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LYCIE — LYCIET


y avait des colonies juives importantes en Lycie et les arrêts de saint Paul dans les ports de cette province montrent qu’ils étaient sur le chemin que suivaient les navires allant à Jérusalem par Joppé et en revenant. Une inscription grecque de Tlos, datée du n » siècle après J.-C, indique la présence d’une communauté juive importante dans cette ville. Elle est gravée sur un tombeau que Ptolémée, fils de Lùcius, déclare ouvert à tous les Juifs en reconnaissance de ce qu’ils avaient nommé son fils archonte. Hula, Eranos Vindobonensis, 1893, p. 99-102. Cf. Hevue archéologique, 1893, t. ii, p. 356. — Le christianisme progressa lentement en Lycie. Nous possédons, sur une inscription d’Arycanda, un fragment d’une pétition que les Lyciens et les Pamphyliens adressèrent à Galère pour lui demander de mettre fin à la secte chrétienne. Th. Mommsen, dans les Archàologische epigraphische Mittheilungen aus Œsterreich, 1893, p. 93 ; Revue archéologique, 1892, t. î, p. 421 ; 1893, 1. 1, p. 96. — La Lycie est située au sud-ouest de la Carie et au sud-est de la Pamphylie. Elle est entourée par la mer de trois côtes, à l’est, au sud et à l’ouest. Les montagnes produisent un bois excellent pour la construction des navires, aussi les Lyciens ont-ils toujours été un peuple de marins, et même de pirates. Il n’y a pas dans cette région de vallées profondes comme

132. — Monnaie de Lycie.

Tète d' Apollon, lauré, de face ; à côté de M, à droite,

une petite lyre. — fy AÏKlapi]. Tête de face.

en Carie et en Ionie, cependant, à l’embouchure du Xanthe et des autres torrents qui descendent vers la mer, étaient situés des ports importants. Ceux de Patare et de Myre étaient les points de départ ou d’arrivée des navires en relations avec l’Asie Mineure et Alexandrie. Voir Myre et Patare. Phasélis était célèbre par son triple port. Strabon, XIV, iii, 9. Voir Phasélis.

Homère cite les Lyciens parmi les alliés de Troie. Iliad., vi, 171 ; x, 430 ; xii, 312 ; Odijss., v, 282, etc. E. de Rougé, Extrait d’un mémoire sur les attaques dirigées contre l’Egypte par les peuples de la Méditerranée, dans la Revue archéologique, 1867, t. xvi, p. 39, 96-97, pense que les Lyciens sont le même peuple que lesiowfcou qui attaquèrent l’Egypte sous la dix-neuvième dynastie. Cette opinion, contestée par quelques savants, est admise par la plupart. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, 1897, t. ii, p. 359. Ramsès III pénétra en Lycie et sa flotte alla jusqu'à Patare qui figure sous le nom de Pontar dans une inscription de Médinet-Abou. Cf. F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., 1882, t. ii, p. 316. Les Lyciens défendirent vaillamment leur indépendance contre Crésus, roi de Lydie, mais ils furent soumis par les Perses. Hérodote, ini, 90. Leurs vaisseaux jouèrent un rôle important dans les guerres médiques. Hérodote, vu, 91-92. Conquise par Alexandre le Grand, la Lycie, après sa mort, fit partie de l’empire des Séleucides. Ce fut une des contrées que les Ptolémées leur disputèrent avec acharnemeni et dont ils se rendirent maîtres, au moins pour un temps. Théocrite, xviii, 82 ; Corpus inscript, grxc, n. 5127 ; Bulletin de correspondance hellénique, t. xiv, 1890, p. 162-176. Cf. ï. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. fr., in-8°, Paris, 1885, t. iii, p. 337, 367, 380, 385 ; J. P. Mahaffy, The Empire of the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, p. 131, 199. Après un court intervalle durant lequel la Lycie recouvra son indépendance, elle passa sous la domination romaine, après la défaite d’Antiochus le Grand en 189.

