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MAL — MALACHIE

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col. 846-S47. Il est cependant noté que Dieu n’est pas insensible aux afflictions de ses serviteurs :

Jéhovah est près de ceux qui ont le cœur brisé, It secourt ceux qui ont l’esprit affligé. Les afflictions du juste sont nombreuses, Mais Jéhovah le délivre de toutes.

Ps. xxxiv (xxxiii), 19-20.

L’auteur du Psaume cxix (cxviii), 25, 28, 50, 67, 71, 75, 87, 107, 143, 153, est un juste qui accepte l’épreuve en expiation de ses fautes et avec confiance en la bonté de Dieu. — 4° Au livre de Tobie, iii, 21, il est’dit que la couronne vient après l’épreuve, la délivrance après la tribulation et la miséricorde après la correction. L’ange Raphaël présente même l’épreuve comme une nécessité pour celui qui plaît à Dieu. Tob., xii, 13. L’Ecclésiastique, xxvii, 6, dit que la tribulation sert à éprouver les justes. D’autres passages promettent la protection de Dieu contre le mal. Ps. xxm (xxii), 4 ; xci (xc), 10 ; cxxi (cxx), 7 ; Sap., xvi, 8 ; Eccli., xxxiii, 1. Mais toutes ces remarques des auteurs sacrés ne dépassent pas les horizons du temps. On ne cherche pas dans la pensée de l’autre vie l’explication des épreuves de la vie présente. Il ne pouvait en être autrement pour un peuple chez qui la notion de la vie future n’a atteint que tardivement son complet développement. — 5° L’auteur de la Sagesse, voisin des temps évangéliques, a sur la raison d’être du mal physique des idées qui tranchent totalement avec celles des écrivains précédents. Il représente les justes en proie à l’épreuve et victimes de la persécution des impies. « Aux veux des hommes, ils ont enduré des tourments, mais leur espérance est pleine d’immortalité. Pour quelques vexations, ils auront de multiples avantages ; c’est Dieu qui les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. » Sap., iii, 4, 5. Au jugement de Dieu, après la mort, « les justes se lèveront avec une fi ère attitude contre ceux qui les auront persécutés… Ils vivront éternellement, car le Seigneur leur réserve la récompense et le Très-Haut garde leur souvenir ; ils auront en partage le glorieux royaume. » Sap., v, 1, 16,

17. C’est donc dans l’autre vie qu’il faut attendre la compensation des maux qui frappent les justes en celleci. Dès lors le mal physique n’est plus seulement une expiation du péché, un préservatif contre le mal moral, une épreuve qu’il faut accepter comme venant d’un Maître avec lequel il n’y a pas à discuter ; c’est encore un moyen que Dieu ménage au juste pour lui faire gagner le bonheur de l’autre vie.

m. d’après l’évangile. — 1° Notre-Seigneur, en face ds ceux qui souffrent, fait allusion aux diverses raisons d’être du mal physique énoncées dans l’Ancien Testament. Le mal moral est la première cause du mal physique ; aussi le Sauveur remet les péchés au paralytique avant de le guérir, Matth., ix, 2, 6 ; Marc, ii, 5, 11 ; ’Luc, v, 20, 24, et il dit à l’infirme de Bethesda : « Sois guéri et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire. » Joa., v, 14. — 2° Dans le livre de Job, Satan apparaît comme l’instigateur du mal physique ; l’Évangile montre une foule de pauvres gens rendus malades ou infirmes par les démons, voir Démoniaques, t. ii, col. 1374-1377, « molestés par les démons, » Luc, vi,

18, et une pauvre femme liée par Satan durant dix-huit ans. Luc, xiii, 16. — 3° La souffrance est une épreuve destinée à manifester la valeur morale de l’homme ; Notre-Seigneur parle de ceux qui ne se tirent pas à leur honneur de cette épreuve, et qui se détournent à l’approche de la persécution. Matth., xiii, 21 ; Marc, lv, 17. — 4° Le Seigneur se félicitait de la fidélité de Job au milieu des adversités qui l’accablaient, Job, ii, 3 ; de même c’est pour procurer la gloire de Dieu que l’aveugle-né et Lazare ont été frappés. Joa., îx, 3 ; xi, 4.

