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LIVRE


grecs du iii « siècle avant J.-C. et le Musée de Naples garde précieusement les 3000 rouleaux, la plupart assez fragmentaires, ensevelis à Herculanum, l’an 79 de notre ère, par l’éruption du Vésuve. — On écrivait sur la bande de papyrus toute préparée, en colonnes parallèles dont la hauteur était égale à ta largeur du rouleau. La première colonne, à gauche, restait libre pour le titre, la dernière, à droite, portait diverses indications : nom Ù3 l’auteur et de l’ouvrage, stichométrie. Voir fig. 105, le fac-similé du papyrus d’Hypéride (n « siècle avant J.-C). On collait ordinairement l’extrémité de la bande sur une tige cylindrique (ojmpaXo ; , umbilicu » ) autour de laquelle s’enroulait le volume. À un des bouts renflés de la tige était suspendue une étiquette portant le titre <lu livre et son numéro d’ordre. — La bande de papyrus ne s’écrirait que d’un seul côté, celui où les fibres de la moelle étaient horizontales. L’écriture encore fraîche pouvait s’effacer à l’éponge, mais le grattage était peu

tablettes pour le même office et on lui donna la même forme, la forme de cahiers juxtaposés et cousus ensemble. C’est l’origine de notre livre actuel. — Le codex ne supplanta le rouleau que lentement et pas avant la quatrième siècle de notre ère pour les ouvrages littéraires. On l’employa d’abord pour les traités classiques, grammaires, dictionnaires, etc., où le rouleau, avec ses dimensions uniformes et son maniement toujours un peu long, était incommode. Puis vinrent les traités juridiques, d’où le nom de codex, « code, » pour désigner les recueils de lois. Nous verrons que les chrétiens furent les premiers à adopter le codex pour leurs livres sacrés. 1° Codex hébreux. — Les Bibles hébraïques à l’usage des particuliers sont en général des codex et non pas des rouleaux. La page est presque toujours divisée en plusieurs colonnes, trois le plus souvent. Le nombre de lignes dépend naturellement du format, mais comme le format in-octavo domine il est en moyenne de vingt 106. — Fac similé d’un manuscrit opistographe de la Politique d’Aristote. Papyrus du British Muséum.

praticable. On possède cependant quelques papyrus opis"thographes (Gg. 106) et même quelques palimpsestes. — Comme on pouvait toujours coller de nouvelles feuilles, la longueur de la bande était indéfinie. On a découvert dans les tombeaux égyptiens des bandes assez longues pour contenir tout le Livre des Morts : ainsi le papyrus d’Orbiney a 21 mètres, le papyrus magique Harris atteint 43 m 50. Sur ce dernier on pourrait écrire Y Odyssée entière. Mais les rouleaux destinés à l’usage des vivants étaient de proportions beaucoup plus modestes, car les longs volumes sont fragiles et peu maniables. On donnait deux ou trois mètres à un livre de poésie ; de quatre à six à un livre de prose. Dans les peintures gréco-romaines, les rouleaux remplissent à peine la main (fi g. 107) et ne paraissent pas avoir plus de 20 ou 30 centimètres de largeur. Ceux d’Herculanum sont particulièrement petits.

II. codex ou livre carré. — On appelait autrefois taudex ou codex l’assemblage de plusieurs tablettes de cire qui prenaient le nom de diptyques, triptyques et en général polyptyques, suivant le nombre des planches. Sénéque, De brevit.vitæ, 13. On s’en servait surtout pour ccrire les comptes, d’où l’expression : labulse ou codex accepli et expensi, et on les conservait dans les archives de famille (tabulina). Pline, H. N., xxxv, 7. Quand le parchemin devint d’un usage commun, il remplaça les

cinq ou trente. Les lignes, courtes, renferment rarement vingt lettres et quelquefois pas plus de dix. Le codex Oriental 1474, du Musée Britannique, avec sa colonne unique de cinquante-trois lettres, est un cas tout à fait exceptionnel. — À rencontre des rouleaux liturgiques, les codex sont accentués et munis de leurs points-voyelles. Les trois marges, supérieure, inférieure et extérieure, ainsi que les entrecolonnements sont garnis de notes diverses qui constituent la grande et la petite massore. Voir Massore.

2° Codex grecs et latins. — À part quelques rares fragments de papyrus qui peuvent dater du me siècle, mais dont l’époque n’est pas facile à préciser, les livres bibliques en grec et en latin ne nous ont été conservés que sous la forme de codex. Il y en a de toutes les dimensions, depuis l’énorme in-folio de Stockholm, surnommé Gigas librorum (voir t. iii, col. 238), jusqu’aux jolies bibles de poche du xiu 8 et du xrve siècle. Les plus anciens, le Vaticanus, le Sinaiticus et le Vercellensis (Évangiles selon l’ancienne version latine) datent du iv" siècle. C’est l’époque où la forme de codex devint générale pour tous les livres. Auparavant elle n’était qu’exceptionnelle, par exemple pour les livres destinés à être emportés en voyage ou pour les traités de grammaire, de lexicographie, de jurisprudence. Les chrétiens paraissent l’avoir adoptée de bonne heure et