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MADIANITES — MADON


vassaux (nesikim, voir Keil, Josua, 1863, p. 103), de Séhon, roi des Amorrhéens, qui fut également battu par les Israélites. Voir Séhon. — 4° Au commencement de l’histoire des Juges, quelques descendants de Hobab, appartenant à la tribu des Cinéens, habitent pacifiquement au milieu des Israélites ou dans leur voisinage. Jud., i, 16 ; iv, 11, 17. Voir Jétrho, t. iii, col. 1521 ; Cinéens, i, 3°, t. H, col. 768. — 5° Plus tard, nous trouvons de nouveau les Madianites parmi les ennemis les plus acharnés d’Israël. Dieu avait livré les Israélites à .Madian durant sept ans. Les Madianites, à qui se joignirent les Amalécites, firent de continuelles incursions sur le territoire des Hébreux. Ceux-ci, appauvris et vivant dans de perpétuelles anxiétés, s’adressèrent enfin Au Seigneur, qui leur suscita un libérateur dans Gédéon. La victoire remportée par ce juge fut complète et le butin énorme. Les chefs ennemis, Oreb et Zeb, Zébée et Salmana, qui s’étaient enfuis, ne purent échapper à la mort. Jud., vi, 1-vm, 28. Le souvenir de ce grand triomphe resta profondément gravé dans la mémoire d’Israël. Is., is, 3 ; x, 26 ; Ps. lxxxiii, 9. — 6° Après Gédéon, les Madianites disparurent, pour ainsi dire, de l’histoire. On trouve seulement la mention du pays auquel ils avaient donné leur nom dans I (III) Reg., xi, 18. Voir Adad 3, 1. 1, col. 166. — Isaïe, lx, 6, annonce que les caravanes de Madian et d’Epha (t. iii, col. 1830) apporteront un jour leur tribut à Jérusalem. — Habacuc, ni, 7, parle de la terreur que cause la venue du Seigneur aux tentes de Madian, ce qui, d’après les uns, se rapporte au passé, Num., xxxi, 2, et d’après les autres, en plus grand nombre, se rapporte à l’avenir, et prédit aux Madianites le châtiment qui les menace. — Le livre de Judith, ii, 16, raconte que « les fils de Madian » furent pillés, tués ou faits prisonniers par Holoferne. — Le nom de Madian n’est mentionné qu’une fois dans le Nouveau Testament, Act., vii, 29, dans le discours de saint Etienne, qui rappelle que Moïse s’était réfugié « dans la terre de Madian et y avait engendré deux fils ». — Dans la suite des temps, les Madianites se sont complètement fondus avec les Arabes. Ils nous apparaissent dans ce que nous savons de leur histoire, en partie nomades, en partie sédentaires, habitant sous la tente et ayant aussi des villes et des places fortes. Num., xxxi, 10. Ils se livraient au commerce des caravanes, Gen., xxxvii, 21, et s’enrichissaient aussi par la guerre et par le pillage. Jud., vi, 3-5. Leurs troupeaux étaient considérables, ils avaient « ne multitude de brebis, de bœufs, d’ânes, Num., xxxi, 32-24, et aussi de chameaux. Jud., vi, 5 ; vii, 12 ; viii, 21-26. Les mœurs, d’une partie au moins d’entre eux, paraissent avoir été très dissolues, puisque Cozbi, la fille d’un de leurs chefs appelé Sur, se livrait, avec d’autres filles madianites, à la prostitution pour nourrir Béelphégor.

II. Ethnographie. — Les critiques modernes voient pour la plupart dans les Madianites une tribu arabe. Guthe, dans Herzog, Renlencyklopâdie, 3e édit, t. xiii, p. 60, en fait des Araméens nomades. H. Winckler, Geschichte Isræls, Leipzig, 1895-1900, t. i, p. 49, et Fr. Hommel, Aufsâtze und Abhandlungen, in-8°, Munich, 1892 sq., t. iii, p. 304, croient que Madian est le nom du peuple qui habita la terre de Musri, mentionnée dans les inscriptions cunéiformes. Selon Glaser, Skizze der Geschichte Arabiens, 1890, p. 449, quelques autres, les Madianites seraient de même race que les Ismaélites. Cette dernière opinion trouve un appui dans Gen., xxxvii, 25-28, où les marchands qui achetèrent Joseph sont appelés tantôt Madianites, tantôt Ismaélites, et dans Jud., iii, . 24, où le grand nombre des anneaux pris aux vaincus madianites se trouve expliqué par le fait que les Ismaélites ont coutume de porter des anneaux. Mais quoique les deux noms s’emploient indifféremment dans ces passages, voir Ismaélites, t. iii, col. 792, on ne saurait confondre rigoureusement les uns avec les autres ;

dans Jud., viii, 24, le nom d’Ismaélites peut être un terme générique, synonyme des riches marchands des caravanes. Lagrange, Le livre des Juges, in-8°, Paris, 1903, p. 150.

