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MATTHIEU (ÉVANGILE DE SAINT)


Aussi les critiques ne sont pas encore parvenus à trouver et à proposer une division satisfaisante ; beaucoup des plans élaborés exposent les idées de ceux qui les ont construits plutôt que celles de l’évangéliste. La marche générale est cependant simple et claire ; elle répond à celle de l’histoire et comprend trois périodes, plus ou moins longues et plus ou moins développées dans la narration de la vie de Jésus : 1° son enfance et sa vie cachée ; 2° son ministère public ; 3° sa vie souffrante et glorieuse ou sa passion et sa résurrection. Seules les subdivisions de la seconde période ont été diversement comprises et présentées.

1° La première partie, i, 1-n, 23, sert comme d’introduction à la vie de Jésus. Pour l’enfance et la vie cachée, saint Matthieu suit une tradition différente de celle de saint Luc. Voir Luc 2, col. 391. Son récit commence par une généalogie, descendant d’Abraham à Jésus et partagée en trois séries égales de générations, ], 1-17. Voir t. iii, col. 166-168. Il raconte ensuite la naissance virginale du fils d’Abraham et de David, i, 18-n, 1, la venue des mages à Bethléhem, ii, 2-12, la fuite en Egypte, ii, 13-15, le massacre des innocents, n, 16-18, et le retour à Nazareth, ii, 19-23. Pour l’agencement des faits de l’enfance de Jésus par la combinaison des deux récits de saint Matthieu et de saint Luc, voir t. iii, col. 1441-1445.

2° La deuxième partie, iii, 1-xxv, 46, qui concerne le ministère public de Jésus, se subdivise naturellement en trois sections. — l re section, la préparation et les préliminaires du ministère public, iii, 1-rv, 11. Elle comprend trois faits : 1° la prédication de Jean-Baptiste, m, 1-12 ; 2° le baptême de Jésus par son précurseur, iii, 13-17 ; 3° la tentation du Sauveur au désert, iv, 1-11. — 2e section, la prédication de Jésus en Galilée, iv, 12-xviii, 35. Cette prédication comprend trois groupes de récits, qui en marquent les diverses phases et les progrès : l « r groupe, les débuts de ce ministère, iv, 12-vn, 29. Jésus se met à prêcher la pénitence et la venue du royaume des cieux en Galilée, iv, 12-17, et y choisit ses premiers disciples, iv, 18-22. Il parcourt tout le pays et attire à lui les foules en guérissant les malades, iv, 2325. Devant la multitude accourue sur ses pas, il parle sur la montagne. Le grand discours, rapporté par saint Matthieu, v, 1-vn, 29, comprenant des éléments qui se retrouvent ailleurs et dans des situations différentes en saint Marc et en saint Luc, ne semble pas avoir été tenu par Jésus d’un seul trait dans sa teneur actuelle. C’est une sorte de discours programme sur la justice que saint Matthieu a placé au début du ministère en Galilée pour inaugurer la prédication évangélique. Conformément à sa méthode de grouper les faits et les enseignements analogues, saint Matthieu a inséré dans la trame d’un discours réel et primitif de Jésus des instructions étrangères et en a fait une œuvre composite, assez bien organisée et tendant à son but. Cette conclusion ne résulte pas seulement de l’analyse du discours lui-même, qui révèle des additions à un thème premier, elle se fonde encore sur la finale historique du sermon sur la montagne : « Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours… » Le pluriel, toùç idfouç toutou ; , indique vraisemblablement la pluralité des enseignements réunis et groupés dans le grand discours précédent. Cf. A. Robinson, The study of tlie/Gospels, Londres, 1902, p. 73-85 ; A. Loisy, Le discours sur la montagne, Paris, 1904, p. 1-5. Voir t. iii, ’col. 1449. — 2° groupe, la partie centrale de la prédication en Galilée, viii, 1-xin, 52. Les faits y sont réunis systématiquement en deux recueils symétriques, qui ont pour thème une prophétie messianique, Matth., viii, 17 ; xii, 17-21, et se terminent par un grand discours. Le premier recueil comprend une série d’actes par lesquels le Messie montre sa souveraineté, viii, 1-x, 42. On y distingue onze faits : les guérisons du lépreux, viii,

