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MAISON


55. Voir Lèpre, col. 186. — 2° Elle est parfois le palais ou l’habitation des rois ou des grands personnages. Gen., su, 15 ; Jer., xxxrx, 8 ; Matth., xi, 8 ; etc. Voir Palais. — 3° La maison de Dieu est le Tabernacle, Jud., xviii, 31 ; xix, 18, etc., ou le Temple, III Reg., vi, 5, 37 ; vii, 12 ; Joa., ii, 16 ; Matth., xxi, 13, etc. Voir Tabernacle, Temple. — 4° Par extension, on donne en hébreu le nom de « maison » à des endroits qui ont des destinations assez variées : celui où l’on boit et où l’on mange, Esth., vii, 8 ; Dan., v, 10 ; celui dans lequel on enferme les prisonniers, Is., xlii, 22 ; Jer., xxxvii, 15 ; le harem. Esth., ii, 3, etc. L’Egypte est appelée très souvent la « maison de servitude », parce qu’elle a été le séjour dans lequel la nation a fini par subir le joug de l’esclavage. Deut., v, 6, 13, etc. La « maison du deuil » est celle dans laquelle le malheur a fait entrer le deuil. Eccle., vii, 3 ; Jer., xvi, 5, etc. Le se’ôl, le tombeau, le séjour des morts, est la maison où doivent se rendre tous les vivants, Job, xvii, 13 ; xxx, 23, la « maison d’éternité », Eccle., xii, 5, le téito ; aïuvtoç, « le lieu éternel. » Tob., iii, 6. Cf. Ps. xlix (xlviii), 12.

— 5° Par analogie, le corps de l’homme est appelé la « maison d’argile » de l’âme, Job, iv, 19, sa « maison terrestre ». II Cor., v, 1. — 6° On appelle aussi « maison » la demeure des animaux, celle de l’araignée, Job, vin, 14, de la teigne, Job, xxvii, 18, de l’onagre, Job, xxxix, 6, du passereau, Ps. lxxxiv (lxxxiii), 4, de la cigogne. Ps. civ (cm), 17. — 7° Par métonymie, la maison désigne encore l’ensemble des objets qu’elle renferme. Gen., xv, 2 ; Exod., i, 21 ; Esth., viii, 1 ; Matth., xii, 29, etc. Les scribes dévoraient les maisons des veuves, sous prétexte d’y prier. Marc, xii, 40 ; Luc, xx, 47 ; cf. II Tim., iii, 6. — 8° Le mot « maison » sert parfois à nommer des choses qui n’ont qu’un lointain rapport avec une habitation. Ainsi Néhémie appelle Jérusalem « la maison des tombeaux de mes pères ». II Esd., ii, 3. On attribue ce^iom à un large fossé, III Reg., xviii, 32, à un espace libre entre deux murailles, Ezech., xli, 9, à un croisement de plusieurs chemins, Prov., viii, 2, aux boîtes renfermant des parfums. Is., iii, 20, etc. — 9° Le mot bèt entre dans la composition d’un grand’nombre de noms de lieux, Bethabara, etc. Voir, t. H, eol. 1647-1764. II a aussi donné son nom à la seconde lettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth 1, t. ii, col. 1616. IL Au sens figuré. — 1° On donne le nom de « maison » à ceux qui l’habitent, Luc, xix, 9 ; Rom., xvi, 11 ; I Cor., i, 16 ; Phil., iv, 22 ; II Tim., i, 16, et à ^ensemble des générations qui sont sorties des premiers habitants pour constituer une famille, un peuple, ou une race. Gen., vir, 1 ; xir, 17 ; Èxod., ii, 1 ; Is., vii, 2, etc. La « maison d’Israël » se compose de tout le peuple hébreu. Exod., xvi, 31 ; Lev., x, 6, etc. La m maison de David » comprend toute la descendance de ce roi, à laquelle appartient le Messie. III Reg., xii, 16, 19, 20, 26 ; Luc, i, 27 ; ii, 4. Après le schisme, « la maison de Juda » et la « maison d’Israël » désignent les deux royaumes divisés. Jer., xi, 10 ; xxxi, 27 ; Hel>., viii, 8, etc. A cause de ses infidélités, le peuple hébreu constitue une « maison révoltée ». Ezech., ii, 5, 6, 8 ; su, 2, etc. Le peuple chrétien, au contraire, forme une « maison spirituelle ». I Pet., H, 5. — 2° On applique à la famille’et à la descendance ce qu’on dit d’une maison. C’est ainsi qu’une maison se bâtit, c’est-à-dire qu’une famille se fonde et se développe. Ruth, iv, 11 ; I Reg., n. 35 ; Pïov., xiv, 1. Quelquefois elle penche vers la mort, Prov., ii, 18, et Dieu démolit la maison des orgueilleux. Prov., v, 25.

