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LUCIEN D’ANTIOCHE

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mêmes leçons caractéristiques dans Gbrysostome et dans Théodoret, puisque, au témoignage de saint Jérôme, les exemplaires de Lucien étaient généralement employés d’Antioche à Gonstantinople. Les recherches faites par Ficld, par P. de Lagarde et par d’autres, confirmèrent ces prévisions et servirent de contrôle à l’hypothèse. — Bref, on regarde aujourd’hui comme appartenant principalement à la recension de Lucien — les textes sont rarement purs de tout mélange — les codex suivants : 19, 22, 36, 48, 51, 61, 82, 90, 93, 95, 108, 118, 144, 147, 153, 185, 231, 233, 308 de la numérotation de Holmes ; de plus : Paris, Coislin grec, 184 ; Athènes, Biblioth.nat., 44 ; pour les Pères : saint Jean Chrysostome et l’école d’Antioche ; pour les versions : la vêtus latina, la gothique d’Ulfilas, la syriaque philoxénienne, la slavonique, la version arménienne (partiellement). Ci. Swete, lntrod. ta the Old Test, in Greek, Cambridge, 1900, p. 482. P. de Lagarde a édité les livres historiques, selon la recension de Lucien, d’après cinq manuscrits : 108, 82, 19, 93, 118 de Holmes : Librorum Vet. Test, canonicar. pars prior grmce, Gœttingue, 1883. Cl. Ankïtndigung einer neuen Ausgabe der griechischen Uebersetzunq des A. T., Gœttingue, 1882. Faute de tonds, il est mort sans pouvoir publier le reste. Il avait exclu de son édition les livres deutérocanoniques : Judith, Tobie, Machabées.

III. Caractères de la recension de Lucien. — M. Driver, Notes on the Hebrew Text of Samuel, Oxford, 1890, croit pouvoir caractériser de la sorte le travail critique de Lucien : 1. Fréquente substitution de synonymes ; 2. Doublets provenant d’une double version, lais Vat. grec. 330, fol. 282 v°

TrtfTTbç SaS ùibç tstriat* iriarbç àvïip,

ov avéar^crev 6 bç Y^pcaroV ô f)ç taxà)@ :

xa i.’ipaîo ; à ij ; aX[ioç toû ÎvjX

-ît[ ».a xupido IXâXïjæv Iv [ » oV

xa X^Yo^aùtoû &TÀ fXiàaarii^ov

ê[7rev ô 9ç a~/.il>&’èv èu.oi XaXvjo-ai itXâo-Tïi ; IyjX « p£ov èv àvot£_81xa£<É » ; àpxaï cpôëto 8û usç cpw ; to itpoïvbv

xac àv « TsXeî iiXtoç tô itpw’i' xa où (Txo-cicrEi iizo yifyovs &i ûetoç (ôç potàvï] èx Y^i ?’8 ti ôu)( îutu ; 6 ôïxSajjiou [hetc< tJi*

8 « 8ta6ï|xr|V àlwvtov EBsto [J.oi

ffcotrat |jle iciç (oSs Iv uâat,

xal tpTjXàles aùtriv

est certainement un contresens occasionné par une mauvaise leçon. Ezech., xxxi, 10, est traduit par les Septante : %aX elîov èv ta yi) « i>6ïjvai aùtôv, au lieu qu’il faudrait : « Et son cœur s’éleva dans sa superbe. » Lucien en iait : xal È7rT)p87) t xapSîa aù-roû èiti tô) û^et aùtoy, xai’e ! 80v èv to û^wOîjvai aùxôv. — La substitution de synonymes semble assez arbitraire, du moins, il est difficile d’y découvrir une loi fixe. Voir Field., Hexapla, t. i, p. xc. — Comme Lucien, de même qu’Origène, cherchait à se rapprocher de l’hébreu, on remarque quelqueiois entre le texte hexaplaire et Lucien une certaine ressemblance ; mais cette ressemblance est assez superficielle. Un détail qui a son importance parce qu’il a servi de confirmation à la découverte du texte de Lucien, c’est que ce critique, d’après le témoignage d’un auteur syriaque, copié par M. Ceriani dans un manuscrit du Musée Britannique (addition. 12159, loi. 302), remet à8uvat x-jpioi ; dans les passages d’Ézéchiel où les autres manuscrits des Septante ont simplement xùptoç. Et cela se vérifie en effet dans les codex 22, 36, 48.

