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subséquents : c’est le démon, Satan. « C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde, » Sap., ii, 24, par conséquent aussi le mal moral dont la mort n’est que le salaire. Rom., VI, 23. Notre-Seigneur dit que le diable « a été homicide dès le commencement », Joa., viii, 44, et saint Jean le nomme « le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan ». Apoc, xii, 9. Ce fut donc l’ange déchu qui fut l’instigateur du mal moral dans l’homme. — 3° Avant l’homme, Satan et les anges déchus étaient tombés eux-mêmes dans le mal moral. La Sainte Écriture suppose le fait, mais sans en indiquer la cause. Voir Anges, t. i, col. 583. Créatures libres, intelligentes, mais nécessairement imparfaites et bornées, bien que supérieures à l’homme, les anges avaient donc été peccables eux aussi, et un certain nombre d’entre eux avaient passé de la possibilité du mal moral à son exécution. La possibilité du mal moral est en effet inhérente à l’état même de la créature intelligente et libre, tant que Dieu ne l’a pas fixée dans le bien. Cf. S. Thomas, Summa cont. gentil., Il, 48 ; iii, 10.

— 4° Pour entraîner la créature humaine dans le mal moral, Satan procéda avec cette ruse que le texte sacré attribue au serpent. Gen., iii, 1. Il s’adressa à la femme, plus faible que l’homme, commença par lui poser une simple question, puis la trompa en lui affirmant formellement le contraire de ce que Dieu avait dit. La femme réfléchit à l’assurance qui venait de lui être donnée ; elle contempla le fruit, qui lui parut séduisant, se persuada qu’il était capable de lui faire distinguer le bien et le mal, puis enfin en mangea. Elle en donna ensuite à l’homme, qui partagea probablement sa persuasion et en mangea à son tour. Gen., iii, 1-6. Le mal moral entrait ainsi dans l’âme de l’homme sous la triple forme de l’orgueil, de la désobéissance et de la sensualité. Voir Péché originel.

il la concupiscence. — 1° À partir du moment où elle succomba à la première tentation, l’âme de l’homme contracta un penchant funeste pour le mal moral. De là le trouble immédiat des premiers parents, initiés par leur faute à la connaissance expérimentale de ce mal. Gen., iii, 7, 10, 11. Caïn à son tour ressentit ce trouble lorsque, à cause de l’insuffisance des sentiments intérieurs qui accompagnaient ses offrandes, il comprit que Dieu n’agréait par ses dons et s’emporta violemment. Dieu lui dit alors : « Pourquoi cette irritation ? Pourquoi cet abattement de ton visage ? Si tu fais bien, tu porteras le front haut ; mais si tu fais mal, c’est le péché qui se couche à ta porte ; ses désirs se portent vers toi, mais toi, domine sur lui. » Gen., iv, 6, 7. Dans ce texte, le mal est personnifié comme "un être malfaisant qu’un premier consentement rapproche de l’âme humaine avec laquelle il tend à s’unir. Mais l’homme a la puissance de lui résister et de le dominer. Dieu ne dit pas à Caïn que cette domination n’est ordinairement possible et assurée qu’à l’aide d’un secours surnaturel ; mais il affirme la possibilité et l’obligation de cette domination, et c’est là l’essentiel. L’homme n’est donc pas en butte à une concupiscence invincible. — 2° Saint Jacques rappelle la même doctrine sous une image analogue quand il écrit : « Vis-à-vis des choses mauvaises, Dieu est hors d’atteinte (âicsépa<rro ; ), et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté lorsqu’il est attiré et alléché par sa propre convoitise. Puis la convoitise, ’après avoir conçu, enfante le péché, et le péché, une fois consommé, engendre la mort. » Jacob., i, 13-15. Il suit de là que Dieu n’est absolument pour rien dans la genèse du mal moral, que l’homme porte en lui sa propre convoitise, comme une tendance permanente au mal, mais que cette tendance n’aboutit au péché que par la coopération volontaire de l’homme. — 3° L’existence de cette concupiscence est souvent constatée par les écrivains sacrés. Gen., VI, 5 ; toi, 21 ; Exod., xxxii, 22 ; Sap., iv, 12 ; Eccli., xxiii, 6 ; Dan., xiii, 8 ; Gal., v, 17. C’est ce qui

fuit dire à David : « J’ai été conçu dans l’iniquité et ma mère m’a engendré dans le péché. » Ps. u (l), 7. Même les plus saints en ressentent les effets. Rom., vii, 15-21. A plus forte raison, les impies et ceux qui vivent selon les principes purement naturels snccombent-ils à ses assauts. Job, xx, 12 ; Eccli., xxxvi, 24 ; Joa., viii, 44 ; Rom., i, 24, 27 ; vi, 12 ; xiii, 14 ; Gal., v, 24 ; Eph., ii, 3 ; Col., iii, 5 ; I Thés., iv, 5 ; I Tim., vi, 9 ; II Tim., ii, 22 ; iii, 6 ; Jacob., iv, 1-3 ; I Pet., i, 14 ; ii, 11 ; iv, 2, 3 ; II Pet., ii, 18 ; Jud., 18, etc. Saint Jean répète que tout ce qui est dans le monde, convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde lui-même, I Joa., ii, 16, et saint Paul enseigne que la loi ancienne, au lieu de triompher de cette concupiscence, n’a fait que l’exciter davantage en multipliant devant elle les obstacles. Rom. ; vii, 7, 8.

