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MASOBIA — MASPHA


inconnue. Quelques-uns ont pensé que ce nom pouvait être une modification ou altération de Soba, petit royaume araméen du temps de David. Voir Soba.

    1. MASPHA##

MASPHA (hébreu : Mispéh, à la pause Mispâh, avec mouvement Mispâtâh, « lieu d’observation, » de safâh, a observer, guetter ; » Septante- : Macrça, Ma<r<j7)çei, Mà<T<ni ?â6 ; Vulgate : Maspha et Masphath ordinairement ; une fois Masphe, une fois Mesphe et une fois Masepha), nom d’un monument ou monceau de pierres, de plusieurs hauteurs, territoires ou villes-. En hébreu, le nom est quelquefois sans l’article, le plus souvent avec lui, ham-Mispéh ; il est parfois aussi traduit par mamk et <rxoT17J dans la version grecque, par spécula dans la version latine et dans les autres versions par des noms analogues ayant la signification du nom hébreu.

1. MASPHA est un des noms donnés par Jacob au monceau de pierres ou monument, encore appelé Galaad, et élevé par lui avant de se séparer de Laban son ieau-père en souvenir de leur alliance et de leurs engagements. Gen., xxxi, 49.

1° Origine et signification du nom de Maspha. — L’origine de ce monument et les motifs de son appellation sont ainsi expliqués par l’historien sacré : Laban propose à Jacob une alliance : « Viens [lui dit-il] et faisons une alliance pour qu’elle soit un témoignage entre moi et toi. C’est pourquoi Jacob, continue le récit, prit une pierre et l’érigea en monument (massêbâh, grec : ot^Xï], latin : in titulum). Et Jacob dit à ses frères : Apportez des pierres. Et ceux-ci en ayant rassemblé firent un grand tas et mangèrent dessus. Laban l’appela le monceau du témoignage (yegar-sâhâdûtâ’) et Jacob le nomma Gal’êd. Et Laban dit : Ce monceau (gai) est témoin (’êd) entre moi et toi aujourd’hui. Pour cela il fut appelé Gal’êd (ou Galaad) et ham-Mispâh (nssan, « le

lieu d’observation » ), parce que Laban avait dit : « Que le Seigneur observe (^s », yesêf) entre moi et toi, quand -nous nous serons éloignés l’un de l’autre… » Et Laban dit encore à Jacob : « Voici ce monceau (gai) voici ce monument (ham-massêbah) que j’ai dressé entre moi et toi, témoin sera ce monceau, témoin sera ce monument que je ne le franchirai pas pour aller vers toi et que toi tu ne franchiras pas ce tas ou ce monument, pour Tenir vers moi dans des intentions mauvaises. » Gen., xxxi, 43-52. — Les Septante ont traduit l’expression ham-Mispâh par r ôp^cri ; , « la vision ; » la Vulgate l’a complètement négligée ; les Targums d’Onkelos et de Sifré le rendent par Sekûfd’, « vue. » L’historien Josèphe transcrit le nom de Maspha par Macrçâ-ni, « ce qui veut dire en langue hébraïque xaToitTeu<5|j.Evov (conspicuum), » ajoute-t-il. Ant. jud., VI, H, 1. Selon Gesenius, Thésaurus, p. 1179, il faudrait lire au commencement du verset 49 : « et il appela le cippe Mispâh, nsïp ïiassm, » comme a traduit justement Saadia,

et la pierre fut appelée « l’observatoire ». — Le nom de Maspha employé d’abord simultanément avec celui de Galaad paraît être demeuré dans la suite plus particulièrement attaché au cippe lui-même et à la région immédiate où il se trouvait, tandis que le nom de Galaad devint celui de tout le pays et même de toute la contrée transjordanique. Voir Galaad 6, t. iii, col. 47-48. / 2° Nature, position et histoire du monument. — Le monument élevé par Jacob paratt avoir consisté en une pierre plus considérable autour de laquelle un grand nombre d’autres moins volumineuses furent accumulées, sans doute en forme de cercle ou d’enceinte. Il devait être identique de forme et de disposition à ces monuments de forme grossière élevés par les peuples primitifs et connus sous le nom de dolmens, si nombreux encore dans l’ancien pays de Galaad. La plupart d’entre eux sillonnés de petites rigoles aboutissant à des cavités

CICT. DE LA BIBLE.

