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LACHIS


huitième ville, à 1 m. 50, dans un état de destruction pitoyable. Elle renferme une douzaine de tanmirs ou « fours » de forme circulaire, qui attestent que les anciens habitants, 400 ans avant notre ère, faisaient leur pain de la même manière que les Syriens et Arabes d’aujourd’hui. Les pierres à bâtir sont brutes, quelques-unes seulement, de forme carrée, indiquent un certain travail. Jarres et nombreuses poteries.

La chronologie du tell peut être approximativement établie d’après les objets trouvés in situ, que l’on ramène aux quatre classes suivantes :

1° Objets avec inscriptions. — 1. En premier lieu vient la tablette cunéiforme, découverte dans la troisième ville. Voir fig. 6. Par sa forme et ses dimensions, elle ressemble à celles de Tell el-Amarna ; l'écriture et les formules employées sont celles des scribes du sud de Chanaan dans les lettres adressées aux rois d’Egypte. Zimrida était gouverneur de Lachis sous le règne d’Amenhotep IV, Khu-n-Aten, de la XVIII 8 dynastie. On peut donc la l’aire remonter à environ 1450 ans avant notre ère. — 2. Nous avons en second lieu deux inscriptions phéniciennes. Sur un fragment de poterie, mis à jour vers le sommet de la IVe cité, on lit : ïbs, de bâla « absorber. » M. Sayce ne croit pas l'écriture plus ancienne que le XIe siècle. Sur un autre (vie cité), M. Clermont-Ganneau lit "jDnb, le-hassêk, « ad libandum, » ce qui indique un « vase à libation », Cf. 1er., XLIV, 19, 25. Palestine Exploitation Fund, Quart. St., 1892, p. 126-128. Quelle que soit la différence de lecture (cf. Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1891, p. 70, 158, 240, 250, 311), les archéologues lui assignent comme date 700 ou 800 av. J.-C.

2° Scarabées et cylindres. — 1. Aux cités H et m appartiennent deux scarabées portant le nom A' Amen lia et pouvant remonter à la XVIIIe ou peut-être la XIXe dynastie égyptienne (fig. 7-8). À la cité inf. iv : un avec le cartouche de la reine TU, mère d’Amenhotep IV, XVIIIe dynastie (fig. 9) ; un autre avec le nom d’Osi 7 8 9 10

7-8. — Scarabées portant le nom de Âmen-Ra.

9. — Scarabée portant te nom de la reine TH.

10. — Scarabée portant le nom de Ah^Hotep.

D’après Bliss, À Mound of many Cities, fig. 116, 117, 119 et 123.

TiSfUm-nefer ; d’autres sont des copies de modèles égyptiens. Cité ]v : un porte le nom de Ah-Hotep, qui fut celui de la femme d’Amenhotep I er, de la XVIIIe dynastie (fig. 10). — 2. Les cylindres, trouvés dans les cités inf. IV et iv, sont assignés à une période qui va de 1400 à 1000 avant l'ère chrétienne.

III. Objets en métal. — 1° Le bronze a été trouvé dans toute l'épaisseur du monticule. Les objets les plus caractéristiques sont les plus anciens, mais comme ils dilfèrent, au point de vue de la forme, des instruments et des armes rencontrés en Egypte et ailleurs, ils ne peuvent par eux-mêmes conduire à des dates précises. — 2° Le fer se révèle depuis le sommet de la colline jusqu’au sommet de la cité iv, où il cesse, ce qui peut mener jusque vers l’an 1100.

IV. Poteries. — Les poteries offrent non seulement un nombre considérable d'échantillons, mais des types spéciaux en rapport avec les groupes de villes. Bans les premières couches apparaissent les poteries dites « amorrhéennes », qui diffèrent de celles trouvées en Egypte et en Syrie. Le type phénicien commence avec

les cités il et iii, devient prédominant dans les cités IV inf. et IV, et diminue progressivement dans les parties supérieures. De la cité v à la vine, le terrain est caractérisé par le style juif, c’est-à-dire une grossière imitation de l’ancien type phénicien. Enfin, dans les deux dernières villes, vne et viii=, on rencontre la poterie grecque, avec le poli et les couleurs rouge et noir, tait important qui paraît dater ces assises de 5C0 à 400 avant l'ère chrétienne. Voir de nombreux dessins dans Flinders Pétrie, Tell el-Hesy, pi. v, vi, vii, viii, ix, et dans Bliss, À Mound of many Cities, pi. 3, 4, p. 118, 119, 120.

