Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée
73
71
LANGUE — LANGUES (DON DES)


mobile, qui est fixé par sa base au fond de la bouche, et est l’organe principal du goût et, chez l’homme, de la parole.

I. Langue des animaux. — La langue des chiens a sa part des ennemis vaincus. Ps. lxviii (lxvii), 24. La langue des chiens lèche le sang de Naboth, III Reg., xxi, 19, d’Achab, III Reg., xxii, 38, et de Jézabel que ces animaux ont dévorée. IV Reg., ix, 36. Elle lèche également les ulcères du pauvre Lazare. Luc, xvi, 21. Pendant la dixième plaie d’Egypte, pas même un chien ne devait remuer la langue au milieu des Hébreux. Exod., xi, 7. Sur ces deux derniers passages, voir Chien, t. ii, col. 702. La langue de la vipère donne la mort. Job, XX, 16. Voir Vipère. Il est impossible de prendre le crocodile avec une corde par la langue. Job, XL, 20.

II. Langue de l’homme. — 1° Au sens littéral. — 1. La langue sert à laper l’eau, à la manière des chiens, c’est-à-dire à boire non plus en taisant couler l’eau dans la bouche, mais en l’aspirant avec la langue. C’est ce que firent les soldats de Gédéon. Jud., vii, 5-7. — Dans la soif ardente, la langue se dessèche et s’attache au palais. Ps. xxii (xxi), 16 ; Is., xli, 17 ; Lam., IV, 4. C’est pourquoi le mauvais riche, torturé dans l’enfer, demande que Lazare vienne humecter sa langue avec l’extrémité de son doigt trempée dans l’eau. Luc, xvi, 24. — L’exilé proteste que sa langue s’attachera à son palais avant qu’il oublie Jérusalem. Ps. cxxxvi (cxxxv), 6. — On dit aussi que la langue s’attache au palais pour signifier que l’on est silencieux et attentif. Job, xxix, 10. — Moïse avait la langue embarrassée, il était kebad IdSôn, (3poc-S >yXu>a<soç, tardions linguse, et le Seigneur lui substitua son frère Aaron pour prendre la parole. Exod., iv, 10.

— Notre-Seigneur guérit un muet en lui touchant la langue, qui alors se déliait, c’est-à-dire devenait capable de parler. Marc, vii, 33, 35 ; et. Luc, i, 64. C’est une des merveilles messianiques qu’Isaïe, Xxxil, 4 ; xxxv, 6, avait annoncées. — 2. Parmi les plaies qui frapperont les ennemis de Jérusalem, Zaicharie, xiv, 12, mentionne la langue tombant en pourriture. Saint Jean, Apoc, xvi, 10, parle des hommes que Dieu trappe et qui se mâchent (ê[j.a<Tâ>vTo, commanducaverunt) la langue de douleur.

— Antiochus fit couper la langue à l’aîné et au troisième des sept frères Machabées. II Mach., vii, 4, 10. — Après la mort de Nicanor, sa langue tut coupée en morceaux et livrée en pâture aux oiseaux. II Mach., xv, 33. La barbarie des anciens peuples prenait plaisir à couper ! a langue des prisonniers et des vaincus. Ct. Masperi), Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 189 ! ), t. iii, p. 423, 545. Une scène chaldéenne, voir t. i, fig. 266, col. 989, représente des prisonniers que l’on torture et auxquels on arrache la langue.

2° Dans le sens métaphorique. — La langue désigne très fréquemment la parole elle-même et la manière bonne ou mauvaise de s’en servir. Les livres des Psaumes, des Proverbes et de l’Ecclésiastique renterment un très grand nombre de sentences qui se rapportent à ce sujet. — 1. La langue est l’instrument de la parole. Job, xxxiii, 2 ; Ps. xxxrx (xxxym), 5 ; xlv (xliv), 2 ; cxxxix (cxxxv.m), 4 ; II Reg., xxiii, 2 ; Is., xlv, 24, etc. La parole est tantôt bi-leSônî, « sur ma langue, » Job, vi, 30 ; Ps. xv (xiv), 3 ; Prov., xxxi, 26, etc. ; tantôt fahaf laSôn, « sous la langue, » Ps. x, 7 ; lxvi (lxv), 17, les deux expressions ayant d’ailleurs le même sens. L’épouse a sous la langue du miel et du lait, Cant., iv, 11, c’est-à-dire de douces et aimables paroles.

