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LUC DE BRUGES

LUCIEN D’ANTIGCHE

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connu, en latin, sous le nom de Lucas Brugensis. Nous -avons de lui : Notationes in Biblia sacra, in-f°, Anvers, 1580, 1583, et in-l », 1581 ; in-f », Leipzig, 1657. — Variée lectiones Veteris et Novi Testamenti, vulgates latines editionis collectée, in-f », Louvain, 1580-1583, où il a mis une préface et des notes nombreuses qui sont fort estimées. — Romanse corrections in latinis Bibliis jussu Sixli V recognitis loca insignioria, in-12, Anvers, 1603 ; Venise, 1745. — Itinerarium Jesu Christi ex IV Evangeliis. — Commentarii in Evangelia, m- ! ", Anvers, 1606, auxquels fait suite le commentaire intitulé : Notarum ad varias lectiones in IV Evangeliis occurrentes libellus duplex, quorum uno greecse, altero latinee varietates explicantur, ainsi que De usu chaldaicee Bibliorum paraphraseos, sive apologia pro chaldaico paraphraste, jussu theologorum Lovaniensium scripta. — Sacrorum Bibliorum vulgatee editionis concordanlix, 5 in-f°, Anvers, 1617 ; La Haye, 1712. C’est la première bonne concordance de la Bible qui ait été publiée. — Enfin Luc prit part à la publication de la Bible polyglotte d’Anvers, et à la Biblia hebriea et latina Ariee Montani (Genève, 1609). Voir A. C. de Schrevel, dans la Biographie nationale, publiée par l’Académie de Belgique, t. xii, 1892, col. 550-563.

A. Régnier.

LUCIEN D’ANTIOCHE. — I. Histoire. - Lucien, né à Samosate vers le milieu du IIIe siècle, commença ses études à Édesse sous un certain Macaire et vint les poursuivre à Antioche sous Malchion. Il y fut ordonné prêtre et y jouit d’une grande réputation d’éloquence et de doctrine. Selon Théodoret, citant une lettre d’Alexandre d’Alexandrie à Alexandre de Constantinople, il aurait passé de longues années exclu de l’Église : ’ATtomjvaYWYoç k’[i£tve Tptùv iju<r ! i<57ni>v 7toàU£toGç -/pfivou. H. E., 3, t. lxxxii, col. 901. Si le fait est vrai, on est surpris qu’aucun autre écrivain du ive ou du ve siècle n’incrimine ""son orthodoxie et que tous, au contraire, avec Eusèbe, H. E., ix, 1, t. xx, col. 809, saint Jérôme, De viris illust., 11, t. xxiii, col. 685, et saint Jean Chrysostome, Homilia in sanct. martyr. Lucianum, t. l, col. 519-526, le comblent d’éloges. On sait que plus tard les ariens et les macédoniens se réclamèrent de lui et lui attribuèrent une profession de foi hétérodoxe ; mais Sozomène, qui rapporte ces accusations, H. E., iii, 5, t. lxvii, col. 1044, ne s’y associe point, et Nicéphore, H. E., ix, 5, t. cxlvi, col. 236, les répudie expressément comme mensongères. L’auteur du Dialogue sur la Trinité, imprimé parmi les œuvres de saint Athanase, t. xxviii, col. 1203-1205, défend lui aussi l’orthodoxie de Lucien. Lucien souffrit le martyre à Nicomédie sous Maximin, l’an 3Il ou 312. Il fut enseveli à Hélénopolis. Cf. Acta sanctorum, au 7 janvier, 1. 1, p. 357-364 ; Siméon Meta phraste, même date, t. cxiv, col. 397-416 ; c’est à ce dernier que Suidas, Leocicon, édit. Bernhardy, au mot Aouxtavôç, t. ii, 1853, col. 607-608, a emprunté sa notice.

II. Édition critique des Septante. — 1° Témoignages des auteurs anciens. — En Lucien, le critique nous intéresse plus que l’homme privé. Malheureusement, les auteurs qui nous parlent de lui répètent tous à peu .près les mêmes détails. Saint Jérôme est le plus explicite. Cf. De vir. illustr., 77, t. xxiii, col. 685 ; Epist. cvi, ad Sunniam et Fret., t. xxii, col. 838. Le texte suivant, Prsef. in Par., t. xxviii, col. 1324 (répété Adv. Rufin., Il, 27), quoique bien connu, est si fondamental en cette matière qu’il est nécessaire de le transcrire ici : AUxandria et Mgyptusin Septuaginta suis Hesychium laudat auctorem ; Constantinopolis usque Antiochiam Luciani (variante : Juliani) marfyris exemplaria probat ; médise inter has provincise Paleestinos (variante préférable : Paleestinee), codices legunt, quos ab Origene élaboratos, Eusebïus et Pamphilus vulgaverunt : totusque orbis hac inter se trifaria varietate compugnat. Ce texte nous apprend deux choses très intéressantes :