— 4° Aussi est-il recommandé fréquemment de combattre ou de fuir tout ce qui peut favoriser la concupiscence et les mauvais désirs et porter l’homme à commettre le mal. Eccli., xviii, 30, 31 ; I Cor., x, 6 ; Gal., v, 16 ; II Pet., i, 4, etc. — 5° Il est à remarquer cependant que le siège du mal est surtout dans l’âme qui, par ses volontés et ses intentions mauvaises, communique la malice aux actes extérieurs. Matth., xv, 1820 ; Marc, vii, 20-23 ; Th., i, 15.

III. CONDUITE À L’ÉGARD DU MAL MORAL. — 1° Le mal

moral, quelle que soit sa forme, offense toujours Dieu directement, Ps. li (l), 6, non seulement quand il se présente à l’état d’acte extérieur, Deut, xiii, 5 ; xvii, 7, 12 ; xix, 19 ; xxi, 21, etc., mais alors même qu’il n’est encore qu’à l’état de pensée. ou de désir consentis. Matth., v, 28 ; xii, 35 ; Marc, vii, 23 ; Luc, VI, 45, etc. Il est par là même radicalement opposé à la charité, Rom., xiii, 10 ; xvi, 19 ; I Cor., xiii, 5 ; III Joa., 11, etc., et funeste* à l’homme. Jer., ii, 19. — 2° De là pour l’homme un premier devoir, celui de demander à Dieu de le protéger contre le mal et ses conséquences. Matth., vi, 13 ; Joa., xvii, 15 ; II] Thés., iii, 3. — 3° L’homme doit ensuite savoir distinguer le bien d’avec le mal, Heb., v, 14, ce dont sont incapables les petits enfants, Deut., i, 39 ; Is., vii, 15, 16 ; choisir entre le bien et le mal, Deut., xxx, 15 ; se détourner du mal, Job, i, 1, 8 ; ii, 3 ; xxviii, 28 ; Ps. xxxiv (xxxm), 15 ; Prov., iii, 7 ; xiv, 16 ; xvi, 6 ; Eccli., iv, 23 ; I Cor., v, 13 ; I Pet., iii, 11, etc. ; ne pas faire le mal, même pour procurer le bien, Rom., iii, 8 ; ne pas rendre le mal pour le bien, Gen., xuv, 4 ; I Reg., xxv, 21 ; Ps. xxxviii (xxxvïi), 21 ; Prov., xvii, 13 ; xxxi, 12 ; Jer., xviii, 20 ; I Mach., xvi, 17 ; etc., ni même le mal pour le mal, Ps. vii, 5 ; Prov., xx, 22 ; Rom., xii, 17 ; I Thés., v, 15 ; I Pet., iii, 9, etc. ; mais vaincre le mal par le bien, Matth., v, 44 ; Luc, vi, 27, 33-35 ; Rom., xii, 21 ; I Pet., ii, 15, à l’exemple du divin Sauveur. I Pet., ii, 23 ; iii, 18.

II. Mal physique (hébreu ; râ’âh, ’àvén, yegtâ’, ke’ib, mak’ôb, ’âtndl, ’î$$âbôn ; Septante : xô xax<Sv, o8ûvti ; Vulgate : malum, miseria, calamitas, dolor), souffrance qui, sous différentes formes, atteint à la fois l’âme et le corps.

I. son origine. — 1° La Sainte Écriture rattache le mal physique au mal moral comme conséquence. Dieu déclare aux premiers parents que s’ils désobéissent, en touchant au fruit défendu, si par conséquent ils commettent le mal moral, ils mourront. Gen., ii, 17 ; iii, 3. Quand le péché est commis, Dieu annonce à la femme que la douleur accompagnera sa grossesse et son enfantement, et à l’homme que la fatigue et la peine se joindront à son travail, nécessaire à sa vie, et que la mort viendra pour lui ensuite. Gen., ïh, 16-19. Ainsi dans le principe, « ce n’est pas Dieu qui a fait la mort et il ne prend pas plaisir à-la perte des êtres qui ont la vie. Il a fait tous les êtres pour qu’ils vivent et tout ce qui est venu au monde, pour se conserver. Il n’y a dans