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MALTE — MALVENDA


matelots ne reconnurent d’abord pas l’Ile, mais ils y abordèrent à la nage, après que leur vaisseau eut échoué sur une langue de terre. Ils surent alors qu’ils étaient à Malte. Act., xxvil, 39, xxviii, 1. Les habitants de l’Ile, que saint Luc qualifie de barbares, témoignèrent aux naufragés une bienveillance peu commune. Il faisait froid et la pluie tombait ; ils allumèrent du feu. Paul ayant ramassé des broussailles pour les jeter dans le brasier, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur et s’attacha à sa main. Tout d’abord les Maltais crurent voir là une punition de la justice et considérèrent saint Paul comme un meurtrier. Puis voyant qu’il n’avait aucun mal, ils le prirent pour un dieu. Act., xxviii, 26. Un des principaux personnages de l’Ile, nommé Publius, hébergea les naufragés pendant trois jours. Saint Paul guérit le père de Publius en lui imposant les mains. Cette guérison lui attira de grands honneurs et, à leur départ de l’île qui eut lieu trois mois après, les naufragés reçurent des habitants tout ce qui leur était nécessaire pour la route. Act., xxviii, 7-11.

Malte se convertit peu à peu et depuis lors le christianisme y a toujours été florissant. « Jamais, dans la fertile Malte, graine confiée à la terre n’a germé comme la semence jetée par ce naufragé ; de tous les conquérants successifs qui ont passé sur l’île, celui-là est le seul dont le règne ait été durable et que les Maltais n’aient point oublié. » R. Pinon, Deux forteresses de la plus grande Bretagne, dans la Revue des Deux Mondes, 15 juin 1903, p. 855. L’église cathédrale rappelle aux habitants de l’île le souvenir de saint Paul. « La cathédrale de San Paolo est bâtie sur l’emplacement même de la petite grotte où la tradition veut que saint Paul ait habité et qui subsiste, très vénérée, dans la crypte de l’église. » lbid., p. 857.

Quelques commentateurs des Actes ont prétendu que l’île à laquelle avait abordé saint Paul n’était pas Malte, mais une4jg de l’Adriatique, Mélita, aujourd’hui Méléda, sur les côtes de Dalmatie. Les sondages indiqués par saint Luc, vingt brasses, puis bientôt après quinze brasses, Act., xxvii, 28, se rapportent à Malte et non à Méléda. Voir la carte du service hydrographique de la marine autrichienne, Kùslen Karte, Blatt 22, Méléda, édit. de 1879. À Méléda la pente est si rapide qu’on n’aurait pas eu le temps de retrouver une profondeur de quinze brasses après avoir trouvé celle de vingt. A. Breusing, Die Nautik der Alten, in-8°, Brème, 1886, p, 190. La baie de Malte où les naufragés abordèrent porte aujourd’hui le nom de San Paolo. Elle est située au nord-est de l’île. L’emplacement répond exactement à la description de saint Luc. À l’extrémité sud-ouest de la baie est la place où abordèrent les naufragés, qui devaient être nécessairement portés là par le courant tel qu’il est orienté. Au milieu de la passe se trouve le banc sur lequel échoua le navire. J. Vars, L’art nautique dans l’antiquité, in-12, Paris, 1887, p. 258-259 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., in-12, Paris, 1896, p. 341-346.

2° Description et histoire de Malte. — L’île de Malte est située par 35°54’de latitude nord et 13°40’de longitude est. C’est l’île principale d’un groupe auquel elle donne son nom et qui se compose, en outre, des îles Gozzo, anciennement Gaulos, Comino et Cominotto. L’île de Malte a 255 kilomètres carrés soit 28 kilomètres de long sur 16 de large. C’est un vaste rocher calcaire. Elle a aujourd’hui plus de 165000 habitants, dont 60000 pour le chef-lieu, la Cité-Valette. La végétation y est très riche. Elle produit du coton, des oranges, et des roses. Malgré son peu d’étendue, Malte, à cause de sa situation et de l’excellence de ses ports, a une importance commerciale très grande. Aussi les Phéniciens l’occupèrent-ils dés une époque très reculée. Diodore de Sicile, v, 12. Elle devint plus tard une colonie de

