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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU — MARIE-MADELEINE

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leine se serait attachée après avoir quitté son mari, Pappus ben Juda. Cf. Lightfoot, Hor. hebraic. in Matth., xxvii, 56. Il se peut que les talmudistes aient choisi ce nom décrié pour en tirer prétexte à leurs calomnies, en confondant à dessein la’mère de Jésus avec Marie-Madeleine. Tout ce que la haine des Juifs avait inventé contre Notre-Seigneur depuis l’origine, prit corps au xii « siècle dans un livre intitulé Tholdoth Yeschu, « histoire de Jésus. s Les calomnies sur la naissance de Jésus y sont longuement reproduites. Ses miracles sont reconnus, mais attribués à la vertu magique du nom de Jéhovah. Jésus les aurait opérés, prétend-on, pour prouver que sa mère l’avait enfanté sans cesser d’être vierge, conformément à la prophétie d’Isaïe, vii, 14. Ainsi, jusque dans le mensonge, la vérité se fait jour. On peut voir une analyse de ce pamphlet dans les Démonstrations évangéliques de Migne, Paris, 1843, t. xii, col. 444463. Cf. Pauvert, La vie [de N.-S. J.-C, Paris, 1867, p. 26-30. Il a été vigoureusement réfuté par un protestant, d’ailleurs acharné contre le catholicisme, J. C. Wagenseil, Tela ignea Satanx, hoc est arcani et horribilis Judseorum, adversus Christum Deum et christianam religionem, libri àvéxSotot, 2 in^i", Altorꝟ. 1681. Quant aux allégations du Talmud contre la Sainte Vierge, on ne les imprima pas toujours dans toutes les éditions, par crainte de l’indignation des chrétiens ; mais il était enjoint aux rabbins de les enseigner de vive voix. Cf. Drach, De l’harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, 1844, t. i, p. 167, 168. Mahomet lui-même réprouva les procédés employés par les Juifs ; il dit dans le Coran, Sur., iv, 155 : « À l’infidélité ils ont joint la calomnie contre Marie. » En plusieurs autres endroits, Sur., iii, 37-42 ; xix, 16-21 ; Lxvi, 12, il affirme avec respect la virginité de Marie. Voir J.-J. Bourassé, Summa aurea de landibus B. Mariée Virginis, omnia complectens qux de gloriosa Virgine Deipara reperiuntur, 13 in-4°, Paris, Migne, 1866 ; A. Kurz, Mariologie oder Lehre der katholischen Kirche uber die allersel. Jung frau Maria, in-8°, Ratisbonne, 1881 ; Warner, Compendium histoHcum eorum qusc Mahumedani de Christo tradiderunt, Liège, 1643 ; Weil, Biblische Légende der Muselmànner, Francfort, 1845, p. 230. — Voir aussi von Lehner, Die Marienverehrung in den ersten Jahrhunderlen, 2e édit., Stuttgart, 1886 ; ’Benrath, Zur Geschichte der Marienverehrung, dans les Theologische Studien und Kriti~ ken, 1886 ; Marianus, Jésus und Maria in ihrer ausseren Gestalt und Schônheit, Cologne, 1870 ; *M re Jameson, Legends of the Madonna as represented in the fine arts, Londres, 1852 ; Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, études archéologiques et iconographiques, 2 in-4°, Paris, 1878 ; Liell, Die Darstellungen der allerseligen Jungfrau und Gottesgebârin Maria, Fribourg-en-Brisgau, 1887 ; A. Jannucci, De Deiparentis Assumptione, Turin, 1884 ; A. Schàfer. Die Gottesmutter in der heiligen Schrift, in-8°, Munster, 1887 ; A. Venturi, La Madonna, Milan, 1900 ; Olav Sinding, Maria Tod und Himmelfahrt. Ein Beitrag zur Kenntniss der frûhmiltelalterlichen Denkmâler, Christiania, 1903 ; H. Detzel, Christliche Ikonographie, Band I, Die bildilichen Darstellungen Gottes, der allerseligsten Jungfrau, Fribourg-en-Brisgau, 1894 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, 2e édit., t. viii, 1883, articles Maria, Marienfésïè, Marienlegende, Marienwallfahrtsorte, col. 711, 802,

831, 846.