— 2. Selon les paroles qu’elle profère, la langue est douce ou perverse, Prov., xv, 4 ; arrogante, Ps. xii (xi), 4 ; mensongère, Ps. crx (cvm), 3 ; Prov., vi 17 ; trompeuse, Ps. lu (li), 6 ; méchante. Prov., x, 31. C’est pourquoi il est dit que « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue ». Prov., xviii, 21. — 3. La langue, sans qualificatif, est ordinairement prise en mauvaise part. Le « fléau de la langue » désigne la médisance et la

calomnie, ce que nous appelons des « coups de langue », Job, v, 21 ; Eccli., xxvi, 9. Les ennemis de Jérémie veulent le tuer « avec la langue ». Jer., xviii, 18 ; cl. Ezech., xxxvi, 3. Aussi la langue est-elle comparée au serpent, Ps. cxl (cxxxix), 4 ; à l’arc, Jer., ix, 3 ; à la flèche..Ter., ix, 8. — 4. L’  « homme de langue », ’iS Idsôn, y’ws<n£3ïiî, linguosus, Ps. cxl (Cxxxix), 12 ; Eccli., rx, 25, ou linguatus, Eccli., vin 4, et la lemme yXw<t<t(Ô8ïi<, linguata, Eccli., xxv, 27, sont des personnes de mauvaise langue. Les versions appellent U-^Xuxsaai ; , bilinguis, « double langue, » celui qui parle mal, disant le pour et le contre et blessant la vérité et la charité. Prov., viii, 13 ; xviii, 8 ; Eccli., v, 17 ; vi, 1 ; xxviii, 15. Saint Paul ne veut point de diacres qui soient SiXôyoi, bilingues. I Tim., iii, 8. La troisième langue ou triple langue, jXSxiira rpiT » ), lingua tertia, est quelque chose de pire encore. Eccli., xxviii, 16, 19. « Donner de la langue, » lô’éên, c’est calomnier, xaTaXaXoïv, detrahere. Ps. ci (c), 5. — 5. Saint Pierre recommande d’empêcher sa langue de mal parler, I Pet., iii, 10, et saint Jacques, i, 26, taxe d’irréligion celui dont la langue est sans frein. Ce même apôtre compare la langue au gouvernail qui, malgré sa petitesse, imprime la direction au vaisseau, au petit feu qui peut incendier une grande forêt, aux bêtes sauvages qui sont moins indomptables qu’elle. Il rappelle les biens et les maux dont elle peut être la cause et veut qu’elle ne soit pas autre chose qu’une source de biens. Jacob., iii, 4-12. — Sur les péchés de la langue, voir Médisance, Mensonge,

III. Langue au sens figuré. — 1. Le nom de « langue d’or », lesôn zâhâb, yXSiaaa. -/puirÉa, est donné à une barre d’or, régula aurea, ayant la forme de langue. Jos., vii, 21, 24. — 2. La pointe que tait la mer Morte tant au sud qu’au nord est appelée « langue ». Jos., xv, 2, 5 ; xviii, 19. C’est de la langue du sud que partait la frontière de Juda, pour rejoindre au nord l’autre langue de la mer. Celle-ci s’avançait comme une langue au milieu des terres ; elle y formait des golfes. Aujourd’hui le nom A’El-Lisân est donné au contraire à la langue de terre qui se rattache à la rive orientale de la mer Morte et s’avance vers le nord en forme de langue. Voir Morte (Mer). Isaïe, xi, 15, appelle aussi « langue de la mer d’Egypte » soit l’embouchure du Nil, soit la pointe septentrionale de la mer Rouge. Les géographes arabes donnent également le nom de « langues » aux golfes. Cf. Rosenmûller, Jesaise vatidn., Leipzig, 1811, t. i, p. 450. — 3. Isaïe, v, 24, dit que « la langue de ieu dévore le chaume ». Ailleurs, xxx, 27, il compare la langue de Jéhovah à un feu dévorant. La flamme affecte en effet la forme d’une langue, elle en a la mobilité et semble lécher les objets qu’elle atteint. Quand le Saint-Esprit descendit sur les apôtres, il apparut sous forme de « langues séparées, comme de teu », SiaiispiÇôpievat Y^âddai rixrsl nupdç, dispertitæ linguse tanguam ignis. Aet., ii, 3. Ces langues, ayant l’apparence du feu, symbolisaient la prédication évangélique, et ce teu représentait la grâce qui purifie et qui embrase. Cf. Deut., iv, 24 ; Is., vi, 6-7 ; Matth., iii, 11 ; Luc, iii, 16 ; xii, 49.

H. Lesêtre.

2. LANGUES (CONFUSION DES) à Babel. Voir CpwrtrsiON DES LANGUES, t. ii, col. 920.

3. LANGUE8 (DON DES), faculté surnaturelle de parler des langues étrangères sans les avoir apprises. Notre-Seigneur avait mentionné, parmi les signes qui devaient accompagner ceux qui croiraient en lui, le don de « parler des langues nouvelles », Marc, xvi, 17, c’est-à-dire inconnues de ceux qui s’en serviraient. On appelle quelquefois ce don « glossolalie ».

1° À la Pentecôte. — 1. Quinze peuples de langues diverses sont représentés à Jérusalem au moment de la descente du Saint-Esprit. Act., ii, 9-11. À peine ont-ils reçu cet Esprit, que les Apôtres et les disciples, au