Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/240

Cette page n’a pas encore été corrigée
447
448
LYDDA — LYDIE


arabe, c’est devant la porte de Lydda qu’aura lieu le premier combat de Jésus contre l’Antéchrist. — Voir Reland, Palxstina, 1714, p. 877-879 ; V. Guérin, Judée, t. i, p. 322-334 ; Survey of western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 252, 267-268 (avec une vue de l’église SaintGeorges) ; Liévin, Guide-Indicateur de la Terre Sainte, 4e édit., Jérusalem, 1897, t. i, p. 133136 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, 2e édit., t. i, p. 141, 182, 285, 520 ; t. ii, 37, 137-141, 302, 307.

    1. LYDIE##

LYDIE, nom d’une femme chrétienne et d’un pays.

1. LYDIE (grec : AuSfa ; Vulgate : Lydia), femme convertie par saint Paul. Lydie fut rencontrée par l’apôtre à Philippes de Macédoine, dans un lieu de prière pour les Juifs (upoffEux’i) situé près des portes de la ville et où il s’élait rendu un jour de sabbat. Cette femme, originaire de Thyatire, était teinturière en pourpre et craignait Dieu, c’est-à-dire était prosélyte. Elle fut convertie et baptisée avec sa famille et fut ainsi la première personne qui embrassa le christianisme en Europe. Après son baptême, elle demanda avec instance à l’apôtre de venir habiter chez elle. Act., xvi, 13-15. II est très possible que le nom de Lydie soit un simple surnom tiré de son pays d’origine. Sa qualité de prosélyte s’explique facilement par la présence de Juifs nombreux en Lydie. Voir Lydie 2. Les colonies fondées par Anliochus II étaient très florissantes à l’époque romaine. Joséphe, Antiq. jud., XIV, x, 24 ; Revue des Études juives, t. x, 1885, p. 74-76. La profession de teinturier en pourpre était très répandue dans son pays. Si l’on en croit Pline, H. N., VII, lvii, i, c’est à Sardes qu’aurait été inventée la teinture des tissus. Cf.Hygin, Fabul., 274. Gela veut dire simplement qu’ils ont inventé des procédés nouveaux, car d’autres^peuples, et en particulier les Phéniciens, connaissaient cet art. Aristophane, Acharn., v, 112 ; Fax, v, 1174, parle du rouge de Sardes comme d’une couleur célèbre. Déjà Homère, Iliad., iv, 114, parle de la pourpre de Méonie. Les teinturiers en pourpre de Thyatire étaient fameux. À l’époque romaine, ils formaient de riches corporations qui élevèrent de nombreuses statues dont les. inscriptions nous ont été conservées. Foucart, dans le Bulletin de Correspondance hellénique, t. xi, 1887, p. 100-101. Lydie devait elle-même posséder une certaine fortune, cela apparaît dans le fait qu’elle a à son service tout un personnel et peut recevoir saint Paul et Silas dans sa maison. C’est chez elle qu’ils rentrèrent après que les magistrats de Philippes les eurent fait sortir de prison. Act., xvi, 40. On sait par l’Épltre que saint Paul adressa aux Philippiens combien devint florissante l’Eglise de cette ville dont Lydie et les siens avaient été les prémices. Cf. W. Ramsay, Saint Paul, the traveller and the Roman citizen, in-8°, Londres, 1895 ; G. Radet, La Lydie au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892.

E. Beurlier.

2. LYDIE (hébreu : Lûd ; Septante : Aoiiê, Atàia ; Vulgate : Lud, Lydia), contrée d’Asie Mineure (fig. 136). Dans la table ethnographique, Gen., x, 22, Lûd est nomme

136. — Monnaie de Lydie.

Statêre de Crésus (561-546). Protome de lion et protome

de taureau affrontés. — ^. Double carré creux.

parmi les fils de Sem, entre Arphaxad et Aram. Ce passage est répété dans I Par., i, 17. Lûd est le héros éponjme des Lydiens d’Asie. D’après ce texte, ce peuple

serait donc d’origine sémitique. En fait, au moment où ils apparaissent dans l’histoire, les Lydiens se montrent à nous comme une race mêlée. D’une part Strabon, XII, vin, 3 ; Hérodote, I, clxxi, 7, les considèrent comme d’origine thrace, frères des Mysiens et des Phrygiens. Les noms de certaines de leurs villes, Tralles, Brinla, Thyes 137. — Carte de Lydie.

sos, etc., rappellent les noms de villes thraces. Strabon, XIV, i, 42 ; VII, vi, 1 ; B. V. Head, Historia nutnorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 554. D’après Hérodote, i, 35, 74, 94, les usages et les lois de Lydie ressemblent aux usages et aux lois des Grecs. D’autre part, les traditions lydiennes rattachent la dynastie des Héraclides, qui régna sur la lallée de l’Hermus à l’Héraklès-Sandon, vénéré à Babylone, à Ascalon et à Tyr ; Menke, Lydiaca, in-8°, Berlin, 1843, p. 23 ; A. Maury, Histoire des religions de la Grèce antique, in-8°, Paris, 1857-1859, t. iii, p. 152, 245. L’influence araméenne est très sensible dans le Panthéon lydien. A. Maury, Histoire des religions, t. iii, p. 195 ; G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1890, t. v, p. 246. Certaines pratiques rappellent celles de Babylone ou de la Syrie. Hérodote, i, 96 ; Strabon, XI, xiv, 16 ; Xanthos, 19, dans les Fragmenta Historicorum Grxcorum, édit. Didot, t. i, p. 39-40, Nicolas de Damas, 24, ibid., t. iii, p. 271. Les Lydiens appartenaient donc à ces populations que l’historien grec Ephore appelle Migades et dont l’existence est incontestable, malgré les efforts que Strabon, XIV, v, 23-25, fait pour la hier. C’est, à l’élément sémitique des Lydiens que la Genèse donne Lûd pour ancêtre. Cf. Josèphe, Ant.jud., i, VI, 4. Cf. pour l’exposé de toute la question, G. Radet, La Lydie et le monde grec au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892, p. 5157, 67.

Le pays appelé Lydie (fig. 137) à partir du temps de Gygès, c’est-à-dire de 687 avant Jésus-Christ, portait auparavant le nom de Méonie. Homère, Iliad., iii, 401 ; xviii, 291 ; Pline, H. N., V, xxx, 1 ; Hérodote, I, 7 ; vii, 74 ; Strabon, XIII, iv, 5 ; XIV, x, 24 ; cf. XIII, i, 8, pensent que c’est un même peuple sous deux noms différents. Il paraît, en effet, très probable que la Méonie a pris le nom de Lydie par suite d’une invasion étrangère, celledont Gygès était le chef. Ce qui confirme cette hypothèse, c’est qu’Assurbanipal, qui régna de 668 à 625 avant J.-C, dit que la Lydie était « un pays dont ses pères n’avaient jamais entendu parler ». G. Smith, History of Assurbanipal, in-4°, Londres, 1871, cylindre A, p. 64, Incontestablement les Assyriens connaissaient le pays conquis par Gygès ; ce qui était nouveau pour eux, c’était le nom de Lydie. G. Radet, La Lydie, p. 57-59.

La version grecque de Judith, ii, 23, racontant la campagne d’Holoferne en Asie Mineure, nomme Loud parmi les peuples qu’il vainquit. Ce peuple est aussi, nommé dans la version syriaque, mais non dans la Vulgate qui ne contient qu’un abrégé de ce passage. Les annales assyriennes sont ici d’accord avec les ver-