenschaften in Wien, philosophisch-historische Classe, Vienne, 1902, t. cxliv, n. vu ; Clermont-Ganneau, The site of Mepha’at, dans le Pal. Expl. fund, Quarterly Htalemenl, Londres, 1902, p. 260-261.

L. Heidet.

    1. MÉPRIS##

MÉPRIS (hébreu : bûz, bûzâh, bâzôh, md’os, qdlôn ; Septante : àxiixt’a, ôvEiêio-jiôç ; Vulgate : contemptus, despectio, abjectio, ignominia), expression du sentiment que l’on a pourxe qu’on estime sans valeur morale.

1° Le mépris envers Dieu. — 1° Mépriser la loi de Dieu, c’est mépriser Dieu lui-même, qui en tirera vengeance. Lev., xxvi, 15 ; Num., xv, 31 ; Sap., xiv, 30 ; I Tim., iv, 12. David s’est rendu coupable de ce mépris quand il a commis son crime, II Reg., xil, 9. Holopherne a directement méprisé le Dieu d’Israël. Judith, xiii, 28. C’est encore mépriser Dieu que de mépriser ce qui se rapporte à lui, le serment qu’on lui a fait, Ezech., xvii, 18, 19 ; son autel, Mal., i, 12 ; son Temple et ses fêtes, Ezech., xxii, 8 ; II Mach., iv, 14 ; ses ministres, I Mach., vu, 34 ; les prophéties de ses envoyés. I Thess., v, 20. Sous la loi nouvelle, Dieu déclare même positivement que mépriser les ministres de son Église, c’est le mépriser en personne. Luc, x, 16. Il ne faut pas non plus mépriser les dons de sa grâce. Rom., ii, 4. — 2° Il était prophétisé que le Serviteur de Jéhovsh, le Messie, devait être méprisé. Is., xlix, 7. Notre-Seigneur le rappela, Marc, IX, 11, et, pendant sa passion, il encourut le mépris de tous, particulièrement celui d’Hérode. Luc, xxiii, 11. — 3° Dieu, à son tour, méprise ceux qui le méprisent, 1 Reg., ii, -30, et qui s'écartent de ses lois. Ps. cxix (cxviii), 118. Il les rend méprisables, Mal., ii, S, et un jour il les jugera. Joa., xii, 48. — 4° Dieu a

dédaigné la demeure de Silo, à laquelle il voulait substituer celle de Sion. Ps. lxxviii (lxxvii), 60. Mais il ne méprise pas les souffrances de l’affligé. Ps. xxii (xxi), 25 ; en (ci), 18.

2° Le mépris envers les hommes. — 1° Il y a des mépris qui sont justifiés. On méprise l’insensé, Prov., m, 35 ; l’impudique, Prov., vi, 33 ; l’incorrigible, Prov., xm, 18 ; le pervers. Prov., xii, 8. C’est avec raison qu’on méprise certains ordres de princes impies. Judith, ii, 5 ; v, 4 ; ix, 14 ; x, 12 ; xi, 2 ; Esth., xiii, 4 ; Dan., iii, 12 ;

I Mach., iii, 14. Sion, restaurée par Dieu, peut mépriser le roi d’Assyrie. IV Reg., xix, 21. Édom, condamné par Dieu, est l’objet d’un juste mépris. Jer., xlix, 15 ; Abd., i. 2. Sion coupable est méprisée de ceux qui autrefois l’aimaient, Jer., iv, 30, et l’honoraient, Lam., i, 8 ; iii, 45. — 2° Il y a des mépris qui ne sont pas justifiés. G’e^t sans aucune raison valable qu’on méprise quelqu’un parce qu’il est malheureux, Job, xii, 5 ; parce qu’il est pauvre, quoique sage, Eccle., IX, 16 ; parce qu’il est jeune, I Tim., iv, 12 ; malgré son intelligence, Eccli., xxvi, 26 ; à cause de sa mine, Eccli., xi, 2 ; parce qu’il tient à des observances inoffensives. Rom., xiv, 3, 10. Souvent pourtant le serviteur de Dieu est petit et méprisé. Ps. cxix (cxviii), 141. Mais Dieu défend de mépriser les petits, Matth., xviii, 10. Il se sert d’eux, bien que méprisés du monde, pour anéantir ce qui est. I Cor., i, 28. — Quand on sert deux maîtres, on en méprise un, c’est-à-dire qu’on a nécessairement pour l’un moins d'égards que pour l’autre. Luc, xvi, 13. Tobie, xiii, 16, maudit ceux qui mépriseront Jérusalem. Les officiers d’Holopherne trouvaient qu’on ne pouvait mépriser une nation qui avait d’aussi belles femmes que Judith. Judith, x, 18. Saint Paul veut qu’on préfère les plus méprisés des chrétiens, c’est-à-dire les plus humbles d’entre eux, aux juges païens, pour dirimer les différends entre les frères. I Cor., vi, 4. Il félicite les Galates de ne l’avoir pas méprisé malgré sa maladie. Gal., IV, 14.

II reprend ceux qui, à Gorinthe, lui reprochent d'être énergique de loin, mais faible et méprisable de près. II Cor., x, 10. — Les mépris déraisonnables viennent de méchants qui ne trouvent que matière à mépris dans la mort du juste. Sap., iv, 18. Qu’ils apparaissent, le mépris vient avec eux, Prov, , xviii, 3 ; qu’on les chasse, le mépris cesse. Prov., xxii, 10. Le passage de Prov., xviii, 3, se lit en hébreu : « Quand vient le méchant, vient aussi le mépris, bà' gam bûz. » Les Septante et la Vulgate ont lu : « Quand vient le méchant be'àgam, dans le marécage, » dans l’abîme, « mépris, » il méprise, il n’a pas souci de sa situation. — 3° Il y a des mépris gravement coupables : le mépris envers une mère devenue vieille, Prov., xxiii, 22 ; envers un père affaibli par l'âge, Eccli., iii, 15 ; envers le vieillard en général, Eccli., viii, 7 ; le mépris de l’esclave chrétien pour son maître, chrétien comme lui, I Tim., vi, 2 ; le mépris envers l’autorité souveraine, II Pet., ii, 10 ; Jud., 8 ; le mépris pour le ministre de l'Église, à cause de sa jeunesse. I Tim., iv, 12 ; Tit-, ii, 15 ; 1 Cor., xvi, 11. Job se rend cette justice, qu’il n’a jamais méprisé les droits de ses serviteurs. Job, xxxi, 13. Les grands de Perse craignirent que l’exemple de Vasthi n’apprît aux femmes à mépriser leurs maris. Esth., i, 17.

H. Lesêtre.

1. MER (hébreu : ydm ; Septante et Nouveau Testament : Qâlaoaa, excepté II Mach., v, 21 ; Act., xxvii, 5, où l’on trouve îté), ayoç, que la Vulgate a traduit par pelagus, rendant partout ailleurs par mare le mot hébreu ou grec), nom générique ou particulier donné dans la Bible à de vastes étendues d’eau.

I. Nom. — L’hébreu yâm, que l’on rencontre dans toutes les langues sémitiques, se rattache, selon Gesenius, Thésaurus, p. 598, à la racine inusitée, yâmam, identique à hâmam et hâmàh, « frémir, s’agiter avec bruit, » le hé initial permutant avec le yod. L'Écriture