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MACHABÉES — MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES)


cas d’Antiochus IV et que Judas Machabée est l’un des rédacteurs de la lettre. C’est l’opinion de Cornélius a Lapide, de Welte, de Kaulen, de Gillet, de Cornely. Cf. C. Trochon et H. Lesêtre, Introduction à l'étude de l'Écriture Sainte, in-18, Paris, 1890, t. ii, p. 351-352. D’après eux, les Juifs ont été trompés par un récit erroné et ce sont les rédacteurs de la lettre et non l'écrivain qui l’a insérée, qui doivent être rendus responsables. C’est du reste une règle de critique incontestable. Voir Antjochus 2, t. i, col. 691, et Antiochds 3, t. i, col. 699. Cf. F. Prat, La Bible et l’histoire, in-12, Paris, 1904, p. 44. — 4° Une dernière objection que tait W. Grimni, Exégetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alt. Testant., in-8°, Leipzig., 1853, t. ix, p. 110-111, c’est que dans II Mach., vi, 7, il est dit qu’Antiochus Épiphane obligea les Juifs à célébrer tous les mois l’anniversaire de sa naissance et que nulle part on ne trouve de trace d’une pareille ordonnance, Grimm s’est trompé ; les exemples de la célébration mensuelle du jour de naissance des rois est habituelle. E. Beurlier, De divinis honoribus quos accepefunt Alexander et successores ejus, in-8°, Paris, 1891, p. 53, 96. — Sur toutes ces difficultés et sur d’autres de moindre importance, voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 638-668.

V. Bibliographie. — Raban Maur, Commentaria in libr. Machab.j t. Cix, col. 1126-1255 ; J. Stephanus, De bello sacro religionis causa suscepto ad II Machab. Convnientarius (inachevé), Oriolæ 1603 ; N. Serrarius, In libr. Tobiam… Machab. commentarius, in-f°, Mayence, 1610 ; P. Redanus, S. J., Commentaria, historica, setiologica, anagogica in II Mach., Lyon, 1651 ; Cornélius a Lapide, reproduit dans Migne, Cursus complet. Script. Sacrx, t. xx ; J. Ern. Foullon, Commentarii historici et morales adlMacc. librum, in-f°, Liège, 1660 ; Ad secundum Machabteorum librum, 1665 ; P. Verhorst, Sacres militiez iypus et historia seu Comment, literalis et mysticus in 1 Mach., Trêves, 1700 ; J< D. Michælis, Uebersetzung des I Makkab. Bûches mit anmerkungen, Gœttingue et Leipzig, 1778 ; E. Frôlich, Annales compendarii regum et rerum Synae nummis veteribus illustrati, in-4°, Vienne, 1744 ; E. F. Wernsdorff, Prolusio de fontibus historiée Syrise in libris Machabseorum, Leipzig, 1746 ; E. Frblich, De fontibus historiée Syrise in libris Machabseorum prolusio in examen vocata, Vienne, 1746 ; Gtl. Wernsdorff, Commentatio historico-crilica de fide librorum Machabmorutn, Breslau, 1747 ; [Khell, ] Auctoritas utriusque libri Machabseorum canonico-hitdrica asserta, Vienne, 1749 ; J. M. A. Scholz, Commentar zu den BB. der Makkabàer, in-8°, Francfort, 1835 ; C. L. W. Grimm, Kurzgef. exeget. Handb. zu den Apokryphen des Alt. Test., in-8°, Leipzig, 1853, t. m ; F. X. Patrizi, De consensu utriusque libri Mach., in-4°, Rome, 1856 ; C. F. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabàer, in-8°, Leipzig, 1875 ; Gillet, Les Machabées, in-8°, Paris, 1880 ; B. Niese, Kritik der beiden Makkabâerbûcher, in-8°, Berlin, 1900. E. Beublier.

4. MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES). En

plus des deux livres canoniques des Machabées il existe trois livres apocryphes qui portent ce titre.

