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MAMBRÉ


les interstices sont remplis avec des pierres ordinaires. La hauteur est de 2 à 3 mètres. Les parois extérieures sont plus soignées que les parois intérieures. L’ouverture donnant accès dans l’enceinte se trouve dans le mur occidental. À l’angle intérieur sud-ouest, se trouve le puits appelé bîr el-Khalîl (fig. 192). Il est formé de belles pierres très régulièrement taillées, mais ne mesurant pas plus de 0°>70 sur m 40 de largeur ; le travail de cet appareil ne paraît pas remonter au delà de la période byzantine. La profondeur actuelle du puits est de 7 mètres et son diamètre de 3. Un arc en plein cintre est à cheval sur l’orifice, qui paraît avoir été autrefois protégé par une voûte. L’eau n’y fait défaut ni été, ni hiver. Des auges en pierre sont disposées à côté du puits pour l’abreuvage des animaux. L’aire du harâm paraît avoir été disposée en trois terrasses s’élevant en gradins l’une au-dessus de l’autre. L’espace est en grande partie recouvert de terre et de décombres. — À l’orient de l’enceinte, à 60 mètres environ, on remarque la ruine d’un édifice de 20 mètres environ de longueur et de 15 de largeur. Son appareil, d’un beau travail, ressemble à celui du puits. Les décombres qui recouvrent en grande partie la ruine ne permettent pas de déterminer sa destination. Non loin sont des pressoirs antiques taillés dans le roc et aux alentours des restes de constructions. L’ensemble de ces ruines est désigné sous le nom de khirbet Remet el-Khalîl. Au delà, la plaine commence à s’affaisser et se creuse peu à peu en un vallon qui se dirige vers l’est-sud-est ; c’est à lui qu’est donnée l’appellation de hallet el^Botméh. À 250 mètres de l’enceinte, au sudouest, au fond d’une petite caverne, jaillit une source qui m’a été désignée sous le nom de’aïn Sdrah, « la fontaine de Sara, » différente d’une autre identique de nom située plus près d’Hébron. Le sommet voisin au midi, où se voient quelques ruines, est appelé encore er-Ràméh. — La colline se prolonge vers Hébron et un second sommet, où se voient aussi des vestiges d’anciennes habitations, reçoit, en cet endroit, le nom de Namré’et la ruine celui de khirbet Nanire". Ce nom différant seulement de Mambré par sa première radicale N qui, dans la langue arabe, remplace fréquemment la lettre M des mots hébreux qui lui sont communs, est considéré par les indigènes comme positivement identique au

nom biblique. « El-Khalîl habitait à Namré, ( « jjf, sous

la tente. Ce lieu est voisin de la localité de N. S. el-Khalîl (sur lui soient le salut et la bénédiction), du côté du nord ; c’est une région où il y a une source d’eau et des vignes, » dit Mudjir ed-Oîn, qâdi de Jérusalem vers la fin du xv « siècle, dans son Histoire de Jérusalem et d’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424. Après avoir désigné toute la région, le nom de Namré est demeuré attaché à la partie la plus méridionale seulement.

Une autre hauteur, à l’ouest du harâm et à droite de la route, est nommée Râmet el-’Amléh. Sous cette hauteur au midi, commence l’ouâd’etTuffâh, « la vallée des Pommiers. » Elle se dirige du nord au sud pour aller rejoindre, un kilomètre et demi plus loin, Youâdi Sebtd’. Sur le côté occidental de Youâd’et-Tuffdh, à plus d’un kilomètre du harâm, on trouve une ruine assez étendue, près laquelle est une source et où l’on voit des voûtes en ogive. Elle est connue sous le nom de khirbet en-Nasâra’, « le village ruiné des chrétiens. » Les relations des pèlerins de la fin du xvii » siècle constatent encore en cet endroit la présence d’une église à trois nefs, avec trois portes. Une peinture reproduisait la fuite en Egypte et l’on disait que la Sainte Famille, fuyant vers l’Egypte, avait passé la nuit en cet endroit.

IV. Histoire. — 1<> Les patriarches à Mambré. — i. Abraham, après s’être séparé, à Béthel, de Lot, son neveu, vint dresser sa tente près d’Hébron, à Mambré.