H. Lesêtre.

3. MARIE-MADELEINE (grec : Mapfa T| MaySaXT, ’^ ; Vulgate : Maria Magdalena), femme de Magdala, qui fut convertie par le Sauveur et s’attacha à lui. Les Évangélistes nomment trois femmes : la pécheresse, Marie de Béthanie sœur de Marthe et Marie-Madeleine, qui ont été identifiées par les uns et distinguées par les autres. Il y a donc lieu de voir d’abord ce qui est

raconté de chacune d’elles et ensuite d’étudier les raisons favorables et défavorables à l’identification.

I. La. pécheresse. — 1° Notre-Seigneur était en Galilée, dans une ville, probablement à Capharnaûm, quand un pharisien, nommé Simon, l’invita à un repas. Une femme connue dans la ville sous le nom de « pécheresse » le sut, vint dans la salle du festin avec un vase d’albâtre rempli de parfum, et, se tenant en arrière du Sauveur, près de ses pieds (ce que rendait possible la disposition des lits, voir Lit, col. 1289), elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, à les essuyer de ses cheveux, à les baiser et à les oindre de parfum. Ce spectacle scandalisa le pharisien ; il pensait en lui-même que, si Jésus était un prophète, il aurait su quel genre de femme il avait près de lui et l’aurait écartée. Le Sauveur fit alors ressortir ce que l’acte de cette femme avait de louable, par comparaison surtout avec l’accueil quelque peu froid que Simon lui avait ménagé à lui-même. Il ajouta : « Beaucoup de péchés lui sont remis parce qu’elle a beaucoup aimé. » Puis il dit à la pécheresse : « Tes péchés te sont remis. » Comme on s’étonnait, il la congédia en lui disant : s Ta foi t’a sauvée, va en paix. » Luc, vii, 36-50.

2° La pécheresse en question était une femme qui avait acquis un mauvais renom par ses désordres publics, soit dans la ville même de Capharnaûm, soit dans les environs. Il fallait aussi qu’elle fût d’un certain rang pour attirer ainsi l’attention sur elle ; il est probable qu’une femme du menu peuple eût passé à peu près inaperçue, malgré sa mauvaise conduite. Elle cherchait évidemment à se rencontrer avec Jésus, car, dès qu’elle le sut dans la maison de Simon, elle accourut, avec un parfum qui avait du prix et que n’aurait pu se procurer une personne sans aisance. Le récit de saint Luc ne dit pas si auparavant cette femme avait reçu quelque avertissement ou quelque bienfait du Sauveur. Mais, au témoignage même de celui-ci, elle a au cœur la foi et un grand amour ; son attitude est celle de l’humilité et du repentir ; son assurance atteste à la fois l’habitude qu’elle doit avoir des usages de la société aisée et l’impérieux besoin qu’elle éprouve de manifester à Jésus les sentiments qui l’animent. — 3° Notre-Seigneur attend l’intervention tacite de Simon pour sembler s’apercevoir de ce qui se passe. La petite parabole qu’il lui adresse sur les deux débiteurs auxquels le maître remet des dettes très inégales est une merveille de délicatesse et d’à-propos. Simon est autorisé à se reconnaître dans le débiteur qui doit moins et qui, en conséquence, montre moins d’amour ; mais dès lors il est obligé d’avouer que, vis-à-vis de la femme qu’il incrimine, avec raison d’ailleurs, l’indulgence de son hôte s’explique par l’équilibre constaté entre le péché passé et l’amour présent. — 4° Les mots : « Tes péchés te sont remis, » opèrent ce qu’ils expriment. Les auditeurs les entendent comme tels. On pourrait penser que la pécheresse a au cœur un tel amour et un tel repentir que déjà ses péchés lui ont été remis, et que le Sauveur ne fait que lui donner l’assurance du pardon. Mais les paroles qui précèdent : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé, » paraissent plutôt signifier que la rémission est actuelle et que, par conséquent, l’amour qu’a eu jusque-là la pécheresse, si grand qu’il ait été, n’a pas encore été assez parfait pour opérer la rémission sans l’intervention du Sauveur.

II. Marie dé Béthanie, sœur de Marthe. — 1° L’hospitalité donnée au Sauveur. — 1. Au cours de son voyage à travers la Galilée et la Pérée, le Sauveur arriva sî ; xto[i.Tiv Ttvâ, in quoddam castellum, « dans un certain bourg, » que l’évangéliste ne détermine pas autrement. Luc, x, 30. Beaucoup pensent que ce bourg n’est autre que Béthanie, que saint Jean, xi, 1, appelle x(i|i » i, castellum, « bourg de Marie et de Marthe. » L’identité des deux localités n’est cependant pas démontrée. Béthanie