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MARC (SAINT) — MARC (ÉVANGILE DE SAINT)


cïle d’accepter cette date, puisque alors Jean Marc accompagnait Paul et Barnabe. Eusèbe, H. E., ii, 24, t. xx, col. 206, dit qu’à la huitième année du règne de Néron, , en 62, Arien succéda à Marc sur le siège d’Alexandrie. S. Jérôme, De viris illust., 8, t. xxiii, col. 623, en a conclu, vraisemblablement à tort, que saint Marc était mort cette année-là. Il faut remarquer qu’Eusèbe ne le dit pas, et beaucoup de critiques pensent que saint Marc aurait quitté alors la ville d’Alexandrie pour aller ailleurs, à Borne, où il se joignit à saint Paul, et y revenir plus tard, selon quelques-uns. Les Actes apocryphes de saint Barnabe, soi disant rédigés par lui-même, font aller Marc à Alexandrie après la mort de son parent dans l’île de Chypre. Bonnet, Acta Apostolorum apocrypha, Leipzig, 1903, t. ii, p. 301 ; Acta sanctorum, junii t. ii, p. 429. Les Actes apocryphes de saint Marc disent la même chose et ils ajoutent que l’évêque d’Alexandrie fut mis à mort par les païens et enseveli dans un village voisin. Dictionnaire des apocryphes de Migne, Paris, 1858, t. ii, col. 473-476 ; Lipsius, Die apocryphen Apostelgeschichten, t. ii, fasc. 2, p. 344-346. Cf. Siméon Métaphraste, Martyrium S. Marci apostoli, n. 1, 9, t. cxv, col. 164, 169 ; le moine Alexandre, Laudatio S. Barnabæ, dans Acta sanctorum, junii t. ii, p. 440. C’est de là que des marchands vénitiens rapportèrent ses reliques en 828. Saint Marc fut dès lors le patron de Venise. L’Église latine l’honore comme martyr le 25 avril. L’Église grecque fait sa fête le même jour, mais célèbre celle de Jean Marc le 27 septembre. Le lion est, dans la littérature et l’art chrétien, le symbole du second évangéliste (fig. 214). Des écrivains récents

214. — Le lion, symbole de saint Marc.

D’après A. Roberston, The Bible of St. Mark. St. Mark’s

Church, Venice, in-12, Londres, 1898, frontispice.

ont prétendu que saint Marc a été le fondateur de l’église d’Aquilée ; mais il est vraisemblable que ce sentiment n’a été adopté que pour expliquer l’origine du patriarcat de cette ville. Voir Acta sanctorum, aprilis t. iii, p. 347361 ; junii t. vii, p. 6*-8* ; septembris t. vii, p. 354-364 ; A. M. Molini, De vita et lipsaniis S. Marci évangéliste libri II, Borne, 1864. E. Mangenot.

2. MARC (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHENTICITÉ.

— L’authenticité du deuxième Évangile ne peut être sérieusement contestée, car elle repose sur les preuves les plus anciennes et les plus solides.

1° Traces de l’existence et de la connaissance du second Evangile à la fin du i a siècle et au cours du il’.

— On ne trouve dans l’écrit lui-même aucun témoignage explicite sur l’auteur qui n’y est pas nommé. Les titres grecs et latins : Eùayrtitov xatà Mripxov, Evangelium secundum Marcum, qui sont en tête^des manuscrits et des éditions, ne sont pas originaux et ne datent que du IIe siècle. Voir t. H, col. 2060.

