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MACPÊLAH


life de Bagdad, fut introduit à l’intérieur même de la caverne. Ses compagnons, parmi lesquels était Bar Simson à qui nous devons ces détails, n’osèrent cependant pas le suivre. Ce dernier se rendit aux sépulcres pendant la nuit, guidé par un des gardiens gagné par des présents. Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Bruxelles, 1847, p. 129. Le dominicain Buchard (1283), après avoir été introduit dans l’enceinte, semble y avoir passé encore la nuit. Descriptio Terrée Sanctee, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91. Vers la même époque, le rabbin Estorinha-Parchi visita Hébron et attribue le grand mur quadrilatéral à Salomon. Tebuoth ha-Arez, p. 300. Trois siècles plus tard, un autre Juif, Uri de Biel (1564), attribue l’édifice au roi David. Jichus ha-Aboth, dans Carmoly, p. 434-435. Après Boniface Stefani de Raguse, custode de Terre-Sainte en 1551 et en 1563, le franciscain Quaresmius, au commencement du xvir 3 siècle, voit dans l’église l’œuvre de sainte Hélène, et constate l’interdiction faite aux chétiens d’y pénétrer ; « les Maures eux-mêmes, ajoute-t-il, n’entrent pas dans la caverne sépulcrale. » Elucidatio Terres Sanclee, Anvers, 1639, t. ii, p. 773. Aux patriarches ensevelis à Macpêlah, les pèlerins de cette période ajoutent Eve, la mère du genre humain, hypothèse de convenance pour la réunir à Adam. — Quant aux écrivains arabes, ils se complaisent à décrire minutieusement tous les embellissements apportés à la mosquée d’Abraham, exécutés par leurs princes de Syrie ou d’Egypte depuis le départ des Francs, et à énumérer toutes les réparations. Une d’elles est de nature à arrêter l’attention par le problème qu’elle soulève : c’est la restauration accomplie par Bibars. Vers la fin de l’an 1267, ce sultan, au dire des historiens Makrizi et Mudjir ed-Dîn, « remit à neuf le tombeau d’Abraham » et l’année suivante releva la ville d’Hébron. La ville avait été prise et ruinée en l’an 1244 par les Kharesmiens unis aux Égyptiens pour combattre el-Malek Sâléh Ismaïl, souverain de Damas et maître de la Palestine, et les chrétiens ses alliés. Cette horde sauvage et indisciplinée avait porté à travers tout le pays la désolation et la ruine ; la mosquée d’Hébron et les tombeaux paraissent donc avoir été détruits alors. En même temps que les sépulcres furent violés, les reliques ne furent-elles pas profanées et dispersées ? Voir Riant, À rchives de l’Orient latin, t. ii, Gênes, 1883, p. 420-421. C’est là, Croyons-nous, une crainte exagérée. Les Kharesmiens, parmi tous les ennemis des sanctuaires chrétiens de la Terre-Sainte, se sont montrés, il est vrai, les plus acharnés et les plus intraitables ; mais, il ne faut pas l’oublier, ces peuples féroces étaient venus alors comme auxiliaires des Égyptiens qui les avaient appelés.- Les Égyptiens étaient musulmans convaincus ; princes et sujets n’avaient cessé de venir visiter le sanctuaire d’Hébron et d’y apporter leurs présents. À la tête de l’armée dévastatrice kharesmo-égyptienne était ce même Bibars, mais alors simple mamelouk d’el-Malek Sâléh Aïoub, souverain de l’Egypte, qui, plus tard son successeur, restaurera la mosquée. Aboul-Féda, Annales, année de l’hégire 642. Cette circonstance explique sans doute la conduite des Kharesmiens. Bibars fut toujours le plus farouche ennemi du nom chrétien ; mais cette haine était l’effet de ses convictions musulmanes, de son fanatisme. Il pouvait envelopper dans la même haine les alliés des chrétiens « t exercer sa fureur sur leurs biens privés, leurs habitations el leurs villes ; mais le sanctuaire d’Abraham n’était pas une propriété du prince de Damas ou des chrétiens, c’était un fief de l’islam, son troisième sanctuaire, plus vénéré même, au dire de quelques historiens, que le hâram de la Mecque. Il n’est pas admissible que Bibars, avec ses Égyptiens, ait pu se porter contre ce sanctuaire à un acte de profanation.

