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LUGDUNENSIS (CODEX) — LUITH


auparavant. La première page du codex Ashburnham portait : Explicit liber Exodus. Incipit Leviticum ; la dernière. : Explicit liber Numeri. Incipit Deuteronomium. Cela comblait exactement la lacune du manuscrit de Lyon. Par la paléographie, par la dimension des pages et la disposition des colonnes, par l’arrangement des cahiers numérotés, M. Delisle prouva à l’évidence que les deux codex n’en avaient fait qu’un autrefois et que Fleck les avait encore vus ensemble vers 1837. Sur ces preuves, lord Ashburnham restitua généreusement à Lyon les feuillets qui lui avaient été vendus en 1847 par Libri, l’auteur de tant de vols commis au préjudice de nos bibliothèques publiques. — En octobre 1895, quand fut mise en vente la bibliothèque du baron de Verna, M. Delisle remarqua dans le catalogue un manuscrit qu’il reconnut être la suite des précédents et la bibliothèque de Lyon s’empressa de l’acquérir.

2° Description. — Le manuscrit tel qu’il est aujourd’hui contient 232 feuillets de parchemin : 64 feuillets restés à Lyon, 80 restitués par lord Ashburnham, 88 achetés en 1895. Les pages, mesurant m 30 X m 24, sont

— chose rare — à trois colonnes de 26 ou 27 lignes. Les lignes ont 14 ou 15 lettres en moyenne. L’écriture est continue, sans séparation entre les mots qui sont souvent coupés en deux à la lin des lignes. La ponctuation primitive est très rare et les signes semblent employés un peu au hasard. La division en paragraphes, indiquée par des lettres plus grandes placées en vedette, tient lieu de ponctuation. Quelquefois, au milieu des paragraphes, un espace plus ou moins considérable marque une pause ; assez souvent, à la fin des paragraphes se voit une feuille de lierre. — Par endroits, le parchemin est jauni, noirci, fripé ; mais en général l’état de conservation ost très satisfaisant et peu de manuscrits de cet âge ont un plus bel aspect.

3° Age, origine, valeur critique. — Ziegler attribue notre manuscrit au vip siècle ; mais cette date est certainement trop tardive. M. Delisle pense qu’il est du vie. G, Paris, Journal des savants, 1883, p. 389, ne voit aucune objection à le faire remonter au v". M. Ul. Robert est de cet avis : il lui semble qu’on n’aurait pas copié, d’une façon si coûteuse, un ancien texte biblique à peu près hors d’usage, après l’adoption générale de la Vulgatc. De plus la formule : Incipit Exodus. Lege cum poice (folio 24 v°), ne lui paraît pas pouvoir être postérieure au v 8 siècle. — Pour des raisons philologiques, G. Paris inclinait à penser que la version avait été faite dans le midi de la France, peut-être à Lyon même. M. Robert croit au contraire, en s’appuyant principalement sur le vocabulaire, qu’elle est d’origine africaine. Peut-être cependant sa base d’observation n’est-elle pas assez étendue. — On se rendra compte de l’importance du nouveau texte si l’on songe qu’avant la découverte du manuscrit de Verna, le Deutéronome, à partir de xi, 4, n’était représenté dans les versions préhiéronymiennes que par le cantique de Moïse, Xxxii, publié par Sabatier, par Deut., xxiii, 42-53 ; 55-58 ; xxxi, 11-26 du Codex Wirceburgensis (Ranke, Antiquissi-ma Vet. Test, versionis latinm fragmenta, Vienne, 1871) et par Deut., xxii, 7-xxin, 4 ; xxviii, 1-31, xxx, 16-xxxii, 29 du Codex Monacencis (Ziegler, Bruchstûcke einer vorhieronymianischen Uebersetzung des Pentateuch, Munich, 1883). Voici la conclusion de M. Ulysse Robert, Pentateuchi, etc., 1881, p. cxu-cxlii : « Le codex Lugdunensis a été de bonne heure, vers le vu » siècle, l’objet de revisions ou de corrections qui ont eu pour but de le ramener à la Vulgate. La traduction est à peu près sûrement d’origine africaine et semble remonter à la dernière moitié du iue siècle et être antérieure à la fin du rv>. Elle a été faite sur une version grecque qui diŒre. assez de celles du Codex Vaticanus et du Codex Alexandrinus. Elle n’est pas la version nommée par saint Augustin ltala. Elle a dû être connue de quel ques-uns des premiers Pères et de plusieurs écrivain » chrétiens. Malgré les nombreuses fautes qu’elle présente, elle n’en a pas moins un grand intérêt, parce qu’elle comble une importante lacune dans la série des Livressaints de l’Église primitive. » Dans son étude sur la troisième partie (manuscrit de Verna), M. Robert compare le texte du Lugdunensis avec les 66 manuscrits employés par Holmes et Parsons. Le résultat est que les manuscrits les plus rapprochés du Lugdunensis sont ceux qui dans la nomenclature critique portent les numéros 74, . 54, 106, 134 ; les trois premiers sont du xrv » siècle, le dernier du xe ou du XIe. Swete pense, mais avec un point d’interrogation, que les n M 74, 106, 134 appartiennent à la recension d’Hésychius.

