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MASPHA DE BENJAMIN

avec Néby-Samuîl, soit celle de Victor Guérin avec Cha’afat et à les considérer comme les plus probables. II. Histoire. — Maspha fut assignée par Josué à la tribu de Benjamin. Jos., xviii, 26. Ce fut l’endroit où s’assembla sous le grand-prêtre Phinées tout le peuple d’Israël, pour juger l’affaire de Gabaa, où la femme du lévite avait péri victime des odieuses brutalités des habitants. Quatre cent mille hommes, d’après le texte sacré, étaient présents. Les Benjamites furent sommés d’avoir à livrer les coupables, dont on voulait tirer un châtiment exemplaire. Toute la tribu refusa. La guerre lut déclarée et il fut décidé dans la même assemblée que l’on exterminerait ceux qui refuseraient leur concours. A Maspha aussi lesIsraélites s’engagèrent par serment à ne pas donner leurs filles en mariage aux Benjamites. Jud., xx, 1, 3 ; xxi, 5, 8. Ce dernier fait, qui ne dut avoir lieu qu’à la fin de la guerre, indique que le camp avait dû demeurer à Maspha tout le temps que -durèrent les négociations et la lutte. — Après la défaite des Israélites à Aphec et la mort du grand-prêtre Héli, Samuel convoqua une assemblée générale du peuple à Maspha, pour prier le Seigneur en faveur d’Israël. Le peuple puisa de l’eau pour la répandre devant Dieu, jeûna un jour et confessa ses infidélités. Samuel commença dès lors à exercer sa judicature. Les Philistins, apprenant la réunion de Maspha, se levèrent contre les Israélites. Ceux-ci effrayés conjurèrent Samuel de supplier le Seigneur de les délivrer de la main des Philistins. Samuel offrit en holocauste un jeune agneau. Le sacrifice n’était pas achevé et déjà les Philistins engageaient l’action avec l’armée d’Israël. « Mais le Seigneur tonna avec un grand éclat ce jour-là contre les Philistins et les épouvanta, et ils furent taillés en pièces. » Les Israélites demeurés à Maspha s’élancèrent de la ville à la poursuite de l’ennemi et en achevèrent la défaite en les poursuivant jusque sous Bethcar. En souvenir de la victoire, Samuel érigea une stèle entre Maspha et Sen. .. I Reg., vii, 5-12. Les Israélites, après la victoire de Maspha, rentrèrent en possession de leurs anciennes frontières et Samuel choisit cette localité pour l’une des trois où chaque année il venait juger Israël, x, 13, 16. — La dernière assemblée plénière tenue par Samuel le fut aussi à Maspha. C’était pour procéder à l’élection d’un roi, comme le peuple l’avait demandé. Le sort désigna Saùl. I Reg., x, 17-25. — Deux cent cinq ans environ après cette élection, Baasa, roi d’Israël, s’était emparé de Rama de Benjamin, située à 10 kilomètres seulement au nord de Jérusalem, la capitale de Juda, et l’avait fortifiée pour empêcher qui que ce soit de passer d’Israël en Juda et de Juda en Israël. Le roi de Juda Asa, ne se trouvant pas en mesure de repousser son voisin, sollicita l’intervention des Syriens de Damas. Le roi de cette ville, Bénadad, fit attaquer au nord le royaume d’Israël par ses généraux. Pour défendre sa frontière, Baasa dut porter ses forces de ce côté et fut ainsi contraint de vider Rama et le territoire de Juda envahi. Asa attendait cette diversion pour reprendre sa terre, il appela tout son peuple à son-aide, prit les matériaux réunis par Baasa à Rama, et à dessein de prévenir de nouveaux empiétements de la part de son voisin, il alla fortifier, à 3 kilomètres à l’est de Rama, Gabaa de Benjamin, qui commande le passage de Machmas, et Maspha, sans doute située au nord de Rama et qui pouvait garder la grande route qui venait d’Israël’en Juda. III Reg., xv, 17-22 ; II Par., xvi, 1-6. — Après la destruction de Jérusalem et dû royaume de Juda par les Chaldéens, vers 588 av. J.-C, le Juif Godolias fut établi, par le roi de Babylone, gouverneur du pays ; Maspha fut choisie pour être le siège de son administration. Le prophète Jérémie, laissé libre, vint s’établir près de Godolias et un grand nombre, de Juifs qui s’étaient enfuis dans les contrées des alentours revinrent les joindre. Le peuple aurait pu se reconstituer autour de Maspha,

