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LIVRE


relativement plus tôt que les auteurs païens. Elle se propagea très vite et à la fin du iv » siècle saint Jérôme nous parle plus souvent de codex que de rouleaux (volumina).

Les exemplaires existants sont généralement composés de cahiers de trois ou quatre feuillets doubles (temianes, quaterniones, douze et seize pages respectivement). Quelqueiuis les cahiers ont cinq feuillets doubles ou vingt pages. Il en est ainsi pour le Vaticanus, le Marchalianus, le Rossanensis, etc. — Il est assez rare que les pages soient à une seule colonne, excepté pour les manuscrits gréco-latins, comme le Codex Bezx, t. i, col. 1768, le Laudianus des Actes, col. 127, le Claromonlanus, t. ii, col. 795, et YAugiensis de saint Paul, où le grec et le latin se font pendant sur les deux pages juxta 107. — Livres en forme de rouleaux.

D’après Mazois, Palais de Sctmrus, pi. 8, p. 232.

posées. Cependant le Codex rescriptus Ephrserni, manuscrit unilingue, n’a qu’une seule colonne, t. ii, col. 1872. Le nombre des colonnes tant pour les manuscrits grecs que pour les latins est généralement de deux, quelquefois de trois (Sinaiticits, Psautier d’Utrecht, Heptateuque de Lyon). Le Vaticanus, avec ses quatre colonnes à la page, présente une disposition unique en son genre. On a voulu voir dans la pluralité des colonnes un souvenir des rouleaux qui offraient toujours à l’œil du lecteur ^plusieurs colonnes à la fois. Il est probable qu’il ne faut y chercher qu’une simple raison de commodité, les copistes préférant les lignes courtes où le regard s’égare moins facilement. Le Codex Ephrserni, avec son unique colonne, compte une quarantaine de lettres à la ligne ; le Vaticanus en a seize, le Sinaiticus seulement douze, et YAlexandrinus, avec sa double colonne, environ vingt-deux. Il représente à peu près la moyenne des manuscrits. Bibles de luxe. — De bonne heure, artistes et calligraphes rivalisèrent d’efforts pour orner la Bible et lui donner une magnificence extérieure en rapport avec la vénération dont elle était l’objet. Les cinquante exemplaires qu’Eusèbe fit copier pour Constantin étaient d’une splendeur vraiment impériale. Vila Const., iv, 37, t. xx, Col. 1185 : èv TtoXviTeXwç ^(rxr.fiévoiç Te-j-/e<ri. Le Vaticanus le Sinaiticus, qui datent peut-être de cette époque et

sont en tout cas du iv s siècle, peuvent nous en donner une idée. Le parchemin du Sinaiticus provient de très fines peaux d’antilopes et les feuillets sont si grands (environ 0, 34 X 0, 37) que chaque animal, au dire de Tischendorf, n’a pas pu en fournir plus de deux, h’A lexandrinus et le Claromontanus leur sont à peine intérieurs en beauté. Plus tard le parchemin nu parut trop vulgaire : on le teignit de pourpre. Anciennement le parchemin coloré ne servait guère que pour les gaines ou étuis dans lesquels on enfermait les rouleaux de prix, ou pour les étiquettes (index, o-O.Xvêoç) qu’on suspendait à l’extérieur pour indiquer le titre du livre et son nu-méro d’ordre. Mais nous apprenons de Jules Capitolin que Maxime le Jeune encore écolier reçut d’une de ses parentes un Homère, écrit sur pourpre en lettres d’or. Ce luxe paraît avoir été assez fréquent pour les Livres sacrés, s’il faut en juger par les sorties de saint Jérôme, contre ces collectionneurs plus curieux du dehors que du dedans. Prsef. in Job, t. xxviii, col. 1142 ; Epist., cvii, ad Lselam, % t. xxii, col. 876 ; Epist., xxii, ad Eustochium, 32, t. xxii, col. 418. Cf. S. Isidore, Etymol., vi, 11, t. lxxxii, col. 240. On sait avec quel esprit saint Jean Chrysostome, In Joa. Boni, xxii, t. lis, col. 187, raille, chez ses contemporains, le même travers. Il nous est resté d’assez nombreux spécimens de ces bibles luxueuses. On peut citer pour le grec : le Codex purpureus Rossanensis (Evangiles à peintures de Rossano), le Codex purpureus Beratinus (Évangiles de Bérat d’Albanie), le Codex purpureus Petropolitanus (Évangiles de Patmos ou de Saint-Pétersbourg), le Codex Sinopensis récemment entré à la Bibliothèque nationale de Paris ; pour le latin : le Codex Ad » de Trêves, les Évangiles de Saint-Médard (Bibliothèque nat., lat. 8850) ; le manuscrit Hamilton 251, maintenant à Oswego (États-Unis), les Évangiles de Vienne, appelés « Évangiles du sacre », parce que c’est sur cet exemplaire que les empereurs prêtent serment.

Au point de vue du luxe et de l’art, aucun ouvrage n’a jamais été mieux traité que la Vulgate latine. Les scribes irlandais, anglo-saxons, français, allemands, italiens et espagnols, l’embellirent à l’envi. Comme types de Bibles anglaises, il suffit de mentionner le Book of Kells, le Book of Lindisfarne, le Codex aureus Holmiensis conservé à Stockholm mais provenant de Cantorbéry. L’Espagne offre de très beaux spécimens dans le Cavensis, le Toletanus, le Legionensis I, les trois Bibles d’Alcala (maintenant à l’Université centrale de Madrid). La France ne resta pas au-dessous, surtout à partir de Charlemagne. Deux célèbres écoles de calligraphies se formèrent : l’une à Fleury, sous l’impulsion de Théodulfe qui en était abbé, l’autre à Saint-Martin de Tours qui avait pour abbé Alcuin. Les deux Bibles jumelles de Théodulfe, la Bible de Mesmes (Bibliothèque nat., n° 9380) et la Bible du Puy sont des chefs-d’œuvre de calligraphie : « Rien ne dépasse, comme finesse et comme élégance, cette gracieuse minuscule écrite, en plus de soixante feuillets de l’un comme de l’autre manuscrit, sur parchemin pourpré, en des traits déliés d’argent rehaussé d’or. » S. Berger, Histoire de la Vulgate, p. 145. Les Bibles de Tours sont à peine inférieures. Nommons le Codex Vallicellianus (B 6 de la Vallicellîaha, Rome), la première Bible de Charles le Chauve (Biblioth. nat., lat. 1), la Bible de Bamberg, la Bible de Berne, la Bible de Zurich, la Bible de Grandval (Musée britannique, add. 10546), sans oublier la deuxième Bible de Charles le Chauve (Biblioth. nat., lat. 2) le Codex Paulinus (Saint-Paul-hors-les-Murs, Rome), les Évangiles de Saint-Emmeran (Biblioth. royale de Munich, lat. 14000) « le plus luxueusement décoré peut-être des manuscrits des Évangiles. Il est écrit en entier en lettres d’or ». Berger, Histoire, p. 295. Il faudrait passer en revue, pour être juste, toutes les autres écoles de calligraphie, Einsiedeln et Reichenau, Bobbio et Milan,