en forme de coupe, paraissent avoir servi d’autel. Josèphe témoigne, Ant. jud., 1, xix, 2, que celui de Jacob en eut la forme : rrr^).7]v àve6^<rav xaxà Bo>[aoO tr^pLa. La Bible elle-même semble insinuer que Jacob le fit servir d’autel, en disant qu’après l’avoir élevé « ils mangèrent là sur le tas » et en ajoutant qu’ils jurèrent devant le monument et qu’  « ensuite Jacob immola des victimes sur la montagne et invita ses frères à manger ». Gen., xxxi, 46, 53, 54. — Le monument ainsi élevé par Jacob se trouvait, d’après le récit de ses origines, à l’entrée des monts de Galaad, du côté de l’est, avant Mahanaïm et au nord du Jaboc que le patriarche devait franchir plus tard pour se rendre à Sichem et il faut le chercher en Galaad, dans le voisinage de la ville du même nom qui doit le lui avoir emprunté. Voir Maspha 2. — C’est là que Jephté appelé par ses compatriotes pour marcher contre les Ammonites qui avaient envahi le pays de Galaad et l’opprimaient, fut investi du titre de prince et c’est en face, sans doute, du monument de Jacob, « devant le Seigneur à Maspha, » qu’il fit répéter aux chefs de Galaad leurs promesses, leur demandant, selon toute probabilité, de les ratifier par un serment. Jud., xi, il. Peut-être son vœu fut-il formulé et accompli au même endroit. — Le monument de Jacob, on le voit par la conduite de Jephté, était devenu un objet de vénération, ou un sanctuaire en Israël, et c’est à lui, on n’en peut douter, que fait encore allusion le prophète Osée, au temps des rois de lui ; ., Ozias, Achaz et Êzéchias et du roi d’Israël Jéroboan. II, quand il s’écrie : « Écoutez-moi, prêtres et soyez attentifs, maison d’Israël et maison du roi ; voici votre jugement : vous avez été un filet à Maspha et un piège sur le Thabor. » Ose., v, 1 (hébreu). Si le prophète eût entendu parler de Maspha de Benjamin, elle aussi un lieu de prière, se fût-il adressé aux Israélites et à la population au milieu de laquelle est Thabor ? — Le culte des faux dieux avait alors remplacé à Maspha le culte du vrai Dieu. — Les Septante ont traduit le nom de Maspha par (jxoroâ et la Vulgate par speculatio.

L. Heidet.

2. MASPHA, région située au pied de l’Hermon. Elle est surnommée « terre de Maspha », ’éréz ham-Mispâh, Jos., xi, 3, et « plaine » ou « vallée de Maspha », biq’af Mispéh. Jos., xi, 8. Les Septante, Codex Vaticanus, par erreur sans doute des copistes, ont Macro-ujiâ au j). 3 et Ma<r<Tù>x au, t. 8, tandis que VAlexandrinus porte Maa(teçiO et Macrmiçà. — Jabin, roi d’Asor, fit entrer dans la coalition formée par lui contre Josué et les Israélites, « les Hévéens qui habitaient au pied de l’Hermon dans la terre de Maspha. » Les alliés réunis vinrent camper près du lac Mérom. Josué tomba sur eux à l’improviste, les défit et poursuivit les débris de leur armée « jusqu’à Sidon la grande, jusqu’à Masréphoth-Maïm et jusqu’à la plaine de Maspha, à l’orient », où il acheva l’extermination de leur armée. Jos., xi, 1-8. — La contrée de Maspha recevait probablement son nom d’une ville du même nom, inconnue maintenant. Selon quelques auteurs, ce serait le village actuel de Métullah, habité autrefois par des Métoualis, occupé présentement par une colonie juive, et situé entre le Merdj-’Ayoûn et la région en partie de plaine, qui se développe jusqu’au Djébel-Scheik, ou l’Hermon à Test. Voir la carte du Jourdain, t. iii, col. 1726. Le pays de Maspha serait ainsi le Merdj-’Ayoûn, petite plaine fertile, de quatre à cinq kilomètres de longueur et de deux environ de largeur, s’étendant au nord de Métullah, ou bien la région plate au sud-ouest de l’Hermon, depuis Métullah et Hébel el-Qémah jusqu’aux approches de Baniâs. Cette dernière plaine où se réunissent les affluents qui forment le Jourdain, est réellement au pied de la montagne ou « sous » l’Hermon ; l’autre en est séparée par la vallée du nahar-flasbdni et les montagnes qui la bordent à l’ouest. D’autres ont proposé d’identifier la vallée (béq’af) de Maspha avec la grande vallée du nahar IV. - 27