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MÉLITON


la Clavis avec la Klds citée par Eusèbe. Voir Spicilegiutn Solestnense, 1853, t. H, p. 1-519 ; t. iii, p. 1-307 ; Analecta sacra, t. ii, p. 6-127, 573-585, 623. Toute cette érudition dépensée pendant trente ans de 1852 à 1884 fut en pure perte. Il est certain que la Clavis Sanctss Scripturx n’a rien de commun avec la KXsk de Méliton. Voir G. S. Steitz, dans les Theologische Sludien und Kritiken, t. xxx, 1857, p. 584-596 ; G. Salmon, dans À Dictionary of Christian Biography, 1882, t. iii, p. 897-898 ; Harnack, Texte und Vntersuchungen, t. i, 1883, p. 275-276, et Geschichte der altchristlichen Litteratur, 1892, t. i, p. 254 ; dom 0. Rottmanner, dans le Bulletin critique, 1885, p. 47-52 et le Theologische QuartaUchrift, t. lxxviii, -1896, p. 614-629 ; Duchesne, dans le Bulletin critique, ’1885, p. 196-197 ; Thomas, Melito von Sardes, 1893, p. 66-68 ; Preuschen, Realencyclopâdie fur prot. Théologie, t. xii, p. 566 ; Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, t. i, 1902, p. 555. Toutefois, comme l’étude de la Clavis Sanctse Scripturse rentre dans le cadre du dictionnaire, nous en dirons un mot ici. Originairement écrit en latin, ce traité n’est nullement une traduction du grec. Dans les manuscrits, il est intititulé tantôt Anonymus de mystica significatione vocum ac loquutionum biblicarum (manuscrit de Troyes), tantôt Distinctionum quarumdam tractatus (autres manuscrits de Troyes), tantôt Glossse in varios Sacrœ Scriptural libr os de sensu sprirituali multovum locorum (manuscrits de Paris). Seuls le manuscrit du collège de Clermont, aujourd’hui à la Vaticane, dans le fonds Barberini, et celui de Strasbourg attribuent à Miletus ou Melitus Asianus episcopus l’ouvrage qu’ils appellent Clavis ou Liber clavorum. Cette attribution et ce titre sont, sans doute, dus à la fausse érudition d’un clerc du xi » siècle qui aura lu dans saint Jérôme que Méliton composa un traité intitulé Claitis. L’ouvrage en question se présente sous une double rédaction, l’une complète, l’autre abrégée. C’est une sorte de lexique de la Bible, disposé non point d’après l’ordre alphabétique, mais selon l’ordre des matières, et donnant l’explication des divers sens mystiques auxquels les mots de la Bible peuvent donner lieu. Il y a quatorze chapitres intitulés respectivement : De Deo, de filio Dei secundum carnem, de supernis creaturis, de diebus anni et temporibus, de numeris, de mundo et partibus eius, de signis infructuosis, de variis hominum appellationibus, de variis sedificationum vocabulis, de metallis et aliis sive his quse ex eis fiunt, de avibus, de bestiis et ceteris animantibus, de civitatibus sive provinciis. La Clavis renferme des emprunts à Denis l’Aréopagite, Grégoire le Grand et même à Paschase Radbert ; elle est donc d’origine relativement récente, peut-être de l’époque des derniers Carlovingiens ou des premiers Capétiens. Quant à l’ouvrage de Méliton,-f) KXetç, dont nous ne connaissons que le titre, on a émis de vaines conjectures pour en déterminer le caractère. Schwegler, Der Montanismus, p. 223, a pensé aux clefs du royaume des cieux ; Otto, Corpus apotog., p. 401, à la clef de la science, xWç xrjç yv<i(js<oç (cf. Luc, XI, 51) ; Harnack, Texte und Vntersuchungen, t. i, p. 249, a songé aux clefs de l’Apocalypse (cf. Apoc, i, 8 ; iii, 7 ; îx, 1 ; xx, 1), Toutes ces hypothèses ne reposent sur aucun fondement.

— 16° Ilep ! toO StaëôXou xal tîj ? àiroxoeXij’J/ew ; jîuiû-ïvov. Xes manuscrits grecs d’Eusèbe et le traducteur syriaque finissent ces deux traités. Rufin et saint Jérôme les séparent. On a rapproché du traité IIspl tîjc àTioxaX’J^sw ; ’Itoowou le passage de Gennade (Deecclesiasticis dogmalibus, c xxv) : In divinis repromissionibus nihil terrenum vel transitorium expectamus, sicut Meletiani sperant. Par Meletiani, on entendait « disciples de Méliton », et l’on a conjecturé que Méliton aurait enseigné le chiliasme dans son ouvrage sur l’Apocalypse. On pourrait toutefois voir aussi dans les Melitiani ou Melitani les travaux de Mélèce d’Egypte, mais comme rien ne prouve

