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voyageurs et des commentateurs qui se refusent à l’admettre. Les explorateurs anglais de VOrdnance Survey of the Peninsula of Sinai, 1868, ne se prononcent pas sur la localisation de Marah. F. von Hummelauer, Comment, in Exod., Paris, 1897, p. 163, acceptant l’opinion de Hitzig, identifie Marah avec Aïn-Naba ou Aïn-el-Gharqad, où est une fontaine très abondante d’eau saumâtre, à trois heures de Suez vers le sud, et une heure avant Ayoun-Mouça dans la même direction. Hummelauer, pour confirmer son opinion, dit que « les trois jours » de distance dont parle le texte sont indiqués non pas pour déterminer le temps employé pour arriver de la mer Rouge à Marah, mais pour faire ressortir la grande soif qui tourmentait les Israélites. Il faut reconnaître que dans l’état actuel de nos connaissances, comme nous ignorons le point précis du passage de la

divisé dans le sens de la longueur, le jeta dans la fontaine et commanda aux Hébreux d’ôter l’eau de dessus, les assurant que au-dessous ils y trouveraient une eau potable, ce qui arriva. On ne saurait dire si l’historien juif a inventé ces détails ou s’il les a empruntés à quelque tradition populaire. Il ne détermine pas du reste quel était le bois employé. Les Pères de l’Église, sans examiner pour la plupart si la propriété de ce bois était naturelle ou non, et sans rechercher sa nature, se bornent à signaler le type figuratif du bois de la Croix. Cf. Cornélius a Lapide, Comment, in Exod., Naplès, 1854, t. i, p. 371. Cependant S. Augustin, Quxst. in Heptat., t. xxxiv, col. 615, avec raison ne se prononce pas sur le caractère naturel ou surnaturel de la propriété curative du bois. Le Pseudo-Augustin, De mirab. S. Script., Pair, lat., t. xxxv, col. 2167, nie que la propriété

212. — Le AinEaouarah.

mer Rouge, et la route exacte suivie par les Israélites pour se rendre au Sinaï, nous ne pouvons pas établir avec certitude le site de Marah ; mais si l’on admet avec un grand nombre d’auteurs anciens et modernes que le passage de la mer Rouge est bien vers l’extrémité nord du golfe de Suez actuel, l’identification de Marah .avec Aïn-Haouarah est très vraisemblable. Cf. Vigouxoux, La Bible, t. ii, p. 452.

II. Les eaux amères ou saumatres. — Le texte sacré, Exod., xv, 25, dit que Moïse adoucit les eaux de Marah, jour que son peuple pût les boire, au moyen d’un bois que le Seigneur lui indiqua. Ce fait est menlionné encore dans Judith, v, 15, et Eccli., xxxviii, 5. L’effet de l’adoucissement des eaux de Marah fut-il dû à une propriété spéciale de ce bois, ou à une action directe de Dieu ? Le bois en question avait-il naturellement cette propriété, ou bien la reçut-il seulement dans ce cas ? Le’êf de l’hébreu est-il un bois connu ?

Voilà les questions que se sont posées beaucoup de voyageurs et d’exégètes anciens et modernes sans arriver à les résoudre d’une manière satisfaisante. — D’après Josèphe, Ant. jud., III, i, 2, Moïse, ému par les plaintes du peuple, pria Dieu, prit un bâton et après l’avoir

en question fût naturelle. Les exégètes modernes se divisent, quoique la majeure partie d’entre eux retient qu’il s’agit d’une propriété naturelle. — Elle est surnaturelle d’après R. Salomon, Abulensis, Glassius, Léon de Laborde, Commentaire géographique de l’Exode, in-f°. Paris, 1841, p. 84, et autres. — Elle est naturelle, d’après Nicolas de Lyre, Ménochius, Tirinus, Valois, Cajetan, Estius, et les modernes généralement. L’Ecclésiastique, xxxviu, 4-5, semble confirmer cette opinion. Cf. Cornélius a Lapide, Comment, in Pentateuch., Anvers, 1697, p. 457 ; J. de la Haye, Biblia Maxima, Paris, 1660, t. II, p. 125 ; dom Calmet, Comment, in S. Script., Lucques, 1730, t. i, p. 455.

La même variété d’opinions existe parmi ceux qui ont essayé de trouver la plante ou l’arbuste correspondant A Ves de l’Exode. Selon R. Salomon et Abulensis, c’est Yadelpha, une plante très amère ; pour Glassius, c’est un poison. D’après Calmet, Dictionnaire de la Bible, édit. Migne, 1845-1846, t. iii, col. 332, les Orientaux l’appellent alnah. Parmi les explorateurs modernes, depuis Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 473, on a parlé beaucoup d’une plante appelée gharkad ou ghûrkûd, le peganum retusum de Forskal, Flora Mgyptiaco-arabica, in-4°,