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MARC (SAINT)


Marc était ô àveijiiôç Bapvâëa, « le cousin germain ou le neveu de Barnabe. » Voir 1. 1, col. 1462, 1463. Marc serait-il, comme son parent, de la tribu de Lévi ? Cette parenté nous explique l’attachement que Barnabe avait témoigné à Jean Marc. Plus tard encore, à la fin de sa carrière, durant sa seconde captivité à Rome, saint Paul écrivait à Timothée, qui était à Éphèse, de venir le voir et d’amener Marc avec lui : « Il m’est très utile pour l’œuvre du ministère. » II Tim., iv, 11. Si le désir de Paul s’est réalisé, Marc a pu se trouvera Rome à l’époque de la mort de son compagnon d’apostolat.

D’autre part, saint Pierre, dans sa lettre aux chrétiens du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce. de l’Asie et de la Bithynie, écrite de Babylone, c’est-à-dire de Rome selon l’interprétation la plus commune, voir 1. 1, col. 1357, 1358, salue ses correspondants au nom de Marc, qu’il appelle son fils. I Pet., v, 13. Cette dernière désignation signifie vraisemblablement la filiation spirituelle par le baptême. Saint Pierre, qui fréquentait la maison de Marie, aurait alors converti et baptisé Jean Marc. Cf. S. Jérôme, In Isa., lxv, 24, t. xxiv, col. 650. Il résulte aussi de ce passage que Marc fut le compagnon de Pierre dans la ville de Rome. Quant à la date de ce séjour commun à la ville éternelle, les critiques sont en désaccord. Quelques-uns pensent que Marc accompagnait saint Pierre dans son premier voyage à Rome sous le règne de Claude, en 42. Belser, Einleitung in das N. T., Friboiirg-en-Brisgau, 1901, p. 56-57. Quoi qu’il en soit d’ailleurs de la vérité de ce premier voyage, il semble plus probable de rapporter le séjour de Pierre et de Marc à une date postérieure, puisqu’il est mentionné dans la première Épitre. Or, celle-ci n’est pas antérieure à l’an 60 et on la fait contemporaine de la persécution de Néron. Ce serait donc plutôt à cette époque que Marc était à Rome avec Pierre. Schanz, Comtnentar ûber das Evangelium des heiligen Marcus, Tubingue, 1881, p. 7. De la salutation faite par saint Pierre à ses lecteurs au nom de Marc, il est permis de conclure que Marc était connu d’eux. Quand était-il allé dans ces contrées ? Saint Denys d’Alexandrie, cité par Eusèbe, B. E., 1. VII, c. xxv, t. xx, col. 701, ne voulait pas attribuer l’Apocalypse à Jean Marc, parce que celui-ci n’était pas allé en Asie avec Paul et Barnabe.

4° Marc d’après la tradition. — 1. Du reste, la tradition ecclésiastique confirme les relations de Marc avec saint Pierre et elle caractérise ces relations en disant que Marc a été èpn-i)veuT^ ; IIlîpov. C’est l’expression de Papias rapportée par Eusèbe, H. E., iii, 39, t. xx, col. 300. Elle a été interprétée de différentes manières. Les uns lui ont donné le sens de truchement, comme si saint Marc traduisait en grec ou en latin les prédications que saint Pierre ne pouvait faire qu’en araméen. Mais le prince des apôtres savait le grec suffisamment pour s’exprimer et se faire comprendre en cette langue. Les autres ont pris ce terme dans sa signification de secrétaire, de sorte que saint Marc aurait été chargé d’écrire les lettres de saint Pierre. Mais plus généralement on l’a entendu dans le sens que Marc a rédigé son Évangile d’après les prédications de saint Pierre. Voir Marc (Évangile de saint). Cf. G. Dalman, Die Worte Jesu, Leipzig, 1898, t. i, p. 48-49.

2. Si l’ancienne tradition a reconnu en saint Marc le disciple successif des apôtres Pierre et Paul, elle a déclaré par la plume de Papias, consignant par écrit le témoignage du prêtre Jean, que Marc n’a pas vu le Seigneur et n’a pas entendu ses discours. Eusèbe, loc. cit. L’auteur du Dialogue d’Adamantvus, c. v (voir W. H van de Sande Bakhuysen, Der Dialog. des Adamantins, Leipzig, 1901, p. 8) ; Eusèbe lui-même, Demonst. evang., 1. III, 5, t. xxil, col. 197 ; saint Jérôme, In Matth., præf., t. xxvi, col. 18 ; saint Augustin, De consensu Evangelist., i, i, 2, t. xxxiv, col. 1043 ; Cont. Faust., Xvn, 3, t. xlii, col. 341, ont répété la même chose. Une