que ceux-ci professaient le chiliasme, on a généralement admis que Gennade visait Méliton de Sardes. — 17° Ilepl êv(jfc>(i(XTou ©eoCs. Comment faut-il définir ce traité ? Saint Jérôme a gardé le titre grec. Rufin a traduit : De Deo corpore induto. Pitra, Spicil. Solesm., t : H, p. 11, et d’autres encore ont voulu identifier ce traité avec l’ouvraje de Méliton cité par Anastase le Sinaïte (Hodegos, éd. Gretser, c. xiii, p. 260) jtsp (japxtÔTewç Xpurtoû. Cette assimilation est généralement rejetée (cf. Harnack, Texte und Vntersuchungen, 1. 1, p. 256). C’est ce travail qui a fait reprocher à Méliton l’erreur de l’anthropomorphisme par Origène (voir Théodoret, cap. 20, Quxstionum in Genesim, t. xii, col. 93) et Gennade, De ecclesiast. dogmat., c. IV, t. lviii, col. 982. Ce reproche ne semble toutefois pas absolument justifié. Voir Routh, Reliquise sacrai, t. i, p. 134-145 et Salmon, dans À Dictionary of Christian Biography, t. iii, p. 898. Après avoir énuméré les dix-sept traités que nous venons d’examiner, Eusèbe ajoute que Méliton composa’Eiri Kim xat to irpôç’Avtwvtvov g16).i’810v, et il en reproduit trois extraits. Les deux premiers font allusion aux traitements barbares qu’ont à subir les chrétiens d’Asie Mineure ; dans le troisième Méliton rappelle tout le bien que la philosophie chrétienne a fait à l’empire romain, et il oppose à la conduite de l’empereur actuel les écrits favorables aux chétiens dus à son grand-père Hadrien et à son père Antonin le Pieux. Il y a du même ouvrage un extrait dans la Chronique Pascale. Voir Patr. Gr., t. xcii, col. 632. On admet généralement que l’Apologie de Méliton fut présentée à Marc Aurèle vers 169 et 176. En 1855, Cureton publia dans son Spicilegium syriacum, p. 22-31, un texte syriaque qui porte pour titre : Oratio Melitonis philosophi quse habita est coram Antonino Csesare. Il y ajouta une traduction anglaise, ibid., p. 41-51. Le même texte a été republié par Pitra (Spic. Solesm., t. ii, p. xxvii-liii), avec une traduction latine faite par Renan, puis par Otto (Corpus apolog., t. ix, p. 501-66), avec une traduction iatine. Il y a eu une traduction danoise de Roerdam, Melitos Taie til Keyser Antonin… oversatte fra syrisk, 1856, une version allemande de B. Welte dans Theol. Quarlalschr., t. xliv, 1882, p. 392-410, et une autre de V. Grône, dans la Bibliothek der Kirchenvâter, Kempten, 1853. On ne retrouve pas dans ce texte syriaque les passages de l’apologie grecque cités par Eusèbe. Il n’est donc pas du tout certain que le texte publié par Cureton, soit de Méliton. Celui-ci et Salmon, À Dictionary, t. iii, p. 895, ont cru qu’il s’agissait d’une apologie de Méliton différente de celle mentionnée par Eusèbe. D’après Ewald, dans les Gottingische gelehrte Anzeigen, 1856, p. 658, on pourrait identifier l’apologie syriaque avec l’ouvrage intitulé : IIspl àlrfielai. Mais le texte syriaque semble bien être un original et ne point dériver du grec. Voir Nôldeke, dans les Jahrbùcher fur prot. Théologie, t. xiii, 1887, p. 345, 351. D’après Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, t. i, p. 554, la question de l’attribution du texte de l’apologie à Méliton devrait encore être examinée de plus près. Eusèbe, H. E., iv, 26, t. xx, col. 396, cite également de Méliton un recueil d’extraits des Livres Saints, ’ExXoyat, en six livres. De ce traité en six livres, dédiés à un certain Onésime, Eusèbe, H. E., iv, 26, col. 396, donne le commencement. Ce passage est du plus haut intérêt, il constitue la plus ancienne liste des livres de l’Ancien Testament sortie d’une plume chrétienne. Il faut peut-être rattacher aux’ExÀo-yat quatre scolies portant le nom de Méliton dans les chaînes sur la Genèse. Voir Routh, Reliq. sacræ, t. i, p. 122-124 ; Otto, Corpus, t. ix, p. 416-418. Deux ouvrages de Méliton sont mentionnés par Anastase le Sinaïte ; l’un est intitulée ! ? zb iriOoe, et Anastase (Hodegos, c. xii, Patr. Gr., t. lxxxix, col. 197) en cite l’extrait suivant : 0eô{ iréirovïev Oui » SeljtSç’lopar^hi&oç. Les fragments syriaques publiés par Cureton donnent aussi ces extraits.