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LUC (SAINT) — LUC (ÉVANGILE DE SAINT)


reliques.de saint Lac ont été transférées d’Achaïe (mais de Bithynie, selon S. Isidore de Séville) à Constantinople. S. Jérôme, De vir. ill., 7, t. xxiii, col. 621 ; Cont. Vigilantium, 5, ibid., coi. 343 ; Chronic, an. 360, t. xxvii, col. 690 ; Théodore le Lecteur, Excerpta, t. lxxxvi, col. 213 ; S. Isidore de Séville, De vita et obitu Patrum, 82, t, lxxxiii, col. 154. Quelques ossements se trouvaient à Brescia, S. Gaudence, Serm., xvii, t. xx, col. 963 ; à Funda, S. Paulin de Noie, Epist., xxxii, n. 17, t. lxi, col. 339 : à Antioche et à Ostie. Id., Poema, xxx, v. 35, ibid., col. 672. L’Église célèbre la fête de saint Luc le 18 octobre. On a donné le bœuf comme symbole au troisième évangéliste parce que son récit commence par le sacrifice offert par Zacharie, père de Jean-Baptiste.

6° Saint Luc était-il peintre ? — D’après Nicéphore Calliste, ff, E., 1. II, c. xliii, t. cxlv, col. 876, saint Luc était très habile dans l’art de la peinture. Siméon Métaphraste, Vita S. Lucm, 6, t. cxv, col. 1136, lui attribue une image du Christ qu’on honorait de son temps. On lui a attribué aussi des peintures de la sainte Vierge. Cette attribution repose sur le témoignage de Théodore le Lecteur, du vi « siècle. Il rapporte que l’impératrice Eudoxie avait trouvé à Jérusalem un portrait de la mère de Dieu, peint par l’apôtre Luc, et qu’elle l’avait envoyé à Constantinople. pour en faire présent à sa bellesœur Pulchérie, femme de Théodose II. Théodore le Lecteur, Excerpta, i, 1, t. lxxxvi, col. 165. Les Madones dites de saint Luc reproduisent un type byzantin de la Vierge et peuvent remonter au ve siècle. Rien d’authentique ne justifie l’attribution à saint Luc de ces images. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, p. 791-792 ; E. von Dobschûtz, Christusbilder. Vntersuchungen zur christlichen Légende, Leipzig, 1899, t. ii, p. 266°-280°. Cf. Acta sanctorum, octob. t. viii, p. 282-313. E. Mangenot.

2, LUC (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHENTICITÉ.

— L’authenticité du troisième jivangile n’a jamais été contestée, et la critique la plus avancée respecte l’universelle attribution de ce récit à saint Luc. Les titres grecs et latins : Eùafféitov xoctà Aouxôév, Evangelium secundum Lucam, ou autres analogues, qui se lisent en tête des manuscrits et des éditions, remontent au il* siècle, voir t. ii, col. 2060, à l’époque où le troisième Évangile était expressément attribué à Luc, son auteur. Mais des citations formelles ou implicites du troisième Évangile dans les écrits de la fin du I er siècle et du commencement du H « prouvent que ce livre existait déjà et étais connu dans l’Église entière.

1° Existence et connaissance du troisième Évangile à la fin du I er siècle et au commencement du il". — Saint Clément de Rome cite, de mémoire, semble-t-il, des paroles prononcées par Jésus. Aucune ne répond textuellement à aucun des synoptiques. Quelques mots cependant ressemblent de plus près à saint Luc, qu’à saint Matthieu. Ainsi, I Cor., xiii, 2, w ; StSoTe, oûrwç Soô^ffsxai ûixïv, rappelle de très près Luc, vi, 38. Funk, Opem Patrum apostolicorum, 2e édit., Tubingue, 1887, p. 78. I Cor., xlvi, 8, combine Matth., xxvi, 24, et Luc, xvii, .2. Ibid., p. 120. La ressemblance entre I Cor., xxm, 4, et Luc, xxi, 29, 30, est plus éloignée. Sans être décisives, ces coïncidences sont plus que suffisantes à prouver l’emploi du troisième Évangile à Rome entre 93 et 95. La AtSax^ » 1 u’es * de P eu postérieure, mêle en deux endroits, i, 3 ; xvi, 1, Funk, Doctrina duodecim Apostolorum, Tubingue, 1887, p. 6, 46, Luc, vi, 28-32 ; xii, 35, à des passages de saint Matthieu. Cf. t. ii, col. 2064. La citation que fait saint Ignace, Ad Smyrn., iii, 2, Funk, p. 236, ne convient pas exclusivement à Luc, xxiv, 39, car si ce passage est visé, il est complété par une citation étrangère aux Évangiles canoniques. Saint Polycarpe, Ad Philip., ii, 3, Funk