4° Éditions. — La partie qui n’a jamais quitté Lyon, comprenant : Gen., xvi, 9-xvii, 18 ; xix, 5-29 ; xxvi, 33xxxiii, 15 ; xxxvii, 7-xxxviii, 22 ; xlii, 36-l, 26 ; Ex., i, 1-vn, 19 ; xxi, 9-36 ; xxv, 25-xxvi, 13 ; xxvii, 6-xl, 36 ; Deut., i, 1-xi, 4, a été éditée, avec une savante préface et des photogravures, par M. U. Robert, Pentateuchi versio lalïna antiquissimae codice Lugdunensi, Paris, 1881. — La partie volée par Libri, renfermant l’ensemble du Lévitique et des Nombres, moins Lev., xviii, 30-xxv, 16, avait été précédemment publiée par les soins de lord Ashburnham, mais ne fut pas mise dans le commerce i Librorum Levitici et Numerorum versio antiqua ltala e codice perantiquo in bibliotheca Ashburnhamiense conservato nunc primum typis édita, Londres, 1868. Voir Revue critique, 1870, t. ix, p. 341. — Enfin la partie achetée en 1895, contenant le Deutéronome à partir de xi, 4, Josué et les Juges jusqu’à xx, 31, a été éditée, avec une étude sur le texte, par M. Robert : Heptateuchï partis posterioris versio latina antiquissimae codice-Lugdunensi, Lyon, 1900. F. Prat.

    1. LUITH##

LUITH (hébreu : hal-Lûhi{ ; Septante : Aoveiï, ’AXtM) f localité du pays de Moab. Isaïe, xv, 5, et Jérémie, xlviii, 5, dans leurs prophéties contre Moab, disent en ternies semblables que l’habitant de ce pays montera en pleurant « la montée de Luith ». D’après Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit.Parthey et Larsow, 1862, p. 266, 267, le village de Luith, qui existait encore de leur temps, sous le nom de Lueitha ou Luitha, était situé entre Aréopolis et Zoar. Aréopolis est l’Ar-Moab de l’Écriture. Voir t. i, col. 814. F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. i, p. 310, 317 ; t. ii, p. 42 (cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, 1896, p. 272), croit que la montée de Luith peut être identifiée avec la route qui, des environs de Zoar, sur la rive orientale de la mer Morte, conduit aux hauts plateaux de Moab par l’ouadi Bené I}ammad, au nord de l’ouadi Kérak ; il y eut là une voie romaine. Voici comment s’exprime de Saulcy : « Une localité des plus importantes à déterminer, c’est celle de Louéïth. Elle était sur la route d’Aréopolis à Zoar du temps d’Eusèbe. L’Écriture la place sur une montée ; donc Loueïth, placée sur la voie fréquentée d’Aréopolis à Zoar, voie qui passait, à n’en pas douter, par l’ouad-ebni-Hammîd, devait. se rencontrer de toute nécessité dans l’ouad qui, de la rive moabitique, montait à la plaine d’Aréopolis. Or, la dernière niontée qui donne accès à « e haut plateau gravit, & travers des ruines énormes, un Djébel-Nouehia ou Nouehid ; ces ruines portent le même nom de Nouehin ou Nouehid ; les lettres L et N, dans la bouche des Arabes de cette contrée, permutent avec une extrême facilité : je n’hésite donc pas un seul instant à voir dans les ruines et la montagne de Nouehid les ruines et la montée de Loueïth. » Voyage autour de la mer Morte, t. ii, p. 42-43. « Cette ville ruinée, ajoute le même auteur, Dictionnaire topographique de la Terre-Sainte, in-8°, Paris, 1877, p. 210, est à deux heures de marche au nord d’er-Rabbah. » M. Conder, Palestine, in-12, Londres, 1889, p. 258, identifie la montée de Luith avec Tal’at