On a remarqué dans l’Épitre aux Hébreux, à peu près contemporaine de l’Évangile de Marc, voirt. iii, col. 523, surtout dans son introduction, 1, 1-n, 4, « une série de détails matériels et formels qui trahissent d’une manière surprenante l’influence des derniers versets de Marc, xvi. » B y a des pensées communes, notamment celles qui forment le fond de toute Pépître : que Jésus est le Fils de Dieu fait homme et qu’il est maintenant assis à la droite de son Père céleste. Heb., i, 1-4. Elles sont exprimées au début et à la fin du second Évangile. Marc, 1, 1 ; xvi, 19. Pour les deux écrivains, Heb., ii, 3 ; Marc, I, 1 ; xvi, 20, Jésus a commencé la prédication de l’Évangile et les apôtres l’ont continuée et complétée. Cette prédication est confirmée de la part de Dieu par des miracles nombreux et variés. Heb., ii, 4 ; Marc, xvi, 16-20. Il y a aussi des ressemblances de forme et de langage. En exprimant l’idée que Jésus est assis à la droite du Père, l’auteur de l’épître emploie trois fois, i, 3 ; viii, 1 ; x, 12, l’aoriste èxdt81<rev qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament que dans Marc, xvi, 19. Il emploie encore le mot è6eëa « 167], ii, 3, comme Marc, xvi, 20, et il appelle Jésus le Seigneur tout cour t en ce seul endroit, comme Marc le fait exclusivement, xvi, 19, 20. Enfin, la conclusion de l’Évangile, xvi, 20, et Heb., ii, 4, expriment une pensée identique par une construction identique. Toutes ces coïncidences ne sont pas fortuites et elles ne s’expliquent complètement que par un emprunt ou une imitation de l’auteur de l’épître à l’Évangile de Marc. Cf. P. Van Kasteren, L’épilogue canonique du second Évangile, dans la Revue biblique, 1902, t. xi, p. 246-249.

Dans les œuvres des plus anciens écrivains ecclésiastiques on trouve des citations implicites ou expresses du second Évangile, qui était en usage même chez les premiers hérétiques. Un indice, obscur il est vrai, se rencontre dans saint Clément de Borne, I Cor., xv, 2, Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 118, qui rapporte des paroles d’Isaïe, xxix, 13, telles qu’elles sont citées Marc, vii, 6. L’Épitre de Barnabe, xii, 11, Funk, op. cit., p. 78, fait allusion à un mot de Marc, xii, 37. Au début de la AiSaxh, i, 2, Funk, ibid., p. 2, il y a peut-être aussi une allusion à Marc, xii, 30-31. Saint Polycarpe, Ad Phil., vii, 2, Funk, ibid., p. 304, cite textuellement une parole de Notre-Seigneur, qu’on lit, Marc, xiv, 38, aussi bien que Matth., xxvi, 41. Le Pasteur d’Hermas vise plus clairement en divers endroits le texte du second évangéliste. Ainsi Vis., iii, 20, 3, Funk, p. 446, Marc, iv, 18 ; cf. Sim., ix, 20, 1, p. 614 ; Sim., ix, 12, 3, p. 598, Marc, ix, 47 ; x, 23 ; Vis., iii, 6, 3, p. 444, Marc, ix, 50 ; Mand., iv, 1, 6, p. 474, Marc, x, 11 ; Sim., IX, 20, 2, 3, p. 614, Marc, x, 23, 24 ; Fis., iv, 2, 6, p. 464, Marc, xiv, 21. La Il démentis ad Corinthios contient, H, 4 ; iii, 5 ; vi, 2 ; vii, 6 ; ix, 11, des allusions plus voilées à Marc, ii, 17 ; vii, 6 ; vm, 36 ; ix, 44, 46 ; iii, 35. Funk, ibid., p. 186, 188, 190, 192, 194. Au témoignage de saint Irénée, Cont. hser., III, xi, 7, t. vii, col. 884, les docètes accordaient la préférence à l’Évangile selon saint Marc. De fait, au rapport des Philosophumena, viii, 8, t. xvi, col. 3350, ils parlaient du figuier maudit par Notre-Seigneur, que Marc désigne seul en ces termes, xi, 21. Les naassènes citaient des paroles de Jésus qu’on lit textuellement, Marc, x, 38. Philosophumena, v, 8, ibid., col. 3142. Les valentiniens rapportaient des paroles évangéliques, notamment l’interrogation de Notre-Seigneur : Ti< u.ou ^((/aTO, qu’on ne retrouve qu’en saint Marc, v, 31. S. Irénée, Cont. hier., i, iii, 3, t. vii, col. 472 ; cf. S. Épiphane,