— 5° Les compensations promises au livre de la Sagesse sont expressément confirmées par le Sauveur dans la

parabole de Lazare et du mauvais riche : « Tu as reçu les biens dans ta vie et Lazare les maux : maintenant il est consolé et toi dans les tourments. » Luc, xvi, 25. — 6° Ce qui est propre à l’Évangile, c’est la béatitude ♦promise à ceux qui pleurent et qui souffrent persécution, Matth., v, 10-12 ; Luc, vi, 22, 23 ; c’est l’annonce de la persécution faite aux Apôtres comme celle d’une condition normale pour remplir leur ministère, Matth., x, 17 ; Joa., xv, 20 ; c’est l’obligation pour chacun de porter sa croix. Matth., xvi, 24 ; Marc, viii, 34 ; Luc, ix, 23. Du reste, le Sauveur lui-même montre par son exemple l’usage qu’il faut faire du mal physique. Il réalise à la lettre la prophétie d’Isaïe, lui, 3, 4, sur l’homme de douleur qui porte nos souffrances et se charge de nos maux, et après avoir passé par toutes les épreuves et par la mort volontaire, il déclare que le « Christ a dû souffrir ainsi pour entrer dans sa gloire ». Luc, xxiv, 26. De là, résulte pour le chrétien la nécessité de supporter, parfois de désirer et même de rechercher le mal physique, sous forme de pénitence volontaire, non seulement pour expier ses fautes, mais encore pour se rapprocher du Sauveur en l’imitant et arriver au ciel à sa suite. Voir Mortification.

iv. d’après les apôtres. — 1° Les Apôtres comprirent l’enseignement du divin Maître, et, battus de verges, « ils furent joyeux d’avoir été jugés dignes de souffrir l’outrage pour le nom de Jésus. » Act., v, 40, 41. Paul et Barnabe enseignaient aux fidèles de Lystre, d’Icône et d’Antioche que « c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». Act., xiv, 21. — 2° Saint Paul déclare que les maux physiques, de quelque nature qu’ils soient, ne pourront jamais le séparer de l’amour de Jésus-Christ. Rom., viii, 35. Il surabonde de joie en les souffrant, II Cor., vii, 4, et dit que les souffrances du temps, courtes et légères, valent au chrétien une incomparable gloire dans le ciel.

II Cor., iv, 17. Cf. Apoc, vii, 14.

H. Lesêtre.

li MALACHIE (hébreu : Male’âkî, « messager, envoyé ; » Septante : MaXaxi’a ? ; Vulgate : Malachias), un des douze petits prophètes et le dernier de l’Ancien Testament dans l’ordre des temps (fig. 186).

I. Le nom du prophète. — Malachie est-il le vrai nom du prophète ou n’est-il qu’un nom symbolique ? Ces deux opinions ont eu des partisans. 1° Quelquesuns soutiennent que Malachie n’est qu’un nom symbotique, 1. parce qu’il n’est mentionné nulle part ailleurs dans l’Ancien Testament : ni dans le livre d’Esdras, qui parle pourtant, I Ksd., v, 1 ; vi, 14, d’Aggée et de Zacharie, ni dans Néhémie, ni dans l’Ecclésiastique ; il est vrai que l’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 12, fait l’éloge « des douze (petits) prophètes » ; maison prétend qu’il compte dans leur nombre, à là place de Malachie, Esdras qui n’est pas nommé ailleurs. — 2^ Le nom, qui signifie : « mon messager, » « mon envoyé, » peut avoir été emprunté à Mal., iii, 1, où il s’agit de saint Jean-Baptiste. — 3. Les Septante, Mal., i, 1, ont pris Malachie pour un nom commun et traduit : « [Proposition du discours du Seigneur sur Israël] par son ange, êv x^’P 1 iYYÉXou aOtoO » (maVâkû pour malëâkî). — 4. Une tradition juive, consignée dans le Targum, identifie Malachie avec Esdras : « …par Malachie, nom par lequel on désigne Esdras le scribe. » Cf. S. Jérôme, Prol. in Mal., et In Mal., iii, 7, t, xxv, col. 1541-1542, 1569. - 5. Plusieurs commentateurs, Rupert, Calmet, Ribera, Vitringa, Hengstenberg, Reuss, se sont aussi ralliés à cette opinion. Voir Trochon, Les petits prophètes, in-8°, Paris, 1883, p. 496 ; Knabenbauer, In Proph. minores, 1886, t. ii, p. 410 ; Talmud, Baba Megillah, xv, 1. — Mais elle est rej’elée avec raison par le plus grand nombre des commentateurs anciens et’modemes. — 1. Si Esdras était l’auteur de cette prophétie, on ne voit pas pourquoi il aurait caché son nom. — 2. Tous les noms propres