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MAGIE


comme des amulettes dont elles entouraient leurs bras et dont elles se servaient pour rendre leurs oracles à ceux qui les interrogeaient ». Cf. Rosenmûller, Ezech., Leipzig, 1808, 1. 1, p. 351. C’est, en effet, le sens qu’il faut attribuer au mot késèt, au pluriel kesàtôf, par comparaison avec l’assyrien kasû, qui signifie « lier ensemble ». Les kêsâtôt étaient donc des phylactères magiques. Voir Amulette, 1. 1, col. 531. Cf. Delitzsch, dans la Zeitschrift der deutsch., morgenland. Gesellschaft, t. xli, p. 607 ; Rob. Smith, dans le Journ. of Philol., t. xiii, p. 286.

3° La captivité, qui mit un terme à l’idolâtrie des Israélites, ne fit pas disparaître chez eux le goût de la magie. Malachie, iii, 15, menace encore du châtiment divin les mekaSSefîm de son temps, et Zacharie, x, 2, parle de la vanité impuissante des (erdfîm, des qûsemîm et des songes auxquels on ajoutait foi. Plus tard, des livres de magie circulèrent parmi les Juifs sous le nom de Salomon, dont la sagesse, III Reg., v, 12, s’était étendue, prétendait-on, jusqu’à la connaissance complète des recettes magiques. Voici ce qu’en dit Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 5 : « Dieu lui accorda de savoir ce qu’il faut faire contre les mauvais démons, pour l’utilité et la santé des hommes. Il composa des formules d’enchantements pour adoucir les maladies, et laissa d’autres formules d’adjurations, pour lier et chasser les démons sans qu’ils puissent revenir. » L’historien juif ajoute que, de son temps, un certain Éléazar, sous les yeux de Vespasien, de ses fils et des officiers de l’armée, tirait le démon du corps des possédés au moyen d’un anneau renfermant les racines indiquées par Salomon, et, à l’aide des formules de Salomon, enjoignait au démon de ne plus rentrer dans le possédé et de donner des signes extérieurs de son départ. Origène, Séries in Matth., 110 (xxvi, 63), t. xiii, col. 1757, mentionne aussi les livres qui renferment les adjurations de Salomon contre les démons. Le pouvoir magique de ce roi est particulièrement affirmé dans l’apocryphe intitulé Testament de’Salomon, traduit par Conybeare, dans la Jewish quarterly Review, octobre 1898. De fait, le nom de Salomon revient fréquemment dans les recueils de recettes magiques. Cf. Schûrer, Geschichte desjûdischen Volkes im Zeitalter J. C, Leipzig, 1898, t. iii, p. 299-303. En 494, dans un décret sur les livres à recevoir ou à condamner, le pape Gélase mit au nombre de ces derniers l’écrit qui a pour titre : Contradictio Salomonis, ainsi que tous les phylactères portant des noms de démons.

4° On a trouvé en 1930 à Tell-Sandahanna, en Palestine, près d’Éleuthéropolis, à mi-chemin entre Bethléhem et Gaza, des poupées de plomb qui ont servi à des envoûtements (fig. 173), ce qui v tendrait à démontrer que cette pratique magique, usitée en Chaldée depuis l’époque la plus reculée (cf. Heuzey, Les statuette* magiques en cuivre du roi Our-Nina, dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1893, t. xxi, p. 228), n’était pas inconnue des Israélites. Cf. Clermont-Ganneau, L’envoûtement dans l’antiquité et les figurines de plomb de Tell-Sandahanna, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, octobre 1900, p. 332.

