Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée
773
774
MARIAGE — MARIE


union avec l’humanité régénérée. Matth., ix, 15 ; xxii, 1-14 ; xxv, 1-13 ; Joa., iii, 29 ; II Cor., xi, 2. Les noces de l’Agneau avec son épouse, l’Église triomphante, sont, dans saint Jean, la figure du bonheur céleste. Apoc, xix, 7 ; xxi, 2, 9 ; xxii, 17. — 2° Saint Paul assimile l’union de Jésus-Christ et de l’Église à l’union matrimoniale. La première est le type et l’exemplaire de la seconde. Pour le montrer, l’Apôtre établit un parallèle entre les deux unions. Jésus-Christ est le chef de l’Église, l’époux est le chef de l’épouse ; l’Église est soumise au Christ, les femmes doivent soumission à leurs maris ; le Christ aime l’Église, il s’est livré pour la sauver, la rendre belle et sans tache, la nourrir et l’entourer de soins, l’époux doit aimer l’épouse comme sa propre chair et la traiter en conséquence. Eph., v, 22-31. Ce symbolisme n’est pas arbitraire. Il suppose une relation réelle entre les deux ordres d’idées ; il élève le mariage à une hauteur qui le rapproche du type sacré et en fait quelque chose de supérieur à ce que la nature peut produire à elle seule. Saint Paul en effet ajoute : « Ce mystère est grand, mais il l’est eïç Xpcdrbv xai eïç rrjv èxxXvidtav, en vue du Christ et de l’Église ; » en d’autres termes, ce qui fait la grandeur de ce symbole, à savoir de l’union de l’époux et de l’épouse, c’est la chose qu’il symbolise, vers laquelle il tend, à savoir l’union du Christ et de l’Église. Cette tendance n’est pas seulement figurative, elle est réelle et effective, puisque l’Église se recrute avec les enfants que lui fournissent les mariages chrétiens. La Vulgate ne rend pas toute la force du grec par les mots in Christo et in Ecclesia, « dans le Christ et dans l’Église. » Elle traduit [tuarviptov, « mystère, » par sacramentum. Ce mot est en latin un terme technique qui désigne la consignation faite par les plaideurs, le procès lui-même, l’enrôlement et le serment militaires. Il est pris ici pour traduire |iu17T/ipiov, et il en a le sens. Lactance, Divin, institut., vii, 24, édit. Thomasius, Anvers, 1570, p. 434, appelle sacramentum le mystère de l’avenir révélé par les prophètes, et Prudence, Peristephan., x, 18, édit. Giselin, Leyde, 1596, p. 130, donne le même nom au mystère du Christ que les Apôtres auront à prêcher dans le monde. Ce mot n’apparaît que plus tard avec le sens particulier de « sacrement ». Saint Jérôme ne l’emploie avec ce sens, ni dans ses œuvres, ni dans la Vulgate. Eph., v, 32. Cf. S. Irénée, Adv. hœres., 1, viii, 4, t. vii, col. 532.

IV. LE MARIAGE DE LA SAINTE VIERGE ET DE SAINT

joseph. — Au moment où s’opéra le mystère de l’incar nation, Marie et Joseph étaient unis ensemble par des fiançailles, en vertu desquelles ils appartenaient déjà l’un à l’autre. Voir t. ii, col. 2231. Quand le moment de célébrer le mariage arriva, Joseph hésita, en constatant ce qui était advenu à sa fiancée. L’ange intervint alors pour lui dire de ne pas craindre de prendre Marie pour sa femme, itapaXaëeïv Mapîav tt|v yuvaîxa trou. Matth., i, 20. Le verbe itapaXaSeïv veut dire « prendre avec soi », spécialement celle dont on veut faire sa femme. Cf. Hérodote, iv, 155 ; Xénophon, (Economie, vii, 6. Marie, en effet, habitait encore dans la maison paternelle, comme c’était la règle pour toutes les fiancées. Joseph obéit à l’ordre divin et prit Marie chez lui comme étant devenue sa femme, itapIXccësv tï|v-pvaïxa avrcoû. Matth., i, 24. Ce1à x signifie que les noces furent célébrées suivant la coutume et qu’à partir de ce jour Joseph reçut et garda Marie dans sa maison. Cette union * constituait un véritable mariage, l’usage total du mariage n’étant nullement essentiel à sa réalité. Cf. Lehmkuhl, Theolog. moral., Fribourg-en-Br., 1890, t. ii, p. 482 ; Gasparri, De matrimon. , t. i, p. 120, 121. La vie fut commune entre les deux époux. Joseph exerça l’autorité dans la famille, Matth., i, 21 ; Luc, ii, 4, 22 ; Matth., ii, 14, 21-23, et eut les droits de père vis-à-vis de l’enfant Jésus. Luc, II, 48. Marie reçut de Joseph ce que la femme a le droit d’attendre de son mari, l’affection, le dévouement, la