6. Dès le commencement du xiv « siècle, le fanatisme jaloux des musulmans ne permit plus à aucun étranger à leur religion de pénétrer dans l’enceinte sacrée ; il ne

leur permettait pas même, semble-t-il, d’en approcher. Ishaq Helo (1334), Les chemins de Jérusalem, dans Carmoly, Itinéraires, p. 243. Au XIXe siècle seulement ce zèle outré a commencé à se relâcher un peu. Le D’Frânkel, en 1843, put pénétrer à prix d’argent dans la caverne. Il y vit des sarcophages sur lesquels sont gravés en lettres d’or, en hébreu et en arabe, les noms des patriarches ; des tapis de damas vert les recouvrent. Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478-479. — Le Piémontais Pierotti pénétra trois fois dans le hâram, habillé en Arabe, le 8 novembre 1856, le 9 et le 25 août 1855, sans résultat important pour la connaissance de la caverne de Macpêlah. Le 20 novembre 1863, MM. Mauss et Salzmann, architectes du gouvernement français, s’étaient crus autorisés à franchir le seuil de la porte de l’enceinte, ils durent hientôt s’enfuir devant les menaces de la population ameutée. Les princes ont sollicité des autorisations de la Porte. Muni d’un firman du sultan, le prince de Galles, aujourd’hui roi d’Angleterre, visita, en 1862, l’intérieur de l’enceinte accompagné de Stanley, doyen de Westminster, et du D r Rosen, consul de Prusse, mais il ne put pénétrer dans la caverne. Le marquis de Bute, anglican converti, malgré le firman dont il était porteur, ne fut pas plus heureux en 1866. En 1869, le prince héritier de Prusse, devenu, en 1888, empereur d’Allemagne, sous le nom de Frédéric III, ne put aussi visiter que l’intérieur de l’enceinte, de même que les princes de la famille royale d’Angleterre, avec le capitaine Conder, en 1882. Espérons cependant que le jour n’est plus très éloigné où il sera possible de vérifier l’état de la grotte et d’obtenir, des renseignements précis sur les sépultures et les restes des patriarches.

V. Bibliographie. — Ali bey el-Abassi (Domingo Badia y Leblich), Travels, 1803-1809, in-8°, Londres, 1876, p. 232-233 ; G. H. von Schubert, Heise in das Morgenland in den Jahren 1836 und 1831, in-8°, Erlangen, 1838-1839, p. 473 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 443-440 ; Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478479 ; Pierotti, Macpéla ou tombeaux des patriarches, in-8°, Lausanne, 1869 ; J.-J.-L. Barges, Hébron et le tombeau des patriarches, dans le Bulletin de l’œuvre des pèlerinages d’Orient, Paris, 1862-1863, p. 150-190 ; M. de Vogué, Les Églises de la Terre-Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 344-345 ; D. Rosen, Die Patriarkengruft zu Hébron deren Besuch durch den Prinzen von Wales und ihre Bedeutung fur die biblische Archàologie, in-8°, Berlin, 1863 ; Id., dans la Zeitschrift fur allgemeine Erdkunde, Berlin, 1864, p. 160-162 ; A. P. Stanley, The Cave of Macpêlah, appendix II, dans Jewish Church, Londres, 1864, t. i, p. 448-510 ; Fel. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, le Haram d’Hébron, Paris, 1865, t. i, p. 155-159 ; Mauss et Salzmann, Excursion à Hébron, dans l’ouvrage précédent, appendice VI, t. ii, p. 328-332 ; Renan, Mission de Phénicie, in-f », Paris, 1864, p. 799807 (cf. Pierotti, Makpéla, p. 112-115) ; Laurent de Saint-Aignan, Description du sépulcre d’Abraham, dans Annales de la philosophie chrétienne, 1870, p. 379-396 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, I. South Palestine, in-8% Londres, 1881, p. 268-282 ; Cl. Regn. Conder, Survéy <>f Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. iii, p. 333-346 ; Id., Report on the visit of the princes Albert, Victor and Georges of Wales to the Hébron Haram an 5 apr. 1882, dans Palestine Explor. Fund Quarterly Statement, 1882, p. 197-213 ; Wilson, Notes on the Hébron Haram, ibid., 1882, p. 213-214 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’Art, Paris, 1881-1884, t. iv, p. 274, 277, 340 ; Fr. Liévin de Hamme, O. M., Mosquée d’Abraham, dans le Guide indicateur de la Terre-Sainte, 3e édit., Jérusalem, 1887, t. ii, p. 379-396 ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 512-533 ; A. M. Luncz, La caverne