tradition postérieure et sans fondement historique a fait de saint Marc un des soixante-douze disciples. L’auteur du Dialogue d’Adamantins, ibid., p. 10 ; S. Épiphane, Hser. xx, 4, t. xli, col. 280. L’évêque de Salamine, Hser. li, 6, col. 900, disait encore qu’après s’être attaché de bonne heure à Jésus, Marc fut un des disciples qui l’abandonnèrent, après le discours sur la promesse de l’eucharistie. Joa., vi, 66. Zahn, Einleitung in das N. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 201, a interprété les premiers mots du canon de Muratori : Quibus tamen interfuit et ita posait, comme s’il y avait : Aliquibus interfuit, dans le sens que Marc avait assisté à quelques-uns des événements de la vie de Jésus qu’il racontait dans son Évangile, bien qu’il n’ait pas été un disciple du Sauveur. Toutefois il n’y a pas de raison de penser que Marc était « cet autre disciple », qui introduisit Pierre chez Caïphe. Joa., xviii, 15. D’antre part, le moine Alexandre, dont le témoignage est cité, Acta sanctorum, junii t. ii, p. 440, a prétendu que Marc était l’homme, portant une cruche, qui mena Pierre et Jean au cénacle, la maison de sa mère. Marc, xiv, 13. Avec plus de vraisemblance, beaucoup de critiques modernes pensent, en raison de la manière dont l’incident est rapporté par lui seul, que Marc était lui-même ce jeune homme qui, à Gethsémani, laissa aux mains des soldats le linceul dont il était couvert et s’enfuit nu. Marc., xlv, 51-52. Belser, Einleitung in das N. T., p. 69, estime même que Marc dans cet accoutrement avait suivi Jésus depuis le Cénacle qui était la maison de sa mère. Les partisans de ce sentiment le concilient avec l’ancienne tradition en disant que Marc n’aurait vu Jésus que dans cette circonstance et occasionnellement. Cf. Zahn, Die Dormitio Sanctse Virginis und das Haus des Johannes Marcus, dans la Neue kirchl. Zeitschrift, 1899, t. x, fasc. 5.

3. Un autre détail traditionnel concernerait l’origine Jévitique de Marc. L’auteur des Philosophumena, vii, 30, t. vi, col. 3334, désigne Marc par cette épithète singulière, « l’homme au doigt coupé, » xoXo608<i)cnj).oç. Cette expression est expliquée par divers documents de peu d’autorité. Un vieil argument, reproduit dans beaucoup de manuscrits de la Vulgate, rapporte que Marc, qui était de race lévitique, exerçait les fonctions de son ordre en Israël, mais que, après sa conversion à la foi catholique, il se coupa, dit-on, le pouce afin de se rendre incapable de remplir les actes du sacerdoce hébraïque. Corssen, Monarchianische Prologue, dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1, p. 9-10 ; Tischendorf, Codex Amiatinus, Leipzig, 1854, p. 59 ; Wordsworth et White, Novum^ Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford, 1891, t. i, fasc. 2, p. 171-173. Le même détail est fourni par un manuscrit arabe, décrit par Fleischer, dans Zeitschrift der deutschen morgenlandischen Gesellschaft, Leipzig, 1854, t. viii, p. 566. Cependant une autre explication de cette épithète est donnée dans une préface copiée dans le manuscrit Toletanus de la Vulgate : Marcus gui et colobodactilus est nominatus ideo quod a cetera corporis proceritalem digitos minores habuisset. Wordsworth et White, loc. cit., p. 171. Cf. E. Nestlé, Marcus colobodactilus, dans la Zeitschrift fur neutestamentliche Wissenschaft, t. iv, p. 347.

4. Une dernière donnée fournie par la tradition ecclésiastique sur saint Marc fait du second évangéliste le fondateur de l’église d’Alexandrie. Le fait est attesté par de nombreux témoignages de nature diverse et d’origine revativement récente. Eusèbe, H. E., ii, 16, t. xx, col. 173. Cf. Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1740, t. H, p. 334 ; Acta sanctorum, junii t. H, p. l*-6 Mais il est malaisé de fixer la date de cet événement. Eusèbe, Chronic, t. xix, col. 539, rapporte le fait aux premières années de Claude (42 ou 43). Cf. S. Jérôme, Chronic., t. xxvii, col. 579. Il est bien diffi-