III. Les maisons des anciens. — 1° Chez les Égyptiens. — Les maisons des Egyptiens de la classe populaire étaient faites à l’aide de simples clayonnages enduits de terre battue et de briques cuites au soleil. Elles se composaient d’une chambre unique, n’ayant d’autre ouverture que la porte. Le signe hiéroglyphique qui désigne

la maison, ii, donne une juste idée de cette simplicité. Chez les plus aisés, l’unique chambre était plus vaste et l’on y dressait un ou plusieurs troncs d’arbres pour

étayer le plafond. Un autre signe hiéroglyphique, ||| montre une construction étayée par un tronc d’arbre fourchu. Dans les villes, les maisons bourgeoises, assez petites d’ailleurs, étaient construites en briques. Elles se composaient de plusieurs chambres, voûtées ou recouvertes d’un toit plat, et communiquant par des portes ordinairement cintrées. Quelques-unes atteignaient deux ou trois étages (fig. 179). Toutes étaient munies d’une

179. — Maisons égyptiennes.

D’après Boussac, Le tombeau A’Anna, dans les Mémoires de la

mission française du Caire, 1896, t. xviii, fasc. 1, pi. xi.

terrasse, sur laquelle on se tenait une bonne partie du temps, spécialement les nuits d’été pour y dormir en plein air. Le logis abritait à la fois la famille, les animaux, les provisions, et tous les objets qui constituaient l’avoir des propriétaires de la maison. On cachait avec soin ce qu’on possédait de plus précieux. Les collecteurs d’impôts, et les voleurs, quand ils le pouvaient, ne se privaient pas de sonder les murs, d’éventrer les plafonds et de défoncer le sol de l’habitation pour y trouver le trésor. À l’intérieur des chambres, le crépi de boue gardait habituellement sa teinte grise. D’autres fois on couvrait les murs d’une couche de chaux, de rouge ou de jaune, et même on les ornait de représentations plus ou moins artistiques. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1895, p., 53, 316-319. C’est dans des maisons de ce genre, appropriées au climat du pays, mais de la construction la plus simple, que les Hébreux habitèrent durant leur long séjour dans la terre de Gessen.

2° Chez les Chaldéens. — À l’époque de la captivité, les Israélites durent retourner dans le pays dont ils étaient originaires. Jérémie, xxix, 4, leur dit : « Bâtissez des maisons et habitez-les. » Ils s’établirent donc en Babylonie et dans les contrées environnantes ; beaucoup même y restèrent fixés après l’époque du retour. Les maisons qu’ils occupèrent ou qu’ils bâtirent étaient

180. — Maison chaldéenne à Ur des Chaldéens.

D’après Taylor, Notes on the ruina of Mugayer,

dans le Journal of the royal Asiatic Society, t. xv, p. 266.,

basses, construites en briques crues, souvent surmontées d’une espèce de dôme conique, suivant la coutume du pays. Les maisons chaldéennes qu’on a découvertes en divers endroits sont en bonnes briques, séparées par une mince couche de bitume (fig. 180). Elles n’ont qu’une porte surbaissée et cintrée, avec quelques lucarnes per-