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MEMPHIS


était, à l’origine, le nom de la pyramide du pharaon Pépi I (Vie dynastie) et du quartier qui se forma dans le voisinage de la pyramide autour de la résidence du même souverain ; de là le déterminatif de la pyramide dans le terme égyptien ; plus tard le nom s’étendit à toute la ville. Memphis est appelée en copte, Axenqi, Aïeule, jULejuiie, ejutenA ; en assyrien, Minpi,

Me-im-pi ; en arabe, <_sl^ «  « . Tous ces noms, comme le nom hébreu et grec, dérivent de l’égyptien niennofir par la chute de r. final. — Dans les inscriptions égyptiennes, Memphis est encore désignée sous plusieurs appellations symboliques dont quelques-unes

249. — Monnaies égyptiennes de l’époque romaine. Les revers reproduits ici portent tous le nom de MEM#IE. — 1, 2, 3. Isis dans différentes attitudes. — Sur le plomb 4, le dieu Phtah. — 5. Le bœuf Apis.

indiquent proprement des quartiers de la ville ; voici les principales, d’après le Dictionnaire géographique

de l’Ancienne Egypte, de Brugsch : y i W, Aneb, ou a nîln ©’Aneb-u, « la ville de la muraille, la ville des murailles. » « C’est un des noms qui ne sont pas rares dans les textes et qui servent à désigner la ville de Memphis, renommée par la grandeur et la solidité de ses fortifications. » — Lt I O ? Aneb-hadj, « le Mur blanc, » nom donné à la ville de Memphis comme métropole du premier nome de la Basse-Egypte. Ce nom signifie proprement le quartier de Memphis contenant la citadelle. Les garnisons, même étrangères, y résidaient. Au temps d’Hérodote, m, 91, les Persans se trouvaient év t# Aeuxû

Tùyzïià èv Méjiç’.. — Ld CI - S i ©> Ha-ka-Ptah, « la demeure de la personne de Ptah, » expression qui désigna d’abord le temple de. Ptah, puis la ville entière et qui, d’après certains auteurs, devint dans la bouche

des Grecs "AtYumo ; , Egypte. — | J rj^ « ij, Ha-Ptah,

ou C*3 8 "1, Pi-Ptah, « la demeure de Phtah, » nom

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sacré de Memphis. — ^  % ©î Kha-nofer, « la bonne

couronne. » — ^| ; ttt. ©) Khu-to-ui, « l’illumination des deux pays, » c’est-à-dire de la Haute et de la Basse Egypte.

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, Ha-ka-knum~nuteru, * la mai son de culte des architectes divins, j — t£ J ^^. ijl

7^r. © } Ma-kha-to-ui, <s la balance des deux pays, » c’est-à-dire le point de partage de la Haute et de la Basse-Egypte. — is. On trouve dans une des médailles frappées pour le nome de Memphis le mot lui-même de No|ioç, circonstance qui la distingue de celle des autres préfectures. Au pied de la figure qui est au revers, on voit le bœuf Apis, . symbole du culte de cette ville ; et autour on lit Nojj.o{ MevçiTïiç. On remarquera ici le v au lieu du p.. L’ancien nom y est mieux conservé que dans le mot Ms|iç(< adopté par les Grecs, et on l’y retrouve comme dans d’autres noms qui subsistent encore en Egypte, tels que Menouf, Menfalout, etc. » Description de l’Egypte, t. iv, p. 425. Le musée gréco-romain d’Alexandrie contient quatre médailles et trois jetons du nome de Memphis. La riche collection de M. Dattari du Caire’compte de ce même nome treize médailles et onze plombs. Voir Monete imperiali greche. Nunii Alexandrini, Le Caire, 1900, p. 412-426. Nous devons à l’obligeance de M. Dattari de pouvoir reproduire quelques-uns de ces beaux échantillons (fig. 2£9).

II. Emplacement. — Les savants de l’Expédition française eurent de la peine à découvrir la vraie place de Memphis ; Guillaume de Tyr réfutait déjà une erreur souvent reproduite depuis, qui consistait à identifier Memphis avec le Vieux Caire, Babylone d’Egypte : « Nequedent, aucunes genz disent que celé Babyloine fu la très nomée citez d’Egypte qui ot non Memphis, et était chiés de toute la terre entor ; mes ne semble mie que ce soit voirs. Car outre le flun du Nil qui cort delez ceste Babyloine dont je vous parole, loin d’iluec bien à’Xmiles aperent les ruines et les murailles d’une trop anciene cité qui bien démonstrent que ce fu trop grand chose. Li vilain gaagneeur du pais disent que ce fu Memphis. » Guillaume de Tyr, édit. Paulin Paris, 1880, t.’n, p. 273. « Li vilain gaagneeur » avaient raison. L’état actuel des fouilles ne permet pas encore de délimiter d’une façon précise l’enceinte de cette immense ville, mais il est sûr que Memphis s’étendait dans la plaine où l’on trouve aujourd’hui les villages de Bedraschên, de Mit-Rahînet, à une vingtaine de kilomètres du Caire, sur la rive occidentale du Nil. Les divers noms donnés à cette ville, indiquant plutôt des quartiers, des agglomérations autour des temples, laissent supposer que l’enceinte de Memphis était très développée. Voir Description de l’Egypte d’après les Mémoires de Maillet, par l’abbé Le Mascrier, Paris, 1735, p. 261 ; Brugsch’s Egypt under the Pharaohs, 1881, t. î,

p. 50. Memphis était dans le nome Lj I, Aneb-hadj. — An Atlas ofancient Egypt, Exploration Fund. Dans les champs où fut Memphis, on exhume parfois des colosses (fig. 250), qui attestent son ancienne splendeur, mais de ses monuments, il ne reste rien, si ce n’est les tombeaux voisins de Saqqarah où ont été ensevelis ses anciens habitants, et sur son site croissent aujourd’hui de nombreux palmiers (fig. 251), « vert linceul étendu sur les décombres limoneux qui furent Memphis, » E.-M. de Vogué, Le maître de la mer, 1903, p. 297. Seuls, les tombeaux des vieux Égyptiens, qui les appelaient « des demeures éternelles », subsistent encore auprès, « là (où) commence avec le désert l’empire de la mort… Dans la jaune nudité de l’horizon, les dunes sépulcrales, perforées d’excavations, moutonnent indéfiniment autour des pyramides à degrés : ces pyramides de Saqqarah, aïeules de leurs énormes plagiaires de Gizé… Le peuple de Memphis venait reposer sur ce plateau, sous la garde de ses princes. » Ibid., p. 298.

III. Histoire. — Mena, originaire de Thini, passe pour le fondateur de Memphis. On connaît le récit d’Hérodote, il, 99, et celuf de Diodore de Sicile, i, 50, 51, 67. Linant pacha aurait retrouvé la digue élevée par Mena pour détourner le cours du Nil ; ce serait Ja