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MÉDECIN


ments précis qui se retrouvent dans le code des lois de Hammurabi, art. 215-223. Le médecin qui, à l’aide du poinçon de bronze, opérait avec succès une plaie grave ou une cataracte sur l’œil, avait droit à un honoraire de dix, cinq ou deux sicles d’argent, suivant la qualité des personnes. S’il tuait son malade ou lui crevait l’œil, on lui coupait les mains à lui-même. S’il ne s’agissait que d un esclave, (le médecin en rendait un autre à la place de celui qu’il avait tué, ou pavait la moitié de son prix en argent, s’il lui avait crevé un œil. Enfin celui qui avait remis un membre cassé ou guéri un viscère malade avait également droit à un honoraire de cinq à deux sicles d’argent, suivant la qualité du malade. Il est aussi question du vétérinaire qui soignait les animaux et du chirurgien qui marquait les esclaves à l’aide d’un procédé indélébile. Art. 224-227. Cf. Scheil, Textes èlamitessémitiques, 2e sér., Paris, 1902, p. 99-102, 156. Ces textes supposent certaines connaissances médicales, au moins empiriques, et l’attribution à certains hommes de l’art de guérir.

3° Chez les Hébreux. — 1. La famille d’Abraham ne parait avoir emporté de Chaldée aucune tradition spéciale sur l’art de guérir. Même après leur séjour en Egypte, les Hébreux ne connurent guère, à cet égard, que les pratiques les plus simples. Dieu leur avait promis, dans un cas particulier, Exod., xv, 26, d’être le rôfê’, o ! (i(ievo ; , sanator, « le guérisseur » de son peuple. La loi mosaïque obligea les prêtres à faire le diagnostic de certaines maladies, particulièrement de la lèpre et des affections analogues, afin d’écarter de la société ceux qui en étaient atteints. Lev, , xiii, 3-56. Les prêtres se trouvaient par là dans l’obligation de posséder différentes connaissances médicales d’ordre tout pratique ; plusieurs même arrivaient à acquérir assez d’expérience pour exercer la médecine dans une certaine mesure. La loi qui oblige à faire soigner celui qu’on a blessé, Exod., xxi, 19, suppose une connaissance quelconque de l’art de panser les blessures et de les aider à se guérir. La Vulgate parle ici de frais de médecins, impensas in medicos restituât. À cette époque, il n’était pas question de médecins à honoraires chez les Hébreux. Le texte hébreu parle seulement de dédommagements pour l’interruption du travail. Quant aux soins, ils ne pouvaient guère être donnés que par les parents ou les plus expérimentés du voisinage. À l’époque des rois, l’on constate la présence de médecins en titre, surtout pour soigner les Llessures. II Reg., viii, 29 ; ix, 15 ; Is., i, 6 ; Ezech., xxx, 21 ; Prov., xii, 18. Asa, roi de Juda, consulta les médecins, lorsqu’il fut atteint de la podagre dont il mourut. La chose dut étonner, car le texte sacré observe qu’Asa ne chercha pas le Seigneur, mais recourut aux médecins. II Par., xvi, 12. Le prophète Isaïe, iii, 7, dit qu’au moment de la détresse du pays, on cherchera partout des chefs, et qu’alors celui qu’on interpellera s’empressera de répondre : Je ne peux pas être médecin, fyôbêé, médiats. Les Septante traduisent par àpy^Yis. « chef, » sens qu’a plus probablement ici le mot hébreu. Jérémle, vin, 22, demande des remèdes et un médecin pour la fille de son peuple, mais seulement dans un sens fi guré. Dans le texte du Ps. lxxxviii (lxxxvii), 11, il n’est pas question de médecins, rôfîm, mais de morts, yefâ’îm.

2. Le livre de l’Ecclésiastique est le seul qui mentionne les médecins avec quelque détail. Ceux-ci s’étaient donc établis parmi les Juifs d’une manière plus régulière vers l’époque des Séleucides. D’après le texte grec, « le médecin raille, miôtnti, la maladie longue, » il s’en moque, se flatte qu’elle cédera bientôt ; d’après le texte hébreu : « une apparence de maladie fait la joie du médecin, » et cependant, malgré les assurances du médecin, « tel est roi aujourd’hui, qui mourra demain. » Eccli., x, 11-12. La Vulgate reproduit la première phrase sous cette double forme : « La maladie qui se prolonge fatigue le médecin, le médecin coupe le mal qui dure

