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MENDIANT — MÉNÉLAS

Il en est de même dans la Bible grecque.’Voici les endroits où l’Écriture fait allusion aux mendiants :

1° Ancien Testament. — 1. Le Psalmiste, dans ses imprécations contre l’ennemi qui l’a trahi, Ps. cvin (cix), 40, s’écrie : « Que ses enfants soient errants et mendiants (littéralement : qu’ils demandent, ii’èlû ; Septante : êîrair/iOTta-fcxrav ; Vulgate : mendicent ; et qu’ils cherchent, darSû, du pain) loin de leurs maisons en ruines ! » — La Vulgate parle aussi du « mendiant », mendicus, au ꝟ. 17 (hébreu, 16) du même Psaume, mais dans le texte original, il est question du « pauvre », ’ebyôn, sans allusion expresse à la mendicité. — Il en est de même au Ps. xxxix (xl), 18, où l’hébreu a l âm, « misérable » (Septante : 5ttwy_6 ; ) et le latin : mendicus. — 2. Une sentence des Proverbes, xx, 4, qui fait penser à la fable de la cigale et la fourmi, est entendue aussi de la mendicité par la Vulgate et par de nombreux commentateurs. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1348. (Les Septante ne traduisent pas l’hébreu d’après le texte massorétique : ,

A cause du froid, le paresseux ne laboure point ;

Il mendiera (donc) pendant l’été, mais il ne lui sera rien donné.

Hébreu : yeSû’al, « demander, » comme Ps. cix, 10 ; Vulgate : mendicabit.) Plusieurs traducteurs modernes attribuent néanmoins à ces paroles du Sage une autre signification qui n’est pas sans vraisemblance ; ils rendent ainsi le second vers : « À la moisson, il cherchera (il voudra récolter quelque chose), mais il n’y aura rien. » — 3. Dans la lettre de Jérémie, que noiis n’avons qu’en grec, le prophète reproche aux prêtres idolàtresde ne riendonneraux mendiants (Septante :-kiuijôç, ; Vulgate : mendicans), non plus qu’à l’infirme, de la portion des victimes des sacrifices qui leur est attribuée. — 4. Un épisode raconté IV Reg., vii, 3-10, nous montre quatre lépreux qui se tenaient à la porte de Samarie pendant le siège de la ville par les Syriens, du temps du roi d’Israël Joram. Il devaient être là pour demander l’aumône. — 5. La Vulgate, Deut., xv, 4, porte : « Il n’y aura aucun indigent ni aucun mendiant parmi vous. » La mention du mendiant est une addition de notre version latine et elle est en contradiction avec la suite du texte. Quelques versets plus loin, ꝟ. 11, le texte dit expressément : « Il ne manquera pas de pauvres dans la terre de ton habitation. » Dans le ꝟ. 4, il s’agit de l’année sabbatique et Dieu défend aux Israélites d’exiger cette année-là de leurs frères des paiements qui les réduiraient à l’indigence. Le passage ꝟ. 2-4 doit se traduire ainsi : « Tu pourras exiger (ta dette) de l’étranger ; mais pour ce qui t’appartient chez ton frère, ta main le lui remettra, afin qu’il n’y ait pas de pauvre (’ébyôn) chez toi. »

2° Dans le Nouveau Testament. —1. Nous y voyons que les mendiants et les pauvres n’étaient pas rares en Palestine et qu’on en rencontrait un peu partout dans le pays, comme encore de nos jours. — L’aveugle Bartimée mendiait (npoçaiTôv, mendicans) à Jéricho sur la voie publique. Marc., x, 46 ; Luc, xviii, 35. L’aveugle-né, guéri par Notre-Seigneur à Jérusalem se tenait à la porte du Temple pour mendier (npoçaixâiv, mendicus, mendicabat). Joa., ix, 8. — Jésus, dans la parabole du mauvais riche, met en scène un mendiant (irtaxôç, mendicus), Lazare, qui était couvert d’ulcères. Luc, xvi, 20, 22. — Les apôtres Pierre et Jean, après la Pentecôte, guérirent un boiteux de-naissance, incapable de marcher, qu’on portait tous les jours à la porte du Temple appelée la Belle (t. i, col. 1568), pour y demander l’aumône. Act., iii, 1-8.