La parenté de race entre Madian et Israël, affirmée par la généalogie dans la Genèse, xxv, 1, est hors de doute. Il est à croire qu’il yeutdesunionsplusoumoins fréquentes entre les deux peuples. Ainsi les noms des trois fils de Madian se rencontrent souvent dans les généalogies israélites : Épha, I Par., H, 46-47 ; Épher, I Par., iv, 17 ; v, 24 ; Hénoch est le nom du fils aîné de Ruben. Gen., xlvi, 9 ; Exod., vi, 14 ; I Par., v, 3. Les noms de Jéthro et de Raguël sont aussi assez fréquents en Israël. Le mariage de Moïse avec une Madianite est raconté dans la Bible sans aucune marque de désapprobation. Exod., ii, 21.

J. Bonaccorsi.

    1. MADMEN##

MADMEN (hébreu : Madmên, « fumier » ), ville du pays de Moab, nommée avec Hésébon. Dans sa prophétie contre ce pays, Jérémie, xlviii, 2, faisant un jeu de mots sur le nom de cette ville, comme dans plusieurs autres passages de cet oracle, dit : Madmên tidmi, « Madmen, tu seras détruite. » Les Septante et la Vulgate ont traduit Madmen comme un substantif commun : rcaîo-iv itaiioe--rae ; silens conticesces ; mais le contexte ne permet guère de douter que ce ne soit un nom propre. Le site en est inconnu. Il est possible que le mem initial de Madmên provienne d’une répétition fautive du niera qui termine le mot précédent gâm. Dans ce cas, on pourrait lire, Dimôn, c’est-à-dire Dibon, comme Isaïe, xv, 38 (Septante : Asi[iiu). Il s’agirait alors de la ville de Dhïbân, Voir Dibon 1, t. ii, col. 1410.

    1. MADMÉNA##

MADMÉNA (hébreu : Madmannâh ; Septante : MaS(jlt)v<4), orthographe, dans 1 Par., ii, 49, du nom de la ville du sud de la Palestine qui est appelée par la Vulgate Medémena dans Jos., xv, 31. Voir Medémena.

    1. MADON##

MADON (hébreu : Mâdôn, « discussion ; » Septante : Mapwv ; Alexandrinus : Maêwv), ville chananéenne du nord de la Palestine. Elle avait, a l’époque de la conquête de la Terre Promise par les Hébreux, un roi appelé Jobab qui s’unit à Jabin et aux autres rois du pays pour résister à l’invasion. Jos., xi, 1. Il fut battu par Josué avec tous les autres rois confédérés. Jos., xii, 19. — Dans II Reg., xxi, 20, il est question d’un géant que le texte hébreu appelle’ÎS mâdôn. Les Septante ont traduit ces deux mots par àv-riP MaSiiv, « homme de Madon. » On traduit ordinairement, avec plus de vraisemblance, « un homme de haute stature, » en prenant mâdôn comme substantif commun. Il est question dans ce passage d’une guerre qui eut lieu à Geth. Le guerrier de la race d’Arapha (t. i, col. 878), qui brava les Israélites à cette occasion, était donc probablement de la Palestine du sud et non du nord.

Le site de Madon est très controversé. Un certain nombre de critiques admettent que les Septante ont conservé la vraie leçon sous la forme Maron, mais la question de son identification n’est pas résolue par là. Schwarz, Das heilige Land, p. 138, a proposé de reconnaître Madon dans le Kefar Menda des Talmuds, le Kefr Menda actuel, mais Madon, observe Ad. Neubauer, La géographie du TalmudA868, p.270, « doit se placer.d’après les contextes, dans la Galilée supérieure. » D’après Conder, Tent Work in Palestine, 2 in-8°, Londres, 1878, t. ii, p. 338, Madon pourrait être le Khirbet Mâdin actuel, à un demi-kilomètre au sud de Hattin, près du lac de Tibériade. On y voit des monceaux de ruines et de pierres taillées. Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 365, 403. C’est là une simple hypothèse, mais si l’on maintient Mâdôn, elle ne manque pas de probabilité. Si l’on préfère Mârôn, cette localité pourrait être placée au nordouest de Safed, à Meiron, qui est la Merôn des Talmuds. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 228. —