5° La magie garda de nombreux adeptes parmi les Juifs, après l’époque évangélique. Simon de Samarie était un magicien, naYeûtov, magus, qui abusait le peuple par ses pratiques magiques, (laYeîoct ; , magiis ; il considérait probablement le pouvoir de faire descendre le Saint-Esprit comme un pouvoir magique, qui pouvait s’acheter à prix d’argent. Act., viii, 9, 19. Voir SDlON LE Magicien. Barjésu, nommé aussi Élymas, que Paul et Barnabe rencontrèrent à Paphos, était un Juif, mage et faux prophète. Act., xiii, 6-8. Voir Barjésu, 1. 1, col. 1461. Sous le pwcurateur Fadus, Theudas le magicien, y<5tjç, emmena à sa suite un grand nombre-de Juifs jusqu’au Jourdain, qu’il voulait leur faire traverser aisément, au moven de ses prestiges, et là fut mis à mort par les

Romains. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 1. Le même sort menaça, sous Félix, un Égyptien qui avait entraîné la foule sur le mont des Oliviers, en promettant de faire tomber d’un seul mot les murs de Jérusalem. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 6. — La magie juive eut une grande influence sur la magie des autres peuples. Les magiciens de tous les pays se servaient fréquemment de noms hébraïques pour appeler les démons et de formules hébraïques pour faire leurs conjurations. Cf. Philosophumena, IV, iv, 1, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 94 ; Origène, Cont. Cels., iv, 32, t. xi, col. 1345. Dans les textes magiques il est souvent question du Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, du Dieu Sabaoth, etc. : tffwô <ra€ati)6, aôuvcu sXwcu tz6paa[A, ’Iàw’Aêpiacto’Apëa6tâ(i> Saëocùi’ASuvoct, x. t. X. Cf. Kenyon, Greek Papyri in the Brit. Mus., p. 80 ; Delattre, Bulletin de corresp. hellén., 1888, xii, p. 294-302, etc. On inscrivait les noms hébreux de Dieu sur les amulettes magiques. Voir t. iii, figures 216-248, col. 1225-1226. Dans une formule copte d’exécration, conservée à la bibliothèque Bodléienne,

173. — Poupées magiques en plomb, trouvées à Tell-Sandahanna.

D’après le Palestine exploration fund, Quarterly Statement,

1900, p. 332.

on lit les noms plusieurs fois répètes : Adonai, Eloe, Eloï, Jao, Sabaoth, Emanuel, El. Cf. W. E. Crum, dans la Zeitschrift fur âgyptische Spraxhe, t. xxxiv, 1897, p. 85-89. La kabbale juive eut en grande faveur les recettes et les pratiques magiques. En prononçant certains noms ou certains mots tirés de la Sainte Écriture, ou en les écrivant sur des amulettes, on pouvait s’assujettir les démons, guérir les malades, éteindre les incendies, etc. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 520 ; Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 76-79, 273-278, 506-526 ; H. Leclercq, Adjuration, dans D. Cabrol, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1903, t. i, col. 529532. — Il existe une abondante littérature sur la magie juive ; voir principalement Brecher, Dos Transcendentale, Magie und magische Heilarten in Talmud, Vienne, 1850 ; Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 306-316 ; Paul Scholz, Gôtzendienst und Zauberwesen bel den alten Hebrâern und den benachbarten Vôlkern, Ratisbonne, 1877 ; D. Joël, Der Aberglaube und die Stellung des Judenthums zu demselben, dans les Jahresber. des jùdisch.-lheol. Seminars zu Breslau, 1881, 1883 ; Rob. Smith, On the forms of divination and magie enumerated Dent., xviii, 10, 11, dans le Journal of Philology, 1885, t. xiii, p. 273-287 ; t. xiv, p. 113128 ; Schwab, Les coupes magiques et l’hydromancie dans l’antiquité orientale, dans les Proceedings of the Society of Bibl. Archxol., 1890, t. xii, p. 292-342 ; 1891, t. xiii, p. 583-595 ; R. Slûbe, Jkdisch-babylonische Zauber texte, Halle, 1895 ; W. Davies, Magic, Divination and Demonology among the Hebrews, in-16 ; Londres (1898) ; L. Blau, Dos altjûdische Zauberwesen, Strasbourg,