si la jalousie méchante de Baalis, roi des Ammonites ; n’était venue faire avorter ce mouvement de restauration. L’Ammonite avait soudoyé Ismahel, fils de Nathanias, pour assassiner Godolias. Celui-ci averti ne voulut pas croire à une pareille trahison. Ismahel, qui était du sang royal de Juda, étant venu à Maspha avec un cortège de dix hommes et plusieurs grands de l’ancienne cour, fut invité à un festin. Pendant le repas, il se jeta avec ses complices sur Godolias et le tua. Il massacra ensuite tous les Juifs, les Chaldéens et les guerriers qui étaient réunis à Maspha autour de Godolias. Le lendemain de ce forfait, un groupe de quatre-vingts hommes partis de Sichem, Silo et Samarie et se rendant à la maison de Dieu où ils allaient offrir des dons, arrivaient à Maspha. Ils ignoraient ce qui s’était passé la veille. Ismahel sortit de la ville à leur rencontre et, feignant de s’affliger avec eux, il les invita à venir chez Godolias. Lors-’qu’ils furent arrivés au milieu de la ville, Ismahel et ses satellites les massacrèrent, épargnant seulement dix d’entre ces hommes, qui promettaient de mettre à leur disposition des trésors et des provisions [cachées. Les cadavres furent jetés dans la piscine creusée par le roi Asa, quand il fortifia la ville contre Baasa. Les débris du peuple, les filles de la maison royale et tout le mondedemeuré à Maspha et confié aux soins de Godolias par Nabuzardan, chef de l’armée babylonienne, furent réduits captifs par Ismahel qui se proposait de les livrer aux Ammonites. Johanan, fils de Carée, apprenant ces indignités, prit avec lui tous les hommes qu’il avait à sa disposition et avec les officiers de l’armée marcha contre Ismahel. Il le rencontra près des grandes eaux de Gabaon. Ismahel, avec huit de ses hommes seulement qui purent s’échapper, s’enfuit au pays d’Ammon, et Johanan ramena toute la foule qui avait été arrachéeà Maspha. Cependant, redoutant la colère des Chaldéens, et malgré les objurgations de Jérémie, Johanan, avec tout le peuple qu’il avait ramené à Maspha, prit la route de l’Egypte et entraîna le prophète à sa suite. Jer., xuxlii. — Maspha repeuplée, après le retour des Juifs de Babylone, contribua pour une part importante à la restauration des murs de Jérusalem entreprise par Néhémie. Jason le Méronatithe de Maspha, avec Melchias de Gabaon, construisit, près de la porte Ancienne, « letrône du gouverneur d’au delà l’Euphrate, » c’est-à-dire « le tribunal du gouverneur ï. II Esd., iii, 7. La porte de la Fontaine fut réédifiée par Sellum, fds de Cholhoza, chef du district de Maspha. Il l’acheva, la couvrit, , en établit les battants, les serrures et les verrous ; le’même bâtit [à côté] le mur de la piscine de Siloé près du jardin du roi, jusqu’aux degrés descendant de la cité de David, lbid., 15. Azer, fils de Josué, prince de Maspha, contruisit la seconde muraille près de la montée de l’arsenal, à l’angle, lbid., 19. — Mathâthias étant mort, son fils Judas Machabée prit le commandement de la petite armée qui devait combattre pour arracher la Judée et son peuple à la tyrannie des Gréco-Syriens infidèles. Avant d’entrer en campagne, il voulut se préparer à la guerre et y disposer les siens par un acte : solennel de religion. La ville sainte étant au pouvoir de l’ennemi, Judas, pour son dessein, choisit Maspha, . « parce qu’elle fut anciennement un lieu de prière en Israël. » Là, en face de Jérusalem et de son temple profané, Juda et ses guerriers consacrèrent un jour au jeûne, puis revêtus du cilice, la tête couverte de cendre, les habits déchirés, tenant en leurs mains les livres de^ la Loi et exposant devant eux les vêtements sacerdotaux, les prémices et les dîmes, présentant les Nazaréens : dont le temps était achevé, ils élevèrent la voix et imo-quèrent le ciel : « Que pouvons-nous faire, s’écrièrent-ils, de ces hommes, où devons-nous les conduire ?’Votre sanctuaire est foule aux pieds et souillé ; vos prêtres sont dans le deuil et dans l’abjection et les. nations se sont réunies contre nous pour achever notre.-