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LÉVITIQUES (VILLES) — LÈVRE


clusion du partage de la Terre Promise n’entraînait pas pour eux l’incapacité de posséder des immeubles. Le Lévilique, xxv, 32-34, suppose que, dans leurs villes, ils possèdent des maisons, lesquelles, venant à être aliénées, pourront toujours être rachetées ; sinon, elles reviendront à leurs anciens propriétaires en l’année du jubilé. Les pâturages qui leurs sont concédés dans le voisinage ne pourront jamais être aliénés ; ils ont une affectation spéciale d’ordre public. Quant au mode d’établissement des Lévites, il est permis de croire, d’après les données de la loi, qu’il leur était réservé des quartiers plus ou moins étendus suivant leurs besoins et les ressources des localités. — Le même texte, ꝟ. 3-5, délimite ensuite strictement l’étendue des pâturages qui leur étaient accordés dans la banlieue des villes. On comptait d’abord « depuis le mur de la cité vers le dehors, tout autour », c’est-à-dire dans la direction des quatre points cardinaux, une ligne de 1000 coudées (525 mètres). Puis, à l’est, au midi, à l’ouest et au nord, on mesurait perpendiculairement à cette ligne une autre de 2000 coudées, ce qui déterminait comme quatre terrains rectangulaires, destinés aux troupeaux des Lévites. Tel est du moins le sens qu’il faut attribuer aux ꝟ. 4 et 5, et que le diagramme suivant aidera â comprendre.

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Enfin, après avoir fixé le nombre des villes lévitiques, c’est-à-dire 48, dont 6 de refuge, ꝟ. 6-7, la Loi définit, ꝟ. 8, que la part à céder par les différentes tribus pour la demeure des Lévites sera en proportion de l’importance du territoire de chacune. Malgré cela, il est facile de voir, d’après l’énumération donnée ci-dessus, que les villes sont assez uniformément réparties raison de quatre par tribu, à l’exception de Juda et de Siméon réunis qui en fournissent neuf, et de Nephthali, qui n’en fournit que trois. Mais il faut remarquer que le ji. 8 ne dit pas, à la rigueur, que le nombre des villes à céder par chaque tribu sera proportionné à l’étendue de son territoire ; il porte, en effet, d’après l’hébreu : « Quant aux villes que vous donnerez de la possession des fils d’Israël, de la (tribu) grande, vous donnerez beaucoup et de la (tribu) petite, vous donnerez peu ; chacun en proportion de son lot donnera (une part) de ses villes aux lévites. » Il y là une formule générale qui peut s’entendre de l’importance plus ou moins considérable des cités, de la place plus ou moins vaste qui y était laissée aux

Lévites.

A. Legendre.
    1. LÈVRE##

LÈVRE (hébreu : èdfâh ; assyrien : Saptu ; Septante : ^es’Xo ;  ; Vulgate : labium), partie charnue qui forme le contour de la bouche, et qu’on distingue en lèvre supérieure et lèvre inférieure.

I. Au sens propre. — 1° Les lèvres recouvrent les dents. Job, xtx, 20. Les lèvres de l’Épouse sont comme un fil cramoisi, Cant., iv, 3, à cause de leur couleur vermeille ; comme des SôSanîm- (Vulgate : lilia ; voir Anémone, t. i, col. 575) d’où découle la myrrhe, Cant., v, 13, à cause de la beauté de leur forme et de la douceur de leurs paroles. Les lèvres frémissent sous l’influence de la crainte, Habac, iii, 16, et elles remuent doucement chez celui qui prononce des paroles sans

