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MAGEDDO

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(1280), Descriptio Terras Sanctte, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 176 ; Marin Sanuto, Liber secretorum fidelium, 1. III, pars xiv, c. 3, p. 249, à la suite des Gesla Dei per Francos, édit. de Bongars. Voir encore la carte de la Terre-Sainte du même dans le même ouvrage, ou celles publiées par Rôhricht, dans la Zeitschrtft des deutchen Palâslina Vereins de Leipzig, t. xrv (1891), carte 1 ; t. xviii (1895), carte 5 ; t. xxi (1898), cartes 2, 6, 7. Voir enfin le Commentarius in Canticum Deborse, Jud., v, 19, Patr. lat., t. xxiii^ col. 1327, attribué à tort à saint Jérôme, mais certainement ancien » Les égyptologues placent aussi Mageddo (Makta) à la sortie des défilés du Carmel, un peu au nord de Thanach, sur le chemin de cette ville au Thabor au pied duquel passaient, près de Dabûriéh, les armées égyptiennes marchant vers le nord de la Syrie. Le récit des annales de Thothmès III, relatant sa campagne de Syrie surtout, paraît décisif. On y voit le monarque égyptien suivre, dans la direction du nord, la route de Mageddo. Il vient camper en un lieu appelé Aruna (ou Aaluri). Au moment où il se remet en marche, son avant-garde est vivement attaquée par un détachement ennemi, qui s’est avancé dans la montagne, tandis que le gros de l’armée syrienne attend dans la plaine, où son aile gauche s’est déployée jusqu’à Thanach au sud, afin de couvrir Mageddo. Thothmès force le passage et une heure après être sorti du défilé du Carmel, arrive sous les murs de Mageddo, où le combat s’engage le jour suivant. Voir H. J. Breasted, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archœology, 1900, p. 96 ; cf. Revue biblique, t. x (1901), p. 155 ; G. Schumacher, Die âgyptische Hauptstrasse von den Ebene Saron bis lu Ebene Jesreel, dans Mitlheilungen und Nachrichten des deutschen Palâstina-Vereins, 1903, p. 4-10. — La démonstration de Breasted paraît décisive en faveur d’el-Ledjûn et achève de ruiner l’identification de C. R. Conder avec MedjeddaS. Ce dernier nom désigne une ruine d’apparence assez peu ancienne, située à quatre kilomètres à l’est de Djelbûn, au pied des anciens monts de Gelboé, à la limite occidentale du Ghôr et à six kilomètres au sud-ouest de Beisân, loin du Carmel et de Thanach, loin de la grande plaine, loin du chemin du Thabor. Séduit par l’homophonie des noms qui, sous ce rapport, seraient absolument identiques, si la lettre’aïn ne terminait celui de la petite ruine du Ghôr, non loin de laquelle sont d’ailleurs des fontaines assez nombreuses, le savant paleslinologue anglais s’efforce de démontrer identité de Medjedda 1 avec l’antique Mageddo. Selon lui, la proximité de Mageddo du Jourdain et de Bethsan serait attestée par le récit de l’Egyptien, dans le Voyage publié par Chabas. Après avoir nommé Beth-Sheal dont le nom semble identique à Bethsan et Kerialh-Aal, le mohar égyptien continue : « Les gués du Jourdain comment les traverse-t-on ? Fais-moi connaître l’affaire du trajet pour entrer à Mageddo qui est outre cela. « Voir F. Chabas, Voyage, p. 206-207, 314. Cf. C. R.. Conder, dans Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 90-92 ; Id., Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 338 ; Palestine Explorât. Fund, Quarterly Statenxent, 1880, p. 220 ; 1882, p. 333. Cette opinion a peu de partisans. Armstrong, Names and Places in the Old Testament, 1887, p. 122-123 ; Guy le Strange, Palestine under theMoslems, Londres, 1890, p. 492 ; Birch, dans Pal. Expl. Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 201,