Voici à titre de spécimen, les dernières paroles de David, II Reg., xxiii, 1-5, d’après le manuscrit grec 330 du Vatican qu’on suppose représenter la recension de Lucien. Nous maintenons les abréviations, l’accentuation et la ponctuation du codex, qui n’emploie pas l’iota souscrit et, entre autres singularités, place l’esprit sur la première lettre de la diphtongue initiale. Dans son édition de Lucien, Lagarde reproduit presque sans changement le codex vat. 330 (108 de Holmes). Dans les versets ci-joints il met seulement ap^e au lieu de &pY_ai (ligne 9) :

Texte des Septante de Swete, t. i, p. 663

1- — riiUTo ; AauslS vitoç’Ietrffat, xa ictaibi ; àvr|p 8v àvéuTï)cr£v Kùptoç êitt v v piorôv 6eo0’Iax<oë, xai sOitpeitsïç i^aXpioi’IapaïjX 2. — iwsùjjia Kvipiôu èXâXrjisv èv èjjiot,

xa ô Xoyoç auTOu èVs yXw<ttyjç |xou*

3. — Xiftt à 8sb ; ’I<Tpa7)X*

è{xo1 èXàX7|<T£v çùXaÇ ï’I<rpa7)X IIapaëoX7|V e’utoV’Ev àv6pûit(j) itô> ; xpataiwiTij-ce çdëov Xpto"toû ;

4. — xal èv Beû çwt itpwîa ; àvaTEÎXai 7JX10 ; ,

cô ïtpon où Kùpeoj itapYJX6ev

ix çsyyouç*

xa uç i ùetoù)(Xo’r)ç àrco Y*K 5. — où yàp outo ; <5 01x61 ; jjiou [ma’Io-^upoO ;

SiaBrixiiv Y « p aîwviov iQs.t6 p.ot, è-coi|Aï)v sv îtavi’i xaipû, iteçuXaYf.svï)v.

ses côte à côte dans le texte ; 3. Adoption de leçons qui supposent un texte hébreu supérieur au texte massorétique. — Le second caractère est particulièrement frappant. Voici quelques exemples : Is., xxiv, 23, les Septante traduisent : xai tax^aeTai o rcXivôoç, xai iteoretTo ; to t£ïxo4, ce que Symmaque rend par : xa èvcpaitr, (T£-cat 7) aeX^v7), xo alo-/uv6rj<TBTai ô ^Xtoç. Lucien retient et accole les deux versions, dont l’une, celle des Septante,

Vulgate, II Reg., xxiii, 1-5.

1.

Dixit David filius Isai : dixit vir cui constitutum est de christo Dei Jacob, egregius psaltes Israël.

2. — Spiritus Domini locutus est per me,

et sermo ejus per linguam meam.

3. — Dixit Deus Israël mihi,

locutus est lortis Israël,

dominator hominum,

justus dominator in timoré Dei.

4. — Sicut lux aurorse, oriente sole,

mane absque nubibus rutilât,

et sicut pluviis germinat herba do terra.

Nous donnons aussi, comme terme de comparaison, la version latine contenue dans la marge du Codex Gothicus Legionensis, dont la collation se conserve au Vatican, latin 4859. Nous avons dit que Vercellone avait remarqué les rapports entre cette version et le texte grec de quatre manuscrits parmi lesquels se trouve notre codex 330. Cette observation fit taire un grand pas à la découverte de la recension de Lucien :

Vat. latin 4859, pars 1, fol. 116 V.

F’idéïis David filius Jesse, fidelis vir quem

suscitavit Deus Christum Dei Jacob :

et speciosus psalmus Israël.

Spiritus Domini locutus in me,

et verbum ejus in lingua mea est,

Dixit Deus Jacob,

in me locutus est custos Israël,

parabolam die hominibus

juste incipit in timoré Domini.

Quasi lux matutina et orietur sol mane

et non tenebrescet a lumino ;

quasi pluvia, quasi herba de terra.