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MAMBRÉ

MAMMON

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venant de Jérusalem, au sommet d’une haute montagne et à deux verstes ou environ 3 kilomètres, semble bien nous conduire au chêne de Vouadi Sebtâ. Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, traduction KMtrowo, Genève, 1889, p. 44. Dès lors nous voyons tous les pèlerins de l’Occident se diriger du même côté, bien qu’ils trouvent le chêne plutôt au pied de la montagne. Cf. Fretellus (v. 1120), Liber locorum sanctorum, t. clv, col. 1039-1040 ; Jean de Wûrzbourg (1130), Descriptio Terrm Sanctse, ibid., col. 1067 ; Anonyme (v. 1130), dans de Vogué, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p, 414 ; Theodoricus, Libellus de locis sanctis <vers 1172), édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 81 ; Eugésippe (vers 1200), De distantiis locorum sanctorum, Patr. Gr., t. cxxxiii, col. 995 ; Thielmar (1217), Peregrinatio, édit. Laurent, Hambourg, 1857, p. 29 ; Burchard, Descriptio Terres Sanclæ, ’! ' édit.Laurent, Leipzig, 1873, p. 81 ; Odoric de Pordonone en Frioul, De Terra Sancta, ibid., p. 154, et la plupart des pèlerins des siècles suivants ; Quaresmius, Elucidatio Terrx Sancta}, Anvers, 1639, t. ii, p. 767. Les visiteurs juifs semblent marcher <lans le même chemin. Cf. Benjamin de Tudèle (1173), Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1633, p. 49 ; Samuel ben Simson (1210), Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 128 ; Uri de Biel (1564), Tombeaux des Patriarches, ibid., p. 434-435.

Quant aux Arabes, tous, ainsi que Mudjir ed-Dln (1496), ont constamment maintenu à l’endroit appelé er-Râméh, Je lieu de l’habitation d’Abraham ou Mambré. Cf. Yaqout (1225), Dictionnaire géographique, édit. Vûstenfeld, Leipzig, 1886, t. ii, p. 736 ; Aly de Hérat (1173), Lieux de pèlerinages, dans Guy le étrange, Palestine under the Moslems, d’après un manuscrit d’Oxford, 1890, p. 518 ; Anonyme (1300), Mardsid el-Iltild, édit. Juynboll, Leyde, 1859, 1. 1, p. 456. — Les palestinologues modernes, à deux^ou trois exceptions près, s’accordent tous à considérer la tradition de Vouadi Sebtâ comme une erreur difficilement explicable et à reconnaître dans le Ijaràm Remet él-Khalîl l’emplacement du vrai chêne d’Abraham connu des anciens et son site pour celui de Mambré. Voir E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. i> p. 318 ; F. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, Paris, 1865, t. i, p. 150 ; t. ii, p. 351 ; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, Paris, 1869, t. iii, p. 267-284 ; Rich. von Riess, Biblische Géographe, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 61 ; Conder et Kitchner, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1877-1880, t. iii, p. 322, 377 ; Fr. Liévin de Hamme, O. M., Guide indicateur des sanctuaires et lieux historiques de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, 1. ii, p. 100-109 ; Buhl, Géographie des Alten Palàstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 160.

L, Heidet.

3. MAMBRÉ (Septante : ’Agpwvï), torrent. Judith, ii, 14 (grec, 24). Le nom de Mambré dans la Vulgate est "vraisemblablement une forme corrompue du nom de la rivière Chaboras (un peu moins défiguré dans le grec’Agpwvà). Le Chaboras étant inconnu des traducteurs ou des copistes, ils ont mis à sa place un antre nom. C’est ainsi que la Peschito porte Jaboc. Voir Jaboc, t. iii, col. 1056. Le sens le plus probable du texte est qu’Holoferne fit une razzia depuis le Chaboras jusqu’au golfe Persique. Le Chaboras est appelé Habor dans les Rois. IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11 ; I Par., v, 26. Voir Habor, t. iii, col. 382. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, n. 542, p. 194-196 ; Id., La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 115-116.

    1. MAMBRÈS##

MAMBRÈS (grec : ’Iapiêp^ ; la Vulgate semble avoir lu Mau.ëpïj « ), un des magiciens d’Egypte qui résistèrent à Moïse. II Tim., iii, 8. Ct. Exod., vii, 11. Le Talmud de Babylone, Menach., 9, dans la Ghemara,

l’appelle kidd, Mamrâ (Mambrès), comme la Vulgate.’Voir J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. B. Fischer, 1869, au mot » uni », p. 481. Cf. Numenius, IlEp ! ciyaSa-j, dans Eusèbe, Prsep. evang., ix, 8, t. xxi, col. 696 ; Pline, H. N., xxx, 2, note dans l’édit. Lemaire, t. viii, p. 288. Saint Paul nomme Mambrès avec Jannès. Voir Jannès, t. iii, col. 1119.