1-4 ; du serviteur du centurion, viii, 5-13 ; de la bellemère de saint Pierre, viii, 14-17 ; les observations faites à deux disciples, viii, 18-22 ; l’apaisement de la tempête, vin, 23-27 ; la délivrance de deux démoniaques, viii, 28-34 ; la guérison d’un paralytique, ix, 1-8 ; la vocation du publicain Matthieu et les paroles prononcées dans sa maison, ix, 9-17 ; la guérison d’une femme malade d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaîre, ix, 18-26 ; la guérison de deux aveugles, ix, 27-31 ; celle d’un possédé muet, ix, 32-34 ; tous ces miracles attestaient la bonté et la puissance de Jésus, ix, 35. Sa compassion pour les foules sans pasteur l’amène à choisir des apôtres, ix, 36-x, 4, à qui il trace, dans un assez long discours, les devoirs et les résultats de leur mission, x, 5-42. Le second recueil contient surtout des paroles ou sentences dans lesquels le Messie manifeste sa sagesse, xi, 1-xm, 52. Nous y trouvons d’abord une série d’enseignements divers, provoqués par des faits particuliers : le témoignage sur la personne et l’œuvre de Jean-Baptiste à l’occasion de l’ambassade quo le précurseur prisonnier envoie à Jésus, xi, 1-19 ; les malédictions adressées aux villes incrédules de la Galilée et l’appel consolant aux âmes de bonne volonté, xi, 2030 ; deux épisodes sabbatiques : celui des apôtres qui froissent des épis et celui de la guérison de l’homme dont la main était desséchée, xir, 1-14 ; la douceur du Messie prédite par Isaïe, xii, 15-21 ; la réfutation du blasphème des pharisiens qui accusent Jésus de chasser les démons au nom de Béelzébub, xii, 22-37 ; la réprobation des scribes incrédules qui réclament un signe, xii, 38-45 ; à l’occasion de la venue de sa mère et de ses frères, Jésus révèle quelle sera sa famille spirituelle, xii, 46-50. Le recueil se termine par la manifestation de la nature et des progrès du royaume des cieux en sept paraboles de la semence, de l’ivraie, du grain de sénevé, du levain, du trésor, de la perle et du filet, xir, 1-52. Vraisemblablement ces paraboles n’ont pas été prononcées en même temps ; la con texture du discours, entrecoupé d’explications et d’interrogations, le laisse deviner. C’est l’évangéliste qui les a réunies au moment de sa prédication où Jésus a inauguré ce genre particulierd’enseignement qui est à la portée des âmes de bonne volonté, mais qui reste inintelligible pour les adversaires du royaume. — 3e groupe, les dernières excursions en Galilée, xiii, 53-xviii, 35. Visite à Nazareth, xiii, 53-58 ; sentiment d’Hérode tétrarque de Galilée au sujet de Jésus et meurtre de Jean-Baptiste, xiv, 1-12 ; Jésus se retire dans le désert et y multiplie les pains, xiv, 1321 ; il marche sur les eaux, apaise la tempête sur le lac et fait de nombreuses guérisons à Génésareth, xiv, 2236 ; des scribes et des pharisiens de Jérusalem discutent sur les purifications extérieures et Jésus instruit ses apôtres à ce sujet, xv, 1-20 ; Jésus, étant allé au pays de Tyr et de Sidon, y guérit la fille d’une femme chananéenne, xv, 21-28 ; revenu sur les bords du lac de Génésareth, il multiplie une seconde fois les pains, xv, 2939 ; il discute avec les pharisiens et les sadducéens et met ses disciples en garde contre le mauvais levain des pharisiens, XVI, 1-12 ; à Césarée de Philippe, il annonce à Pierre, qui avait reconnu sa divinité, ses prérogatives futures et il prédit aux siens sa mort et sa résurrection, xvi, 13-23 ; il leur recommande l’abnégation, xvi, 24-28 ; il est transfiguré, xvii, 1-13 ; guérison d’un lunatique, xvii, 14-20 ; nouvelle prédiction de la passion et de la résurrection, xvii, 21-22 ; à Capharnaùm, Jésus paie le didragme, xvii, 23-26. Cette série de faits aboutit à un grand discours, xviii, 1-35. Le Sauveur y donne aux disciples une leçon d’humilité, leur signale la gravité du scandale, prononce la parabole de la brebis perdue, traité de la correction fraternelle, et pour répondre à une question de saint Pierre sur le pardon des injures, propose la parabole du serviteur qui doit à son maître. Les parties de ce discours ne