protection dans des circonstances difficiles, l’habitation, la nourriture, et un concours respectueux et généreux dans les soins dont il fallait entourer le divin Enfant. Saint Joseph s’acquitta si dignement et si discrètement de sa tâche que le monde ne le connut que comme époux de Marie et père de Jésus. Luc, iii, 23 ; IV, 22 ; Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3. Saint Augustin, Cont. Julian., V, xii, 45, t. xliv, col. 810, explique comment on trouve dans cette union les trois liens constitutifs du mariage : le contrat par lequel les époux se donnent l’un à l’autre, l’amour conjugal qu’ils ont l’un pour l’autre, l’affection qu’ils ont en commun pour l’enfant. Cf. Bossuet, p* Panégyrique de S. Joseph, 1™ part.

H. Lesêtre.
    1. MARIAM##

MARIAM (hébreu : Miryâm ; Septante : Mapwv), fils d’Ezra, descendant de Caleb, fils de Jéphoné, de la tribu de Juda. I Par., iv, 17. Quelques-uns pensent que Mariam peut être une femme, qui aurait porté le même nom que Marie, sœur de Moïse. Les Septante lui donnent pour père Jéther, qui est son frère d’après l’hébreu et la Vulgate. Le texte des ꝟ. 17-18 paraît d’ailleurs altéré et il est difficile de rétablir la leçon primitive.

    1. MARIE##

MARIE, nom de la sœur de Moïse, de la mère de Jésus et de plusieurs autres femmes du Nouveau Testament.

I. Forme du nom. — Marie se lit en hébreu miryâm. Ce nom désigne toujours la sœur de Moïse, la seule qui s’appelle ainsi dans l’Ancien Testament. Le même nom, il est vrai, est assigné à un homme, I Par, , iv, 17 ; mais en cet endroit les Septante le traduisent par Mapwv, et quoique la Vulgate ait conservé Mariam, il est fort probable que l’orthographe de l’hébreu a été altérée, surtout dans un passage rempli de noms propres dont la transcription exacte est très peu sûre. Dans les Septante, miryâm devient Mapiâpi, orthographe analogue à celles du syriaque et de l’araméen, qui écrivent Maryam. Dans le Nouveau Testament, le nom de la Sainte Vierge est toujours Mopiâfi, comme le nom de la sœur de Moïse ; il n’y a d’exception que pour un passage de saint Luc, II, 19, dans lequel le Vaticanus et le Codex Bezse, suivis par un certain nombre de critiques, lisent Mapi’a. Au génitif, Mapiâp. devient Maptaç, au datif Mapfa, à moins que Maptân ne soit traité comme indéclinable. Cette dernière forme sert également à l’accusatif et au vocatif. Les autres femmes de l’Évangile sont toujours appelées Mapia. Il est possible qu’en conservant exclusivement pour la Sainte Vierge la forme archaïque du nom, Maptâ[i, les Évangélistes aient tenu à la distinguer des autres femmes jusque dans ce détail de l’appellation. La Vulgate traduit invariablement par Maria, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament. Dans Josèphe, AnX. jud., II, IX, 4, le nom prend la forme Mapiômiïi.

II. Signification du nom. — En recherchant les explications que les écrivains anciens et modernes ont données du nom de « Marie », on arrive à compter soixante-sept étymologies différentes. Cf. Bardenhewer, Der Name Maria, Fribourg-en-Brisgau, 1895, p. 157-158. Ces explications supposent toujours que le mot miryâm appartient à la langue hébraïque. Les unes le traitent comme nom composé, les autres comme nom simple. Voici les principales :

1° Nom composé. — « Mer amère, » de mar, « amère, n et yâm, « mer. » Mais le composé hébreu devrait être yâm-mar, et non pas mar-ydm. — « Leur révolte, » miryâm, de merî, « révolte, » suivi de l’adjectif possessif. Le mot se trouve II Esd., îx, 17. Il n’y a là qu’une simple coïncidence syllabique, et l’on ne conçoit guère un nom pareil donné à une jeune fille. — « Maltresse de la mer, » de l’araméen mdri, « maître, » Dan., iv, 16, et de yâm, « mer. » — « Myrrhe de la mer, » de mor, « myrrhe, » et de yâm, « mer, » — ï Goutte de la’mer, »