De toutes ces données, M. Eliss tire les conclusions suivantes au point de vue chronologique, en assignant à chaque ville une date évidemment approximative : Cité inf. r, 1700 ; cité i, 1600 ; cité inf. ii, 1550 ; cité H, 1500 ; cité iii, 1450 ; cité iv inf., 1400 ; cité iv, 1300 ; cité v, 1000 ; cité vi, 800 ; cité vii, 500 ; cité viii, 400 av. J.-C. L’absence de monnaies et de restes des époques séleucide et romaine montre que Tell el-Hésy fut abandonné après 400.

III. Histoire. — 1° Les ruines de Tell el-Hésy répondent parlaitement à l’histoire de Lachis. Cette ville fut dés les origines une place importante du sud de Cha naan. Vassale de l’Egypte sous les rois de la XVIIIe dynastie, elle payait un tribut en nature, et deux de ses gouverneurs, Zimrida et Jabni-ilu, nous sont connus par les tablettes de Tell el-Amarna. Ct. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 306, 310, 338, 340. Le premier, nous l’avons vii, est également mentionné sur la tablette cunéiforme trouvée à Tell el-Hésy, et dont nous donnons la traduction d’après le P. V. Scheil, dans la Revue biblique, Paris, 1894, p. 435 : « Au chef… j’ai dit : à tes pieds je me prosterne. Sache que Daian Addi et Zimrida se sont réunis et que Daian Addi a dit à Zimrida : Pisyaram envoie vers moi et me fait présenter deux chevaux (?), 3 glaives et 3 poignards. Si donc j’envahis le pays du roi et si tu m’aides à m’en emparer, je te rendrai plus tard la principauté dont il (t') avait donné le principat. J’ai dit : envoie donc (des troupes) au-devant de moi et… j’ai dépêché Rabil… Tiens compte de ces avis. » Il s’agit ici sans doute d’une de ces tentatives d'émancipation si fréquentes parmi les gouverneurs de provinces. Le déchiffrement du P. Scheil diffère assez sensiblement de celui de Sayce, publié dans le Pal. Expl. Fund, Qu. St., 1893, p. 27, et dans Bliss, A Mound of many Ciliés, p. 185.

2° Lorsque Josué envahit la Palestine, Lachis avait pour roi Japhia, qui s’unit à ceux de Jérusalem, d’IIcbron, de Jérimoth et d'Églon, pour marcher contre Gabaon et la punir de son alliance avec les Israélites^ Vaincu comme les autres confédérés, il vint se cacher dans la caverne de Macéda, fut pris, mis à mort et suspendu à un gibet. Jos., x, 3, 5, 23. Sa ville tomba ensuite entre les mains du conquérant. Jos., x, 31-33 ; xii, 11. Elle fit partie du territoire assigné à Juda, Jos., xv, 39. Plus tard, Roboam, roi de Juda, répara ou augmenta ses fortifications, HPar., xi, 9, et Amasias, chassé de Jérusalem par une conspiration, vint s’y réfugier, mais ne put échapper à la mort. IV Reg., xtv, 19 ; II Par. v xxv, 27. Le prophète Michée, i, 13, la presse de fuir devant l’invasion : « Attache les coursiers au char, peuple déLachis, » s'écrie-t-il (d’après l’hébreu). La suite du Verset semblerait placer là « le début du péché pour la fille de Sion », et faire de cette ville comme l’instigatrice des péchés d’Israël. Qu’elle ait été adonnée à l’idolâtrie, les touilles l’ont prouvé, mais on ne comprend guère l’influence qu’elle a pu avoir sous ce rapport sur Jérusalem, à moins que celle-ci ne lui ait emprunté quelque pratique idolâtrique.

3° L’importance de Lachis ressort encore de la campagne de Sennachérib contre Juda. C’est là que le monarque assyrien vint s'établir avant de diriger ses troupes vers Jérusalem. C'était pour lui une excellente base