    1. MAMMON##

MAMMON (u.aquovâ, ou plutôt [ia[iwvâ ; Vulgate : mammona ; en araméen : Wro, état emphatique de

; ioD). L’étymologie de ce mot est incertaine. E.Kautzsch, 

Grammatik des Biblisch-Aramâischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. Il. Cf. G. Dalman, Grammatik des jud.-palàst. Aramâisch, in-8°, Leipzig, 1894, p. 135 ; Levy, Neu-Hebrâisches und Chaldàisches Wôrterbuch, 4 in-4°, Leipzig, t. iii, 1883, p. 138-139. Le double m qu’on trouvo dans de nombreuses éditions grecques est fautif. Eb. Nestlé, dans Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, 1902, col. 2913. — Ce mot se lit quatre fois dans le Nouveau Testament. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 9, 11, 13. On ne le rencontre pas dans l’hébreu biblique, mais il est dans le Targum (Onkelos, mn, Exod., xxii, 30 [Walton, Polyglott.,

t. i, p. 319], pour traduire l’hébreu kôfér, Vulgate, pretium), et dans la Mischna, Pirke Aboth, ii, 12, etc. Voir J. Buxtorf, Lexicon talmudicum, édit. B. Fischer, 1869, p. 619.— Les Septante semblent avoir lu Mammon, au lieu de’émûndh, « vérité, fidélité, » dans le Ps. xxxvi (hébreu, xxxvji), 3, car ils ont traduit iùoùtoç (Vulgate : divitim). Saint Augustin, qui connaissait la langue punique, la même que le phénicien, traduit mammona par divitise, « richesses, » Qumst. Evang., ii, 34, t. xxxiv, col. 1340 ; Enarrat. in Ps. lui, 2, t. xxxvi, col. 620, et par lucrum, « gain, » De serm. Dom. in mont., n, 47 ; Serm. cxiii, 2, t. xxxviii, col. 648. Dans ces deux endroits, il dit que mammona signifie « richesses » en hébreu et « gain d en punique. Le sens de « richesses » dans l’Évangile ne peut être contesté ; c’est aussi la signification de ce mot en araméen. Voir Payne Smith, Thésaurus syriacus, t. H, Oxford, 1901, col. 2149-2150. Quelques-uns ont prétendu à tort que mammon veut dire « trésor ». « NJiDD ne signifie pas

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trésor, chose cachée, dit M. Rubens Duval, dans la Revue des études juives, t. ix, 1884, p. 143, mais simplement biens, fortune ; les Juifs de Salamâs l’emploient aujourd’hui dans le sens de marchandise. » — Les commentateurs ont souvent supposé que Mammon était une divinité adorée par les Chananéens et qui personnifiait les richesses, comme le Plutus des Grecs et des Romains : Mammona, Syra lingua, divitise, dit la Glossa ordinaria, In Matth., vi, 24, Patr. Lat., t. exiv, col. 10, et elle ajoute : Dicitur hoc nomen esse dxmonis gui prseest divitiis. Cette hypothèse n’est établie par aucun document. Notre-Seigneur, en personnifiant Mammon, ne le considère pas pour cela comme un faux dieu ou une véritable idole ; il emploie une figure de langage, comme les Didascalia (dans Edm. Hanler, Eine latinische Palimpsestûbersetzung der Didascalia Apostolorum, in-8°, Vienne, 1896, p. 46) : De solo mammona cogitant, quorum Deus est sacculus, ou comme Tertullien, quand il écrit, en parlant de mammona, Adv. Marc, iv, 33, t. ii, col. 439 ; Injustifiée auctorem et dominatorem totius sseculi nummuni scimus omnes. Le Sauveur, en ajoutant à mammona le mot ttj ; àStxca ; , iniquitatis, Luc, xvt, 9, indique qu’il veut parler des richesses injustement acquises et qu’il prend le mot mammon comme un nom commun. La locution « mammon d’iniquité on d’injustice » semble d’ailleurs avoir été courante et comme proverbiale, car on la trouve souvent dans les Targums et le Talmud. Eb. Nestlé, dans Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, col. 2914

F. VlGOUROt’X.