peu. » Plus loin, il est dit encore’. « Honore le médecin dans ton avantage, par les honneurs qui lui conviennent ; car c’est le Seigneur qui l’a créé. La guérison vient du Très-Haut, et il recevra des présents du roi. La science du médecin lui fera lever la tête, et il sera loué en présence des grands. » Eccli., xxxviii, 1-3. Enfin, après avoir recommandé au malade de commencer par purifier son âme et d’offrir à Dieu des sacrifices, le fils de Sirach ajoute : - « Ensuite donne accès au médecin, car c’est le Seigneur qui l’a fait, et qu’il ne se détourne pas de toi, car on a besoin de lui. Il est un temps où il y aura dans leurs mains la bonne odeur, eùwSfa (ou mieux probablement, d’après l’Alexandrin : eûoSfa, la bonne route, le succès ; Vulgate : un temps où tu tomberas dans leurs mains) ; car eux-mêmes prieront le Seigneur afin qu’il leur fasse arriver l’apaisement et la guérison en vue de la vie. » Eccli., xxxviii, 11-14. Dans tousses textes, l’auteur sacré réclame pour le médecin les égards qui lui sont dus. Il conclut par ce dernier trait : « Celui qui pèche en présence de son Créateur tombera aux mains du médecin. » Eccli., xxxviii, 15.

3. Parmi les fonctionnaires du Temple, il y avait un médecin chargé de soigner les prêtres malades. Ceux-ci en effet devaient être sans chaussures pour servir dans le sanctuaire ; ils ne buvaient que de l’eau, se nourrissaient surtout de viande et ne portaient qu’une tunique. Aussi étaient-ils souvent ^saisis de douleurs d’entrailles. C’est pourquoi celui qui les soignait s’appelait le « médecin des entrailles ». Schekalim, v, 1. Les Juifs de la dispersion avaient leurs médecins attitrés. Des inscriptions témoignent de l’existence d’un àpyt’atpoç, « médecin en chef, » dans les communautés juives d Éphèse et de Venosa. Cf. Schùrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeit J. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 12-90. Hérode, dans sa dernière maladie, suivait docilement les prescriptions des médecins, qui l’envoyèrent aux eaux de Callirrhoé (t. ii, col. 69) et lui ordonnèrent des bains d’huile, sans succès. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVU, vi, 5.

4. Les médecins sont mentionnés dans le Nouveau Testament, mais dans des termes qui ne supposent pas grande habileté chez ceux qui exerçaient alors en Palestine. D’après saint Marc, v, 26, l’hémorroïsse, qui obtint sa guérison en touchant le vêtement du Sauveur, « avait beaucoup souffert d’un bon nombre de médecins, y avait dépensé tout son avoir sans aboutir à rien qu’à voir empirer son mal. » Saint Luc, viii, 43, en sa qualité de médecin, Col., iv, 14, voir Luc, col. 379, dit seulement qu’elle « avait dépensé tout son avoir en médecins, sans qu’aucun ait pu la guérir ». C’est encore cet évangéliste qui rapporte le proverbe dont Notre-Seigneur se servit dans la synagogue de Nazareth : « Médecin, guéris-toi toi-même, » Luc, iv, 23, proverbe qui se retrouve sous une forme équivalente chez les anciens auteurs. Cf. Euripide, TroL, 247 ; Ovide, De re amat., 316 ; Bereschit Rabba, 23 ; Tanchuma in Gen., 4, 2. Enfin, pendant le festin auquel il assistait dans la maison du publicain Matthieu, Notre-Seigneur dit aux pharisiens qui murmuraient en le voyant avec des pécheurs : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin du médecin, mais les malades. » Matth., ix, 12 ; Marc, ii, 17 ; Luc, v, 31. — Un seul médecin, saint Luc, est nommé par son nom dans l’Écriture. Col., iv, 14. Voir Ad. Harnack, Medicinisches aus der âllesten Kirchengeschichte, dans les Texte und Untersuchungen, t. viii, Heꝟ. 4, 1892, p. 37-40. — Sur les sages-femmesqui donnaient leurs soins aux enfants au moment de la naissance, voir Enfantement, t. ii, col. 1786. Sur les praticiens qui embaumaient les corps, Gen., l, 2, 25, voir Embaumement, t. ii, col. 1727. — Cf. J. Preuss, Der Arzt in Bibel und Talmud, dans Virchmv’s Arrhiv fur pathologische Anatomie und Physiologie, 1894, t. cxxxviii, p. 261-283 ; V. Ebstein, Die Medizin im À lien Testament, Stuttgart, 1501, p. 161-164. Voir Médecine. 11. Lesèthe.