Carthage. Scylax, Perip., 111, dans les Geogràph. minor. , édit. Didot, 1. 1, p. 89. La prospérité de l’île devint très grande ainsi que son industrie, Diodore, loc. cit., mais nous savons peu de chose de son histoire. En 218 avant J.-C, Hamilcar rendit Malte aux Romains. Tite Live, xxi, 51. Elle fut annexée à la province de Sicile. Au temps de Cicéron les Maltais étaient encore fameux par leurs manufactures d’étoffes de coton, très recherchées à Rome où on les appelait veslis Melitensis. Cicéron, In Verrem, ii, 72 ; iv, 46 ; cf. Diodore, v, 12. Le coton est toujours une des principales productions de l’île. On y trouvait aussi déjà du temps de Strabon, VI, II, 11, une race de petits chiens qui y existe encore. Les habitants de Malte parlaient un dialecte punique, ce qui explique pourquoi saint Luc les appelle « barbares ». On y trouve des inscriptions en cette langue. Comptes inscr. grssc, n. 5753 ; Corpus inscr. semitic, pars I, n. 124. Leurs mœurs étaient douces et leur caractère généreux. Il n’y a plus aujourd’hui de serpents venimeux dans l’île, les habitants attribuent ce bienfait à l’intervention de saint Paul. Breusing, Die Nautik, p. 191, remarque que l’île, étant autrefois très boisée, devait avoir des serpents qui ont disparu avec le déboisement. Il y avait à Malte une ville importante située où est aujourd’hui Citta Vecchia, qui était en relations d’amitié avec les Syracusains et dont les magistrats sont nommés dans une inscription grecque : îepo6ÛTi) ; et ap^ovireç. Kaibel, Inscriptiones grsecse ltalise et Sicilix, in-f°, Berlin, 1890, n.953. On possède aussi des monnaies de cette ville avec l’inscription MEAITAIÛN (lig. 189).

189. — Monnaie de l’ile de Malte.

MEMTAIQN. Tête de femme à gauche, coiffée à l’égyptienne et surmontée d’un lotus. — ^. Figure virile, accroupie et mitrée avec quatre ailes, tenant dans sa main droite la harpa et dans la gauche un fouet.

Mionnet, Description de médailles antiques, 1. 1, p. 342, n. 17-27. Le titre de Ttpàiiot, princeps, que les Actes donnent à Publius, se retrouve dans une inscription grecque dédiée à un certain L. Prudens, chevalier romain. Kaibel, Inscript, greec. Italise et Siciliee, n. 601. Voir Publius. — Après avoir été soumise aux Goths, aux empereurs grecs, aux Arabes, aux Normands et au royaume des Deux-Siciles, elle fut cédée aux chevaliers de Rhodes par Charles-Quint en 1530. C’est alors que ceux-ci prirent le nom de chevaliers de Malte. En 1798 Bonaparte s’en empara, mais en 1800 elle tomba au pouvoir des Anglais, en la possession de qui elle est encore aujourd’hui.

Bibliographie. — J. Smith, The voyage and shipwrech of St. Paul, in-8°, Londres, 1848 ; J. S. Bayot, Mer Méditerranée, côte de Tunis, îles Maltaises, in-8°, Paris, 1876 ; W. M. Ramsay, St. Paul, the traveller and the citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 342. E. Beurlier.

    1. MALVENDA Thomas##

MALVENDA Thomas, exégète dominicain espagnol, né à Xativa en 1566, mort à Valence (Espagne) en 1628. Il entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs en 1582. Il se livra avec ardeur à l’étude du grec, de l’hébreu, de la Sainte Écriture, de la théologie et de l’histoire ecclésiastique. Appelé à Rome, à cause de sa science, il y passa une dizaine d’années et retourna en Espagne en 1610. Parmi ses écrits, on doit signaler son Commetitarius de paradiso voluptalis, in-4°, Rome, 1605, et surtout le