Le Sénat la céda aux Rhodiens, mais les Lyciens résistèrent à Rhodes, avec l’appui d’Eumène, roi de Pergame. Les Romains, indignés de la conduite de Rhodes, qui avait soutenu contre eux Mithridate Eupator, rendirent aux Lyciens leur indépendance. Polybe, xxii, 7 ; xxiii, 3 ; xxvi, 7 ; xxx, 5 ; Tite Live, xlv, 25 ; Appien, Mithrid. LXi ; Syriac, xliv ; Corpus inscriptionum grxcarum, n. 5882 ; Bullettino delV Instiluto di Diritto Romano, t. ï, 1888-1889, fasc. 2 et 3, p. 78. Ce fut la période la plus prospère de ce pays. La Lycie était dans cette situation d’indépendance au moment où lui fut envoyée la lettre de Lucius, elle y demeura jusqu’au temps de Claude. En l’an 43 après J.-C, cet empereur, pour mettre fin ans luttes des Lyciens entre eux, créa la province de Lycie-Pamphylie. Suétone, Claude, xxv ; Dion Cassius, lx, 17 ; cf. Tacite, Annal., xii, 4 ; xiii, 33 ; Pline, H. N., xii, 9. Mais cette organisation ne devint définitive que sous Vespasien. Suétone, Vespas., vin. Ce fut après la création de la province romaine que saint Paul aborda à deux reprises en Lycie.

Au temps de sa liberté la Lycie formait une confédération de villes qui avaient un système monétaire unique. Les délégués de ces villes se réunissaient chaque année dans l’une d’elles, désignée par le sort. La confédération avait un président, un amiral, et d’autres fonctionnaires. Sous l’empire, cette assemblée fut spécialement consacrée au culte impérial. G. Fougères, De Lyciorum communi, in-8°, Paris, 1897 ; cf. E. Reurlier, Le culte impérial, in-8°, Paris, 1891, p. 102, 130. Parmi les villes dont existent des monnaies fédérales se trouvent les trois villes nommées dans la Bible, Patare, Phasélis et Myre. Strabon, XIV, m ; Koner, Beitrâge zur Munzkunde Lyciens, dans Pinder et Friedlânder, Beitrâge zur alteren Munzkunde, in-8°, Berlin, 1851, t. i, p. 93-122 ; C. Waddington, dans la Revue numismatique, 1853, p. 85-98 ; J.-P. Six, dans la Revue numismatique, série III, 1886, p. 101-116, 141, 192, 423438.

La langue lycienne est encore un problème pour les philologues ; on n’identifie guère que les noms propres ; son alphabet est dérivé de l’alphabet phénicien par l’intermédiaire d’un alphabet dorien. Cf. Deecke, Arkwright et Imbert, dans le Museon, 1891, p. 270 ; J. Halévy, dans la Revue critique, 1893, t. ï, p. 441 ; Imbert, dans les Mémoires de la société de linguistique, 1894, p. 449 ; Ph. Berger, Histoire de l'Écriture dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1891, p. 145.

Bibliographie. — Ch. Fellows, An account of discoveries in Lycia, in-4°, Londres, 1841 ; Spratt et Forbes, Traveh in Lycia, Milyas and the Cibyratis, 2 vol. in-8°, Londres, 1847 ; O. Benndorf et C. Niemann, Reisen in Lykien und Karien, in-8°, Vienne, 1884 ; H. Kiepert, Lykia, in-8°, Vienne, 1884 ; E. Petersen et

F. von Luschan, Reisen in Lykien, Milyas und Kybyratis, in-f », Vienne, 1880 ; René Cagnat, L’année épigraphique, 1889, p. 12, 68 ; Sk. Treuber, Geschichte des Lykier, in-4°, Stuttgart, 1887 ; Id., Beitrâge zur Geschichte der Lykier, in-4° ; Tubingue, 1887-1889 ;

G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, t. v, 1890, p. 345-360. ' E. Beurlier.

    1. LYCIET##

LYCIET (hébreu : 'âlâd ; Septante : piixvoç ; Vulgate : rhamiius), arbuste épineux.

I. Description. — De la famille des Solanées et rangés dans la tribu des Atropées pour leur fruit charnu et leur corolle dont les lobes se recouvrent dans le bouton, les Lycium sont des arbrisseaux touffus, à petits rameaux se terminant souvent en épines. Le calice de la fleur ne s’accroît pas après l’anthèse, et souvent se déchire prenant la forme d’une coupe à bords irrégulièrement dentés au fond de laquelle se trouve enchâssée la baie à sa maturité.

Le type le plus répandu sur le pourtour du littoral méditerranéen est le Lycium europeum de Linné