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LIS — LIT


de Cant., v, 13, s’applique plus probablement à la couleur des lèvres de l’épouse qu’au parfum de myrrhe qu’elles distillent et celle de l’Ecclésiastique aux fleurs ; « portez des fleurs comme le lis. » On ignore de plus, jusqu’à présent quel est, ians ce dernier passage, le mot hébrsu qui est traduit par xpivov et lilium. — Voir Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 383-392 ; H. B. Tristram, The natural History of the Bible, p. 462-465 ; L. Fonck, Streifzûge durch die Biblische Flora, ïn-8°, Fribourg, 1900, p. 53-77, et dans les Stimmen aus Maria-Laach, t. liv (1898), p. 151-168.

Le nom de Susanne est un nom propre formé du nom du lis biblique, de même que nous voyons dans la vallée du Nil plusieurs Égyptiens hommes ou femmes porter le nom semblable de susin, lis d’eau ou lotus. J. Lieblein, Dictionnaire des noms hiéroglyphiques, in-8°, Christiania, 1871, n. 320, 1848, 1916, et supplément, 426.

2° Motif d’architecture. — Les chapiteaux des deux colonnes de bronze et la coupe de la mer d’airain étaient en façon de suSan ou sôSan, III Reg., vii, 19, 22, 26 ; de sôsannak. II Par., iv, 5. Les Septante ont rendu là aussi ce mot par xpt’vov et la Vulgate par lilium. On sait que les Juifs dans leur architecture ont été tributaires des Égyptiens et des Phéniciens. Or, parmi les motifs de décoration des chapiteaux de l’art égyptien et phénicien, on n’a pas retrouvé la forme proprement dite du lis blanc, tandis qu’on voit fréquemment celle du lotus ou lis des eaux. Voir Colonnes du Temple, dans la planche en couleurs, la colonne de droite, t. ii, col. 856. On peut voir dans M. de Vogué, Le temple de Jérusalem, in-f », Paris, 1864, p. 34 et planche xiv, un essai de restitution de ces chapiteaux qui, il est vrai, ne présente que très imparfaitement la forme du lotus. Il faut remarquer que l’art égyptien est entré à Jérusalem par l’intermédiaire des Phéniciens ; l’architecte du temple de Salomon était de ce peuple. Aussi l’art phénicien avait pu modifier l’idée égyptienne de ces chapiteaux. MM. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iv, pi. vi et vii, en combinant l’art punique avec l’art égyptien, donnent un essai différent mais qui n’est pas à l’abri de tout critique. Voir t. ii, col. 850. Voir Lotus. — Dans Judith, x, 3, la Vulgate place, après les bracelets, des lilia comme une parure. C’était sans doute un bijou en forme de lis ou de lotus. — Dans les titres des Psaumes, il est fait mention du sosan : Ps. xlv (xliv), 1,-et lxix (lxviii), 1, « sur les sôsannim, les lis ; » lx (lix), 1, sur sûsan’êdûf, « le lis du témoignage ; » et lxxx (lxxix), 1, sur les iôiannim’êdùt, « les lis des témoignages. » Est-ce un Psaume à chanter sur les lis, premiers mots d’un chant populaire connu ? ou bien, moins probablement, un instrument de musique en forme de lis ? On ne sait. Les Septante ont rattaché le mot à la racine sânâh, « changer, » et ont donné cette traduction difficile à expliquer l-ûrcèp tôv âXot<o&ria’0[jsvwv, ce que la Vulgate a rendu littéralement par : pro Us qui commutabuntur, « pour ceux qui seront changés (par la venue du Messie, d’après l’explication des Pères). » E. Levesque.

LIT (hébreu : yâsûa’, massa’, miskâb, mittâh, ’érés ; chaldéen : milkab ; Septante : xXtv^, xoît>i, xXivc’Stov ; Vulgate : cubile, lectus, lectulus, stratum, thorus), meuble disposé de telle manière qu’on puisse s’y étendre pour s’y reposer et dormir.

I. Les lits destinés au sommeil. — 1° Les lits des anciens. — Ces lits étaient quelquefois montés sur quatre pieds, affectant la forme de pieds d’animaux (fig. 93). D’autres fois les lits de bois étaient eu menuiserie assez simple, et très semblables à nos lits ordinaires d’aujourd’hui mais toujours élevés au-dessus du sol. Il en était ainsi à l’époque évangélique. Notre-Seigneur suppose ^u’on peut mettre une lampe sous le lit. Marc, iv, 21 ; Luc, viii, 16. On montait donc au lit et on en descen dait, ce qui s’appliquait plus particulièrement à un lit royal, comme celui d’Ochozias. IV Reg., i, 4, 6, 16. Voir t. ii, fig. 173, col. 517. Le roi de Basan, Og, qui était un géant, avait, d’après l’interprétation commune, un lit en fer qui mesurait neuf coudées de long sur quatre de

93. — Lits égyptiens. — Au-dessus du lit inférieur est placé le chevet sur lequel reposait la tête. À côté, est l’escabeau qui servait à monter sur le Ht. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. cccxxix.

large, soit 4 m 05 sur l m 80. Cf. Coudée, t. ii, col. 1064. Ce lit se voyait à Rabbath-Ammon. Deut., iii, 11. Plusieurs croient cependant que le’érés barzél, « lit de fer, » dont il est ici question, était plutôt un sarcophage de basalte, le mot barzél ayant aussi ce dernier sens. Voir Basalte, 1. 1, col. 1485. Mais comme’érés n’a pas ailleurs le sens de sarcophage, et que les versions l’ont traduit par « lit », xXi’vri, lectus, les uns gardent au mot ce sens, von Hummelauer, Deuteronomium, Paris, 1901, p. 205, tandis que d’autres font de ce’érés un brancard ou une litière. Rosenmûller, In Deuteron., Leipzig, 1798, p. 383-384. Voir Og. — Pour signifier aux impies du royaume que leur domination ne se perpétuera pas, Isaïe, xxviii, 20, leur dit : « Le lit sera trop court pour s’y étendre et la couverture trop élroite pour s’en envelopper. » Il fallait un lit à la taille de celui qui s’y couchait. Les sangles étaient disposées sur le cadre de bois, avec des couvertures pour s’étendre et se couvrir. On déployait parfois-un certain luxe dans ces parements du lit : « J’ai orné mon lit de couvertures, de tapis de fil d’Egypte ; j’ai parfumé ma couche de myrrhe, d’aloès et de cinnamome. » Prov., vii, ÎÇ^T ? : Les parfums étaient exceptionnels, mais les riches couvertures constituaient un luxe assez commun. Chaque lit avait un chevet, « une tête, » r’oS, zo axpov, caput, Gen., xlvii, 31 (voir les fig. 93 et 94-95). Holoferne dormait dans un lit à colonnes qui soutenaient des draperies, et il attachait ses armes aux colonnes du chevet. Judith, xiii, 8, 10.

2° Les lits dans l’Écriture. — 1. Les grenouilles de la seconde plaie montaient jusque dans les lits des Égyptiens. Exod., viii, 3. Voir Grenouille, t. iii, col. 317. Quand David était poursuivi par Saûl, Michol le fit échap-