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MAON

du roi Ezéchias, peur se procurer des pâturages pour leurs troupeaux ? Certains le pensent, mais cette opinion est communément repoussée comme contraire au contexte indiquant clairement une région lointaine, à l’orient de l’Arâbah désignée par le nom de s la vallée ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1002, et Gador, t. iii, col. 34.

— La Maon désignée en ce passage est une ville différente, située en effet à l’est de l’Arâbah et au sud-est du territoire de la tribu de Siméon, à vingt-cinq kilomètres environ au sud-est de Pétra, dans une région abondante en sources et fertile en pâturages. Voir Maonites. Il est moins facile de déterminer de quelle Maon il est parlé dans un autre passage des Paralipomènes où les Maonites sont nommés une seeonde fois. Il Par., xxvi, 7. « Dieu l’aida, dit le récit en parlant du roi Ozias, fils d’Amasias, contre les Philistins et contre les Arabes qui habitaient dans Gurbaal et contre les Maonites. » Les Maonites, ham-Me’ônîm dans le texte hébreu, sont devenus de, nouveau « les Minéens », ol Mwsûoi, dans les Septante, et les « Ammonites » dans la Vulgate. Le passage manque dans les versions syriaque et arabe. Les critiques qui croient trouver Gurbaal au pays des Philistins ou dans son voisinage, au tell el-Ghur ou à Ghurra, cherchent les Maonites du même passage non loin, à Maon de Juda. Suivant eux, le roi Ozias n’était pas en état de pousser une expédition militaire jusqu’au delà de l’Arâbah et de Pétra. Pour d’autres critiques le nom des Arabes seul suffit à reporter à l’orient l’expédition d’Ozias, car il n’est pas possible de les chercher à Maon de Juda ni même à l’ouest de l’Arâbah, région habitée au temps d’Ozias, par les Israélites et les Iduméens. Les Septante, d’ailleurs, en employant le même tiom dans les deux passages que nous venons de citer, n’indiquent-ils pas que pour eux, dans les deux cas, Il s’agit du même pays ? et en traduisant, dans le cas présent, le nom de Gurbaal par Pétra, ne témoignent-ils pas que les Arabes en question doivent se chercher l’orient de cette localité, et par conséquent aussi la Maon des Paralipomènes dont ils portent le nom ? Ct. Gurbaal, t. iii, col. 368-360, et Gesenius, Thésaurus, loc. cit. — Au retour de la captivité, le nom de Maon se retrouve dans le nom d’une tribu de Nathinéens revenus avec Zorobabel et appelés les benê-Mëônîm, « les fils des Maonites. s I Esd., ii, 50 ; II Esd., vii, 52. Il s’agit de Maon de Juda, d’après les uns ; de Maon d’Idumée plus probablement, d’après les autres, — Au premier siècle de l’ère chrétienne, Maon avait une population juive et une synagogue ; R. Yohanan ben Zakaï s’y rendait quelquefois. Mekhilta, sect. Yethro, 1, édit. Weiss, p. 69a ; Talmud de Babylone, Sabbath, 139 a ; cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 121. — Josèphe nomme Maon Emma, Ant. jud., VI, xiii, 6. Les Juifs des temps postérieurs la confondent avec une Maon voisine de Tibériade, connue dans le Talmud seulement, et qui paraît être l’Emmaûs ou « bains » de Tibériade de l’écrivain juif. Ant. jud., XVIII, ii, 3 ; Bell, jud, , IV, i, 3. Cf. Neubauer, Géographie, p. 121, note 11. — Au ive siècle, Eusèbe nomme « Maon (écrite par lui Maviiv) de la tribu de Juda », seulement pour indiquer un désert à l’orient de la Daroma, et en la citant n’ajoute rien de plus. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 276 ; De sitn et nomin. hebraic., t. xxiii, col. 909. — Les ruines de Ma’in, ainsi que celles de Kermel, sont considérées par lés gens de Tatta comme leur propriété ; ils envoient paître leurs troupeaux aux alentours. — Voir Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 193196 ; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 170-172 ; A^ P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1871, p. 530 ; Survey of the western Palestine, Memoirs, 1881-1883, t. iii, p. 404.