1. qu’il y avait, au temps de saint Jérôme, trois principales recensions des Septante : celle d’Hésychius, celle de Lucien et celle d’Origène ; 2. que la recension de Lucien était généralement adoptée en Asie Mineure, d’Antioche à Constantinople. On ne sait comment concilier ce détail précis avec la donnée fournie à Sunnia, t. xxii, col. 838 : Sciatis aliam esse editionem, quara Origenes et Csesariensis Eusebius, omnesque Grsecite tractatores xoiv^v, id est communem appellant atque vulgatam, et a plerisque nunc Aouxtavôç dicitur ; aliam Septuaginta inlerpretum quse in à|aw>oî ; codicibus reperitur. Le pseudo-Athanase, Synopsis Script., 77, t. xxviii, col. 436, rapporte qu’on trouva l’autographe de Lucien muré dans une construction de Nicomédie. Le même écrivain prend la recension de Lucien pour une septième version pareille aux six autres qu’Origène avait utilisées dans ses Octaples. Ce passage se trouve copié dans un opuscule imprimé à la suite des œuvres de Théodoret, t. lxxxiv, col. 29. Un manuscrit de Théodoret contient une note très précieuse : Il faut savoir que le sigle ô désigne les Septante, a Aquila, S Symmaque, 5 Théodotion, etc. >, désigne Lucien. Voir le texte grec dans Field, Origenis Hexapla, 1. 1, p. lxxxv. Cette note concorde avec l’avis contenu dans la lettrepréface de la version arabe du texte syro-hexaplaire, qui nous avertit que les leçons de Lucien sont indiquées par la lettre L.

2° Manuscrits de la recension de Lucien. — C. Vercellone, Variée lectiones vulg. lat. Biblior., Rome, 18601862, t. ii, p. 435-436, après avoir reproduit tout au long des variantes très remarquables de II Reg., xxiii, extraites de la marge du codex Gothicus Legionensis, ajoutait : « Toutes ces leçons lui sont communes avec les manuscrits 19, 82, 93, 108 de Holmes. Il faut que ces manuscrits appartiennent à une même recension, qui est, à peu de chose près, reproduite dans la Polyglotte d’Alcala, basée elle-même sur le codex 108. » Le codex 108 (Vatican 330) avait été, en effet, envoyé de Rome au cardinal Ximénez, qui s’en était presque exclusivement servi pour l’édition des livres historiques. On avait ainsi un groupe de manuscrits des Septante, étroitement apparentés ; mais on ignorait encore la relation qui les rattachait à Lucien. On savait bien par les textes cités plus haut que le sigle >, en grec, et la lettre lomad, en

syriaque, désignaient Lucien ; et Hodius avait déjà attiré l’attention sur ce point ; mais on n’avait pas tenu grand compte jusqu’alors de cette particularité, parce que Montfaucon voyait dans le X l’initiale de oi XoijioÏ (les autres) et que certains érudits pensaient que le lomad devait être un gomal, désignant les trois versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. — Sur les indications de M. Ceriani, préfet de la Bibliothèque Ambrosienne à Milan, Field, l’éditeur des Hexaples, examina les sept leçons marquées d’un lomad dans la traduction syro-hexaplaire du codex Parisiensis (Bibliothèque nationale, syriaque 27). Ce codex a été édité depuis par P. de Lagarde, Veteris Test, ab Origene recensiti fragmenta apud Syros, Gœttingue, 1880. Il contient des fragments du quatrième livre des Rois et porte en marge la lettre lomad devant des leçons spéciales aux endroits suivants : ix, 9, 28 ; x, 24, 25 ; xi, 1 ; xxiii, 33, 35. Field trouva ces variantes conformes au groupe de manuscrits signalés ci-dessus ; ces manuscrits appartenaient donc à la recension de Lucien. Procédant de même pour les passages des prophètes, qui dans le codex Barberini portent le sigle ~k, Field constata que ces leçons étaient communes aux codex numérotés 22, 36, 48, 51, 61, 90, 93, 144, 147, 233, 208 de Holmes. Field, Origenis Bexapl. quee supersunf, Oxford, 1875, t. i, p. lxxxvh-lxxxvih. — Si les codex énumérés ci-dessus représentaient bien, comme on le supposait, la recension de Lucien, on devait s’attendre à trouver les