p. 268, mélange Matth., vii, 1, avec Luc, vi, 36-38, et Matth., v, 3, 10, avec Luc, vi, 20. L’écrit de Papias étant perdu on ne peut prétendre avec certitude que cet écrivain ne connaissait pas saint Luc ; il pouvait le citer sans qu’Eusèbe ait pris soin de le noter. Il est d’ailleurs vraisemblable que Papias l’avait entre les mains aussi bien que saint Ignace et saint Polycarpe. Dans le Pasteur d’Hermas, Simil., ix, c. xxvi, 3, Funk, p. 547, il y a une allusion évidente à une parole de Jésus. Luc, ix, 24 ; xvii, 33. i.a II" Clementis, xiii, 4, cite textuellement en partie Luc, vi, 32, 35 ; v, 2, Luc, x, 3 ; viit, 5, Luc, xvi, 10, avec cette entrée en matière : Asysi yàp 3 Kûpto ; bi tô e-iocYYeii’to ; toutefois, comme la première partie de la citation ne se trouve pas dans les Évangiles canoniques, quelques critiques pensent que l’auteur cite un évangile apocryphe ; vi, 1, Luc, xvi, 13, Funk, p. 150, 154, 160. Basilide, qui enseignait à Alexandrie vers Tan 120, se servait du troisième Évangile. D’après les Philosophumena, vu, 26, t. xvi, col. 3315, il citait Luc, i, 35, comme une parole sainte. Les Acta Archelai, 55, t. x, col. 1524, nous apprennent que le treizième livre de son commentaire sur l’Évangile commençait par la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, que Luc seul raconte, xvi, 19-31. Au rapport de Clément d’Alexandrie, Strom., i, 21, t. viii, col. 888, les disciples de Basilide célébraient le jour du baptême de Jésus et ils en fixaient la date à la quinzième année de Tibère, date indiquée par saint Luc, iii, 1, pour le début de la prédication de Jean-Baptiste. Quelques-uns d’entre eux plaçaient la mort de Jésus à la seizième année de Tibère. Or, selon saint Irénée, Cont. hser., II, xxii, t. vii, col. 781, c’étaient des valentiniens qui s’appuyaient sur Luc, iv, 19, citant Is., lxi, 2. Dans le c. li, ajouté au traité De prsescript., de Tertullien, t. ii, col. 70, il est dit que Cerdon ne recevait que le seul Évangile de saint Luc, et encore pas en entier. Carpocrate interprétait d’une façon singulière une parole de Jésus, citée par saint Irénée, Cont. hser., i, xxv, n. 4, t. vii, col. 683, en des termes, se rapprochant de Luc, xii, 58-59, plus que de Matth., ’v, 25-26. De cette enquête il résulte qu’au milieu du n « siècle, le troisième Évangile se trouvait aux mains de tous les chrétiens, catholiques ou hérétiques. 2° Dans la seconde moitié du ip siècle. — Les preuves de la connaissance et de la diffusion du troisième Évangile dans cette courte période abondent, et c’est alors que se manifeste l’attribution précise de cet écrit à saint Luc, Saint Justin, Dial. cum Tryph., 103, t. vi, col. 717, déclare que les Évangiles, qu’il nomme Mémoires des apôtres, ont été écrits par des Apôtres ou par des disciples des Apôtres. Il sait donc les noms des évangélistes, bien qu’il ne les cite pas, et il place évidemment saint Marc et saint Luc parmi les auteurs de la seconde catégorie, puisque cette mention sert à introduire le récit de la sueur de sang de Jésus, qui est particulier à saint Luc, xxii, 44. D’ailleurs, un très grand nombre de traits de la vie du Sauveur cités par lui ne sont rapportés que dans le troisième Évangile. Voir t. ii, col. 2068, 2069. Tatien, disciple de saint Justin, a publié un Aià TEmrâpwv, qui combinait en un seul récit les quatre narrations canoniques de la vie de Jésus. On sait qu’il en excluait les généalogies. Or, l’une d’elles se trouve dans l’Évangile [de Luc. Une allusion à Luc, vi, 25, se remarque, Orat. adv. Greecos, xxxii, t. VI, col. 872. Dans le fragment de Tatien, conservé par Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 12, t. viii, col. 1181, il y a une autre allusion soit à Luc, xvi, 13, soit à Matth., vi, 24. Les hérétiques de cette époque rendent le même témoignage en faveur du troisième Évangile. Marcion a rejeté les trois autres Évangiles qu’il connaissait pour ne conserver que celui de saint Luc comme son seul Évangile et. celui de ses Églises. Il l’abrégeait encore, en enlevant ce qui ne cadrait pas avec ses doctrines, et il ne gardait qu’une parcelle d’Évangile,