Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée
241
242
LIBYENS


partenaient les Pharaons de la période des prophètes. Sous l’influence des Grecs établis à Cyrène, des Carthaginois et plus encore des Romains, les Libyens se civilisèrent au moins superficiellement dans les cités, mais la partie de ce peuple qui continua à habiter le désert garda ses habitudes pastorales et nomades, se livrant à l’élève des troupeaux et à la chasse (fig, 68). Ils avaient adopté depuis longtemps le culte égyptien d’Ammon dont le principal temple était dans l’oasis de ce nom, au nord-est de la Libye. Daniel, xi, 43, annonce que le roi du Septentrion, c’est-à-dire de la Syrie, s’emparera de l’Egypte et que la Libye et l’Ethiopie lui seront soumises. C’est la prophétie des victoires des rois de Syrie contre les Ptolémées, dans le royaume desquels la Libye était comprise. J. G. Droysen, Histoire de l’Hellénisme, trad. franc., in-8°, Paris, 1883-1885, t. iii, p. 310, 315, 337. — Parmi les Juifs de la dispersion qui entendirent le discours de saint Pierre, le jour de la Pentecôte, les Actes, ii, 10, nomment les habitants de la Libye voisine de Cyrène. Les Romains désignaient

Il cite un fleuve de ce nom en Mauritanie. Ce fleuve est également cité par Ptolémée, IV, i, 3, qui l’appelle Phthuth, et par Pline, H. N., V, I, mais les Égyptiens ne connaissaient pas la Mauritanie, il ne peut donc y avoir de rapport entre le fleuve et le peuple. C’est sans doute à cause de la tradition juive rapportée par Josèphe, que dans les prophètes les Septante traduisent Pût par Aïêveç et la Vulgate par Libyes. Jérémie, xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9), les nomme parmi les auxiliaires de l’Egypte armés du bouclier. Nahum, iii, 9, les distingue des Lûdim et la Vulgate traduit dans ce passage le mot Pût par Africa. Ézéchiel, xxvii, 10, les cite parmi les mercenaires au service de Tyr. Cela semble étonnant au premier abord, car il est difficile de comprendre que les Tyriens aient été si loin chercher des soldats, mais cela n’est pas plus invraisemblable que la présence des Perses nommés dans le même verset ; un peuple commerçant devait recruter des soldats partout. Les Tyriens étaient en relations permanentes avec les Égyptiens et pouvaient avoir trouvé chez eux des esclaves ou

8. — Chasseurs libyens. D’après l’original. Musée du Louvre.

sous le nom de Libye la partie du désert libyque située sur les côtes, entre l’Egypte et la grande Syrte. Cyrène et les pays qui l’environnaient formaient la Libye grecque. Voir Ctoène, t. ii, col. 1177. Elle faisait partie de la province de Crète et Cyrénaïque. Le reste de la Libye était réparti entre la province d’Egypte et celle d’Aïuque. Les tribus y avaient conservé leur nom, leur culte et en partie leur autonomie. Henzen, dans les Annali dell’Inslituto archeologico di Roma, 1860, p. 54 ; 80-82.

Bibliographie. — P. délia Cella, Viaggio da Tripoli di Barber, aile frontière occidentali dell’Egitto, in-8°, Gênes, 1819 ; J. R. Pacho, Voyage dans la Marmariqite et la Cyrénaïque, in-8°, Paris, 1827 ; Vivien de Saint-Martin, Le nord de l’Afrique dans l’antiquité grecque et romaine, in-8°, Paris, 1863 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 126-127. E. Beurlier.

2. LIBYENS, nom, dans la Vulgate, Jer., xlvi, 9 ; Ezech., xxvii, 10 ; xxxviii, 5, des descendants de Phuth. Elle appelle aussi Libye le pays de Phuth dans Ézéchiel, xxx, 8. Elle n’a conservé le nom de Phuth que dans Gen., x, 6 ; I Par., i, 8. Dans tous ces passages, l’hébreu porte Pût. — Pût ou Phuth, comme transcrit la Vulgate, est le nom du troisième fils de Cham. Gen., x, 6 ; I Par., i, 8. Il est placé entre Mesraïm et Chanaan. Tandis que les descendances de Mesraïm et de Chanaan sont indiquées, celles de Phuth ne le sont pas. D’après Josèphe, Antiq. jud., i, vi, 2, Phoutès peupla la Libye.

des matelots du pays de Pût. Enfin après le percement du canal de Néchao qui reliait le Nil à la mer Rouge, leurs vaisseaux avaient pu étendre leur commerce jusqu’au pays des aromates et de l’encens, c’est-à-dire jusqu’au Pût. Néchao lui-même avait lancé les capitaines phéniciens de sa flotte dans cette direction. C’est alors qu’ils firent le tour de l’Afrique de la mer Rouge à la Méditerranée en passant par le sud. Hérodote, iv, 42. Cf. G. Maspero, Hist. anc., t. iii, p. 532-533. Ézéchiel, xxxviii, 5, place Pût dans les peuples qui formèrent l’armée de Gog. Cela paraît plus surprenant encore, puisqu’il s’agit de l’armée d’un roi scythe, mais il est aussi question dans ce passage des Éthiopiens, autre peuple d’Afrique. Cela s’explique par la campagne que les Scythes firent en Egypte. Psammétique les arrêta par des présents. C’est là qu’ils durent recruter des soldats africains. Hérodote, i, 105 ; Justin, ii, 3. Cf. G. Maspero, Hist. anc., t. iii, p. 479. Dans la Version grecque de Judith, ii, 23, $oyS est nommé près de Aoû8 parmi les peuples que battit Holoferne, c’est peut-être une interpolation due à l’habitude qu’avaient les copistes d’associer ces deux mots. La campagne d’Holoferne se passe en Asie et il ne peut s’agir d’un peuple africain. On peut aussi supposer, sans que rien du reste prouve la vérité de cette hypothèse, qu’il y avait en Asie un peuple dont le nom se rapprochait de celui de $ov8. Isaïe, lxvi, 19, annonce que le Messie sera prêché à Pûl, il faut probablement lire Pût, c’est ainsi qu’ont lu les Septante qui traduisent par IoOS et la Vulgate qui traduit par Africa.