I. Troisième livre des Machabées. — I. nom. — Le troisième livre des Machabées n’a en réalité aucun droit à ce titre. En effet, il ne raconte pas l’histoire des princes asmonéens, mais celle des événements antérieurs à eux. Chronologiquement il devrait être placé avant les deux livres canoniques. Dans la Synopsis du pseudo-Athanase, Patr. Gr., t. xxviii, col. 432, on lit : Maxxocëatxà piëXïa S' nxo)ie|J.aixâ. Grimm, Kurgefasstes exégetisches Bandbuch zu den Apockryphen d. Alten Testaments, petit in-4°, Leipzig, 1857, p. 220, pense qu’il feut lire %x IlTo>.eu, aiy.â et que le mot désigne le livre vul gairement connu sous ce nom de Ille livre des Machabées. C’est bien le titre qui lui convient, puisqu’il rapporte des événements relatifs au règne de Ptolémée IV Philopator. À cause de la date de ces événements, Cotton, dans The fine Books of Machabées, in-8°, Oxford, 1832, l’a placé en tête. Le texte se trouve dans presque tous les manuscrits et dans les éditions des Septante. Les Juifs ne paraissent pas avoir fait usage de ce livre. La première mention qui en est faite par les chrétiens se trouve dans les Canons apostoliques, can. 85, t. cxxxvii, col. 212. On le trouve également dans Théodoret d’Antioche, Ad. Dan., xi, 7, t. lxxxi, col. 1508, dans le catalogue de Nicéphore, t. c, col. 1057, et dans la Synopse du pseudo-Athanase avec le titre que nous avons indiqué plus haut. L'Église latine ne l’a jamais admis dans son canon et il n’y en a pas de traduction dans la Vulgate. Il est au contraire traduit dans la Peschito et les témoignages de Théodoret et de Nicéphore montrent qu’il était accepté dans l'Église de Syrie.

il. BU2' et analyse du livre. — Le dessein de l’auteur est d’encourager les Juifs d’Alexandrie à souffrir pour leur foi en leur racontant ce qu’ont souffert leurs ancêtres, en leur montrant que le Tout-Puissant triomphe toujours de ses ennemis. Pour atteindre ce but, il raconte les événements qui se sont passés à Alexandrie sous le règne de Ptolémée IV Philopator. Ce prince, après la victoire qu’il avait remportée sur Antiochus le Grand à Raphia, en 217 avant J.-C, reçut les lélicitations d’envoyés juifs qui lui firent visiter la cité sainte et l’exhortèrent à offrir des sacrifices. Il voulut pénétrer dans le Saint des Saints, I, 1-11. En vain le peuple le supplia-t-il de renoncer à son projet sacrilège, il persista. Le peuple fut sur le point de résister les armes à la main, i, 11-29. Le grand-prêtre Simon pria le Seigneur, qui châtia le prince impie, en le frappant de paralysie, ii, 1 24. Revenu à lui, Ptolémée retourna en Egypte et résolut de se venger sur les Juifs d’Alexandrie. Il les priva de leurs privilèges et les fît marquer au fer chaud d’une feuille de lierre, comme adorateurs de Bacchus. Voir t. ii, col. 1378. Seuls ceux qui acceptèrent volontairement le culte de ce dieu furent épargnés, ii, 24, 30. La masse du peuple resta fidèle à sa foi, et le roi ordonna d’arrêter les Juifs de tout le pays et de les conduire enchaînés à Alexandrie, ii, 31-m, 1. Un grand nombre purent échapper aux émissaires du roi, grâce à l’aide que leur donnèrent les Égyptiens, iii, 2-iv, 10. Ceux qui furent arrêtés furent conduits à l’hippodrome d’Alexandrie. Avant de procéder au massacre, Ptolémée ordonna qu’on inscrivit les noms de tous les prisonniers. Ce fut alors que se produisit un fait merveilleux. Après avoir travaillé pendant 40 jours, les scribes déclarèrent que le nombre des Juifs était si grand qu’ils manquaient de roseaux et de papyrus, iv, 10-21. Le roi ordonna d’enivrer de vin et d’encens 500 éléphants et de les faire entrer dans l’hippodrome pour qu’ils foulassent les Juifs aux pieds. L’exécution de l’ordre fut différée parce que Ptolémée fut pris soudain d’un sommeil profond qui dura jusqu’après l’heure fixée chaque jour pour son principal repas, v, 1-22. Le lendemain matin Ptolémée avait providentiellement oublié les ordres qu’il avait donnés et se rappela seulement la loyauté dès Juifs envers ses ancêtres, v, 23-25. Le même soir/ cependant il recouvra la mémoire et ordonna le massacre. Comme ses officiers paraissaient se moquer de ces revirements, il fît serment d’envahir la Judée et de détruire le Temple, v, 26-48. Un prêtre nommé Éléazar, vénérable vieillard, pria pour son peuple, et, quand le roi et sa suite arrivèrent à l’hippodrome pour assister au massacre, deux anges effrayèrent les éléphants et ceux-ci se précipitèrent sur l’escorte de Ptolémée, v, 44-vi, 22. La colère du roi se changea alors en pitié pour les Juifs, il leur donna la liberté et fit une grande fête en leur honneur. En mémoire de leur délivrance, les