2, C’étaient donc les infirmes et les estropiés qui mendiaient en Palestine, en se plaçant aux endroits, les plus fréquentés. L’Écriture recommandait avec tant d’instance la charité envers les pauvres qu’ils ne devaient pas manquer d’être secourus par les Juifs fidèles. Mais tous les enfants d’Abraham ne remplissaient pas leur devoir

à ce sujet, comme le montre la parabole du mauvais riche. Luc, xvi, 21. « (Lazare, ) dit la Vulgate, désirait ramasser les miettes qui tombaient de la table du riche, mais personne. ne lui en donnait. » Ce dernier membre de phrase ne se lit pas dans le texte grec ; toutefois, en retranchant ces mots de la parabole, il reste que le mauvais riche était insensible aux misères de Lazare. — Les Apôtres ne négligèrent pas d’exciter les chrétiens à venir en aide aux indigents. Au commencement même de l’Église, les néophytes mirent tout en commun, et de la sorte, il n’y eut pas d’indigent (êvSêifjç, egens) parmi eux, Act., iv, 34 ; mais dès que la communauté naissante se fut augmentée, elle eut des pauvres dans son sein et les Apôtres prirent alors des mesures pour les secourir. Act., vi, 1^5. Saint Paul fit faire des collectes parmi les convertis pour secourir les frères qui étaient dans le besoin : le prêtre de la loi nouvelle devenait ainsi mendiant pour soulager les pauvres de Jésus-Christ. Gal., ii, 10 ; Act., xi, 29-30 ; I Cor., xvi, 1-4 ; II Cor., viii, 1-6 ; ix, 1-2 ; Rom., xv, 2527, 31. Vpir Aumône, t. i, col. 1244 ; Pauvre.

F. Vigouroux.

    1. MENDOÇ À##

MENDOÇ À (François de), né à Lisbonne en 1573, mort à Lyon le 3 juin 1626. Entré au noviciat de Coïmbre le 28 juin 1587, il enseigna la rhétorique et la philosophie à Lisbonne et à Coïmbre, puis l’Écriture Sainte à Évora. De ses leçons d’Écriture Sainte, il n’a été imprimé que trois volumes, plusieurs fois réédités depuis. Cet ouvrage est intitulé Commentariorum… in liegum libros tomi tres ; e tome i ar parut à Coïmbre en 1621, in-f° ; le tome n à Lisbonne, 1624, in-f° ; le tome m ne fut mis au jour qu’en 1631, après la mort de l’auteur, à Lyon, in-f°. P. Bliard.

    1. MÉNÉLAS##

MÉNÉLAS (grec : MevéXoco ; ), pontife usurpateur qui vivait du temps d’Antiochus IV Épiphane (175-164 avant J.-C). Il était frère de Simon le Benjamite, II Mach., iv, 23 ; cf. iii, 4, et n’était pas, par conséquent, de race sacerdotale. Il n’en aspira pas moins au souverain pontificat et l’acheta à prix d’argent du roi Antiochus. Envoyé auprès de ce prince, pour lui porter le tribut du grand-prêtre Jason (voir JaSON 4, t. iii, col. 1141), il trahit ce pontife et obtint sa charge en offrant au roi de Syrie trois cents talents d’argent de plus (vers 170 avant J.-C). Jason n’osa point attendre son retour et s’enfuit en Ammonitide. Cependant Ménélas avait promis plus qu’il ne pouvait tenir ; il fut hors d’état de payer la somme qu’il s’était engagé à verser, et que lui réclamait Sostrate, le gouverneur syrien de Jérusalem. L’un et l’autre furent mandés en Syrie. Ménélas chargea son frère Lysimaque de tenir sa place en Judée et il partit pour Antioche, emportant des vases sacrés qu’il avait dérobés au Temple. Antiochus Épiphane était alors absent de sa capitale, et faisait la guerre en Cilicie. Ménélas en profita pour corrompre Andronique que le roi avait institué gouverneur de la ville, et obtint de cette âme vénale que le prédécesseur de Jason, Onias III, le grandprêtre légitime, injustement déposé, fût traîtreusement mis à mort. Voir Andronique 1, 1. 1, col. 565, et Onias III. Ce crime excita une telle horreur, qu’Andronique fut condamné par le roi à son retour et exécuté (170 avant J.-C). Pendant ce temps, Lysimaque commettait à Jérusalem de tels excès, qu’il fut tué par le peuple révolté. Voir Lysimaque 2, col. 460 ; II Mach., iv, 23-42. Ménélas faillit être à ce moment victime de ses crimes et de ceux de son frère. Trois députés furent envoyés auprès du roi de Syrie, qui se trouvait alors à Tyr, pour exposer les griefs du peuple. L’indigne grand-prêtre ne pouvait se justifier : il eut recours à sa ressource ordinaire, la corruption : il gagna à prix d’argent un courtisan influent, Ptolémée, fils de Dorymène, et il réussit ainsi à échapper au châtiment qu’il avait mérité et à faire mettre à mort ses accusateurs. II Mach., iv, 43-50. Quelque temps après, il rentrait triomphant à Jérusalem où il conti-