Son premier soin fut d’y élever un autel au Seigneur. Gen., xiii, 18. Il y demeurait depuis quelque temps déjà, quand un fugitif vint lui apporter la nouvelle dé la victoire de Chodorlohomor sur les rois de la Pentapole et de la captivité de son neveu. Ibid., xiv, 13. — 2. Mambré fut le lieu de trois des principales manifestations de Dieu à son serviteur. La première fut celle où le Seigneur lui dit : « Ne crains pas, Abraham, je suis ton protecteur et ta récompense très grande. ^ Gen., xv,

1. Il lui promettait en même temps un fils qui serait son héritier ; il lui annonçait le retour de ses descendants d’Egypte et leur prise de possession de la terre de Chanaan. C’est dans cette apparition qu’il est question pour la première fois de l’alliance conclue avec Abraham. Gen., xv, 18. — Dans la seconde, le Seigneur se présenta à lui comme le Dieu tout-puissant et lui dit : « Marche devant moi et sois parfait. » Gen., xvii, 1. I ! prescrivit la circoncision comme marque de l’alliance avec Abraham et ses descendants ; le nom d’Abram fut changé en celui d’Abraham ; le fils promis devait être de Sara et appelé Isaac. Gen., xvii. —La troisième manifestation, et la plus célèbre fut celle des trois personnages mystérieux qui vinrent visiter Abraham, lui annoncer la naissance prochaine de son fils Isaac et la ruine de Sodome. Abraham les accueillit et les traita avec tous les égards de l’hospitalité la plus délicate, puis les accompagna à quelque distance de Mambré, pour les supplier en faveur des villes coupables. Gen., xvhi. — Quelque temps après, Abraham quittait Mambré, emportant l’espérance certaine de la naissance de l’héritier de la promesse. Gen., xviii, 10 et 14. Abraham était dans sa centième année quand il quitta Mambré. Ismaël, qui lui était né en cet endroit de sa servante Agar, était dans sa quatorzième année. Abraham avait séjourné en ce lieu tout ce temps et pendant les années qui précédèrent la naissance d’Ismaël, mais il est impossible d’en préciser le nombre. Cf. Gen., xvii, 1, 25 ; xxi, 5, et xiii, 18 ; xvi, 16. —

2. Isaac, sur les dernières années de sa vie, avait laissé Bersabée et était venu demeurer « à Mambré, ville d’Arbé qui est Hébron ». C’est là qu’il acheva sa carrière à l’âge de cent quatre-vingts ans. Gen., xxxv, 27-29. — 3. Jacob, y était venu rejoindre son père, à son retour de Mésopotamie et ne semble plus avoir quitté Mambré jusqu’au jour de son départ pour l’Egypte où il allait retrouver son fils Joseph. Gen., xxxv, 27 ; cf. xlvi, 1. C’est de Mambré, appelé en cet endroit la « vallée d’Hébron », ’êméq Hébron, mais dont l’identité ne paraît pas douteuse, que Jacob avait envoyé son fils Joseph, alors âgé de 16 ans, à Sichem, pour prendre des nouvelles de ses frères. Gen., xxxvii, 14. C’est donc là aussi qu’il faut localiser les autres faits racontés en ce même chapitre xxxvii, 1-Il et 31-36, c’est-à-dire l’histoire des songes de Joseph et de son enfance, celle de l’arrivée de sa robe ensanglantée et du deuil de Jacob ; de même les pourparlers pour le départ des fils du patriarche pour l’Egypte, au temps de la famine, xlii, 1-5, 29-35 ; XLIH, 1-15 ; puis l’arrivée des chariots envoyés par Joseph et le départ de la terre de Chanaan, xlv, 25-28 ; xlvi, 1. — Mambré n’est plus nommé dans la suite de l’histoire biblique, mais les Hébreux n’en perdaient pas le souvenir.

2° Le sanctuaire de Mambré. — Les divers lieux de la Terre Promise où les Patriarches séjournèrent ont été les premiers sanctuaires consacrés au culte du vrai Dieu et, pour cette raison, les Israélites les ont eu en vénération et y sont venus pratiquer eux-mêmes divers actes de religion. Si la Bible ne désigne pas catégoriquement Mambré, elle l’insinue du moins assez clairement III Reg., xv, 7-10. Absalom, préparant sa révolte, vient trouver son père David : « Permettez-moi, lui dit-il, d’accomplir le vœu que j’ai fait.au Seigneur [d’aller] en Hébron. Votre serviteur a fait ce vœu quand il était à Gessur de Syrie : « Si le Seigneur me ramène à Jérusa-