L. Heidet.

3. MAON (DÉSERT DE) (hébreu : Midbar-Mâ l ôn ; Septante : ^ êpiino ; Màciv), région inculte et sans villes

à l’orient de la localité du même nom. — Ce désert est indiqué « dans l’Arâbah, à la droite de Jésimon ». I Reg., xxiii, 24. Les Septante, au lien de bâ-ârâbâh, « dans le désert, » ont lu ma-ârâbàh, « à l’occident, » à tort, ce semble, car « à l’occident », sans complément, paraît un non-sens. La Vulgate a suivi les Massorètes et a traduit par in campestribus, « dans la campagne, » c’est-à-dire sans doute dans le territoire désert s’étendant à l’ouest de la mer Morte et connu en général sous le nom de « désert de Juda ». Le Targum a rendu la locution hébraïque « à droite » par un mot indiquant sa signification précise, c’est-à-dire « au sud », de-mid-dâraûm. La version syriaque s’est contentée de dire « à côté ».

I. Description. — 1° Situation. — Le désert de Maon est la partie du désert de Juda située vers le sud de la région pierreuse, sauvage et abandonnée, située en face d’Hébron et de Ziph et particulièrement connue sous le nom de Jésimon. Voir 9 Juda (Désert de), t. iii, col. 17741775, et Jésimon, col. 1400-1401. —Le territoire de Carmel était compris dans le désert de Maon. Cf. I Reg., xxv, 2. Le territoire de Maon lui est assigné par le nom lui-même. — S’il est inutile de songer à tracer des limites précises à un territoire qui, non plus que tous ceux de même nature, n’en a jamais eu, on peut cependant déterminer assez exactement ce que les écrivains bibliques entendent par le désert de Maon. Voisin et au sud du désert de Ziph, puisque David, fuyant devant Saül venant du nord pour le poursuivre, arrive immédiatement au désert de Maon, I Reg., xxiii, 24-25, ce désert devait commencer à la vallée abrupte et profonde qui divisa naturellement les territoires de Ziph et de Maon et aujourd’hui appelée Vouddi-Moldqi. Si aucune donnée historique ne le restreint du côté du midi, il ne paraît pas possible de l’étendre au delà de Youâdi-Seyâl et de lui attribuer des territoires que d’autres villes, comme Arad ou Adada, devaient marquer de leur nom, en exerçant sur eux leur influence. Fixé à l’occident par les petites villes de Maon et de Carmel, il devait se développer jusqu’à la région désolée et déchiquetée, bordant sur une largeur d’environ 10 kilomètres le rivage de la mer Morte, que le désert d’Engaddi ou le Jésimon réclament pour eux.

2° Caractère*. — Les caractères du désert de Maon sont en général ceux du désert de Juda au sud-est de Jérusalem et à l’est de Bethléhena. C’est un massif de collines d’un calcaire crétacé, recouvertes d’un sol peu profond de sable formé de pierre écaillée, de silex broyé et de gravier. Çà et là le rocher apparaît nu et gris. Par régions croissent des lentisques, des genêtsdu pays ^à fleur blanche et quelques autres arbustes épineux. Pendant l’hiver, quand les pluies tombent abondantes, le sol se recouvre d’un tapis de gazon ténu et court, d’un vert tendre, parsemé de fleurs nombreuses aux plus vives couleurs ; pendant l’été, ce gazon desséché et jauni suffit encore, pour leur nourriture, auxtroupeaux de chèvres et de moutons qui paissent toute l’année sur le flanc des collines. En quelques endroits, au fond d’une vallée ou sur un étroit plateau, de petits espaces, où s’est réunie un peu de terre végétale, sont semés d’orge ou de doura. Près de leur enclos, la famille du bédouin a dressé ses tentes pour surveiller d’un œil jaloux son petit champ et sa moisson. Les silos et les citernes creusés dans le roc dès les temps les plus anciens sont à côté. Les silos garderont les produits de la récolte et la paille dont seront nourris les chameaux ; les citernes, obstruées par de grandes pierres, conserveront la provision d’eau où pendant la saison sèche les femmes du campement transporté plus loin viendront encore remplir leurs outres et où le pasteur amènera ses brebis au milieu de la journée pour les abreuver. Le désert de Maon n’est pas le désert horrible et inhabité, c’est le désert aux horizons ouverts et vastes, brillant le matin et le soir des miroitements cristallins de. la pourpre et de l’or, c’est la grande campagne à l’air pur, embaumé et vivi-