III. Description. — Ledjoûn est un petit village de douze à quinze maisons de paysans pauvrement construites. Il occupe le sommet d’un petit mamelon s’élevant sur la rive gauche de Youdd’el-Ledjoûn. Trois moulins s’écnelonnent de distance en distance sur les bords de la petite rivière qui court au fond de l’ouadi. Un ancien pont réunit les deux rives. Au sud du village et à droite de la vallée, sur le bord de l’ancienne voie qui vient de la montagne, à l’ouest, et se dirige à travers la grande

plaine, par el-Fûléh, vers le Thabor à l’est, est un vieux khan ruiné où s’arrêtent quelques rares caravanes de passage. Aux alentours du village, sur un espace de près d’un kilomètre de diamètre dans tous les sens, onheurte à chaque pas des débris d’anciennes constructions. Ce sont des matériaux dont les uns paraissent avoir été utilisés par les Arabes, d’autres préparés par les Romains. Au nord-nord-est, à cent mètres à peine du village, un tell d’assez grande étendue commande cet ensemble. Son plateau supérieur et ses pentes ont été occupés par des édifices dont les restes sont cachés sous terre ou perdus au milieu des ronces et des chardons qui couvrent la colline. Parmi ces débris on remarque une vingtaine de tronçons de colonnes en marbre ou en granit et d’innombrables monceaux de fragments de poterie. Un bâtiment, dont il reste quelques-unes des assises inférieures, est orienté d’ouest à l’est, et passe pour avoir été une ancienne église chrétienne. A l’extrémité septentrionale, sur un petit tertre rocheux, était une autre construction ornée de colonnes. Dans les flancs du roc est creusée une grotte dont la voûte est cintrée et d’où jaillit une source abondante. Les indigènes l’appellent’ain élrQubbêh, « la source de la coupole. » La coupole à laquelle ils font allusion est sans doute celle dont parlent les auteurs anciens. « A Ledjoùn il y a un rocher grand et rond, raconte Ibn et-Faqih, géographe arabe du Xe siècle ; il est hors la ville, et sur son sommet est un monument à coupole, appelé « la mosquée d’Abraham ». De dessous le rocher sort un fort ruisseau. On raconte qu’Abraham frappa ce roc avec son bâton et il en sortit une eau assez abondante pour tous les besoins des habitants de la ville. » Géographie, édit. Goeje, Leyde, 1885, p. 117. Yaqout rapporte la même tradition en termes presque identiques, loc. cit. À cent mètres de cette source, parmi d’autres débris, on remarque des sarcophages gréco-romains. Ces ruines sont nommées Khirbet el-Khaznéh, « la ruine du coffre ; » celles de l’ensemble sont désignées du nom du Khirbet el-Ledjûn et le tell est connu sous celui de Tell el-Mutsallim, qui peut être interprété « la colline du gouverneur ». V. Guérin s’esl demandé si cette appellation ne serait pas un souvenir de la résidence de l’officier royal envoyé par Salomon. III Reg., iv, 12. Plusieurs palestinologues ont adopté cette conjecture et ont pensé que le tell est réellement l’assiette de la ville ancienne et primitive.

La Société allemande de Palestine, désireuse d’éclaircir la question de l’identité contestée A’el-Ledjûn avec Mageddo, a chargé le D* Schumacher de Caïpha de faire des fouilles en cet endroit. Le docte ingénieur veut bien me faire connaître, par une lettre en date du Il novembre dernier (1903), les résultats obtenus jusqu’à cette date : « À Ledjûn, j’ai commencé les fouilles à Daher ed-Dâr et à Tell el-Mutesellim, au mois d’avril dernier et nous avons recommencé le 20 septembre. A Ledjoûn j’ai trouvé un grand nombre de briques romaines avec les lettres LEG VI P, ce qui prouve que c’est le siège de la VIe légion et que c’était Legio. Nous avons en outre trouvé des monnaies romaines et beaucoup de débris arabes. Je poursuivrai les travaux à la colline qui est au voisinage de Daher ed-Dâr (l’ancienne Ledjûn ) et j’espère y trouver le camp romain. Ledjoûn est un nom collectif pour toute la région entre le fleuve et le Tell el-Mutesellim et jusqu’aux montagnes du sud… A Tell eVMutesellim j’ai trouvé : un ancien lieu de culte judaïque, avec deux maizeboih, beaucoup de jarres juives renfermant des restes humains d’enfants ; une multitude de murs anciens en pierres et en briques, de nombreux débris égyptiens, des scarabées, quelques petits cylindres babyloniens et grecs ; des restes céramiques de Chypre de 800 av. J.-C-, — rien d’arabe ou de chrétien sur le tell, rien de romain. Nous avons rencontré des traces judaïques à m 50 déjà au-dessous