émission de voix. Job, xvi, 6 ; I Reg., i, 13 ; Judith, xiii, 6. — Les Assyriens passaient un frein en formed’anneau, méfég, dans les lèvres de leurs prisonniers. Voir Anneau, et la fig. 158, t. i, col. 636-637, qui montre des prisonniers d’Assurbanipal avec ce frein. De la part du Seigneur, Isaïe, xxxvii, 29, dit à Sennachérib, qui menace Jérusalem : « Je mettrai mon métég à tes lèvres. ? IV Reg., xix, 28. — 2° Les lèvres sont un desinstruments du langage ; elles concourent à la formation de la parole, donnent leur caractère aux labiales et doivent nécessairement s’entr’ouvrir pour laisser passerles sons. « Ouvrir les lèvres, » c’est donc parler. Job, xi, 5 ; xxxii, 20 ; Prov., viii, 6 ; xx, 19. Ouvrir les lèvresà quelqu’un, c’est le faire parler. Ps. li (l), 17. « Fermer les lèvres, » Prov., xvii, 28, « retenir les lèvres, » Prov., x, 19 ; Ps. xl (xxxix), 10, c’est se taire. Celui quii ferme les yeux et « se mord les lèvres » pour ne rien dire, mais pense au mal qu’il veut commettre, est déjà, coupable. Prov., xvi, 30. Moïse dit de lui-même qu’il est’âral sefdfayîm, incircumcisus labiis, « incirconcis des lèvres, » Exod., VI, 12, 30, pour signifier qu’il n’a pas les lèvres dégagées, qu’il parle difficilement, qu’il est, selon les expressions des Septante, aXoyoç, « sans parole, » îo^vdçwvo ; , « de voix faible » ou « bégayant ». II. Au sens figuré. — Les lèvres sont habituellement prises pour la parole elle-même. 1° On attribue aux lèvres ce qu’énonce la parole, le serment, Lev., v, 4, le vœu. Deut., xxiii, 23, etc. Cf. Job, xii, 20 ; xiii, 6 ; xv, 6, etc. ; Prov., x, 21, 32, etc. ; Jer., xvii, 16. — 2° Elles sont mises pour la langue qu’on parle. Primitivement, les hommes n’ont qu’une seule lèvre et c’est à Babel que les langues se diversifient. G-en., xi, 1, 6, 7 (lingua), 9. Dans le texte hébreu, la lèvre de Chanaan, Is., xix, 18, la> lèvre obscure à entendre, Is., xxxiii, 19 ; Ezech., iii, 5, . C, les lèvres d’étrangers, Ps. lxxxi (lxxx), 6 ; I Cor., xiv, 21, désignent la langue chananéenne, une langue barbare et des langues étrangères, — 3° Les qualités morales de la parole sont souvent appliquées aux lèvres mêmes. Il y a des lèvres pures, Soph., iii, 9, et des lèvres souillées, ls., vi, 5, perverses, Prov., xix, 1, iniques, Prov., xvii, 4, menteuses. Ps. su (xi), 3, 4 ; xxxi (xxx), 19 ; Prov., xii, 12 ; frauduleuses, Ps. cxx (cxix), 2 ; Prov., x, 18 ; xvii, 4, 7, etc. — 4° Quand les lèvresparlent seules, c’est que la pensée est légère, sotte ou hypocrite. S’exprimer légèrement des lèvres, c’est taire un serment répréhensible, Lev., v, 4, et parler inconsidérément. Ps. cvi (cv), 33. L’  « homme de lèvres » est un bavard (verbosus). Job, xi, 2 (hébreu). Les paroles des lèvres, c’est-à-dire celles qui ne sont que sur les lèvres, ne mènent à rien de bon. Prov., xiv, 21 ; Is., xxxvi, 5 (hébreu). Aussi Dieu réprouve ceux, qui l’honorent des lèvres quand leur cœur est loin de lui. Is., xxix, 13 ; Jer., xii, 2 (Vulgate : os) ; Matth., xv, 8 ; Marc, vii, 6.-5° Les effets de la parole sont attribués aux lèvres. En bonne part, les lèvres sont savantes, Prov., xx, 15, ou gardent la science. Mal., ii, 7. Elles glorifient Dieu, Eccli., l, 22 ; Heb., xiii, 15. Job, i, 22 ; ii, 10, n’a pas péché par ses lèvres. Sur les lèvres sont les chants d’allégresse, Job, viii, 21 ; les oracles du roi, Prov., xvi, 10 ; la grâce, Ps. xlv (xliv), 3 ; Eccli., xxi, 19, le miel et la myrrhe, Cant., iv, 11 ; v, 13, c’est-à-dire les paroles douces, aimables et sages/Ties lèvres des prophètes sont préparées à la parole par des contacts qui les purifient, Is., vi, 7, et les inspirent. Dan., x, 16. Judith, ix, 13, demande à Dieu la grâce de frapper Holofeme avec ses lèvres, c’est-à-dire de le prendre par ses paroles. En mauvaise part, le miel que distillent les lèvres, ce sont les paroles qui invitent au mal. Prov., v, 3. Le venin des aspics sur les lèvres, Ps. cxl (cxxxix), 4 ; xiv (xm), 3 ; Rom., iii, 13, figure la calomnie et la méchanceté des discours. Le feu ardent sur les lèvres du pervers, Prov., xvi, 27, est celui de la malice. Des lèvres brûlantes sur un cœur dépravé, Prov., xxvi, 23-24, sont ga