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PARALIPOMÈNES (LES DEUX LIVRES DES)


complète. Il suivait les sources qu’il consultait et il ne forgeait pas les faits qu’il rapportait. Bref, inspiré de Dieu, il ne pouvait s’écarter de la vérité qu’il avait en vue conformément au genre de son récit.

En d’autres termes, les particularités qu’on reproche tant à l’auteur des Paralipomènes s’expliquent ou par les sources qu’il a utilisées ou par son but didactique et parénétique. Il n’avait pas en vue d’écrire une histoire critique, conforme à toutes les règles d’un art qui n’existait peut-être pas encore, au moins tel que le conçoivent les modernes, Il voulait parfois peut-être reproduire seulement les documents qu’il avait sous les yeux ; mais en les reproduisant, il pensait qu’ils étaient vrais et Dieu qui l’inspirait garantissait ainsi la vérité des faits tirés des sources consultées. Cf. C. Pesch, De inspiratione sacrée Scripturm, Fribourgen-Brisgau, 1906, p. 526, 539-540. Il écrivait l’histoire pour édifier ses lecteurs. L’histoire édifiante est-elle nécessairement fausse ? Elle ne le serait que si elle façonnait à dessein ses récits ; elle ne l’est pas, si elle omet ce qui ne va pas à son but, si elle fait ressortir les circonstances des événements et si elle les décrit complaisamment pour atteindre mieux sa fin propre. Telle est la manière d’agir du chroniste. Ces considérations générales suffisent à justifier sa véracité dans la plupart des cas. Pour les objections particulières, ce n’est pas le lieu de les résoudre. Notons seulement que celles qui concernent le culte au Temple et le service des prêtres et des lévites reposent sur l’hypothèse de l’origine récente et non mosaïque du code sacerdotal. Elles tombent par le seul fait que cette hypothèse n’est pas vérifiée. Quant aux chiffres grossis ou enflés, on peut en expliquer quelques-uns par des fautes de copistes, et rien n’est plus facile que l’altération des nombres dans des copies successives. D’ailleurs, il n’est pas vrai que, comparativement à ceux du livre des Rois, ils soient toujours invraisemblables dans les Paralipomènes. Quelques-uns reproduits dans ce livre sont, au contraire, pljis raisonnables et plus conformes à la vérité. Voir F. "Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. H, p. 143-150. Pour la solution d’autres objections, voir P. Martin, Introduction à la critique générale de l’A. T. (lith.), Paris, 1887-1888, t. ii, p. 29-153 ; R. Cornely, Introduclio specialis in historicos V. T. libros, part. i, Paris, 1881, p. 335-347 ; F. "Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, Paris, 1890, p. 68-74. Voir aussi col. 1602-1683.

XL État du texte. — 1° Hébreu. — Ce texte ne nous est pas parvenu dans sa teneur primitive. On y constate de nombreux passages altérés, surtout dans le livre des généalogies. Ces tableaux, si peu ordonnés et si peu systématiques, ont eu d’abord à souffrir des gloses complémentaires. De plus, les copistes les ont fort maltraités. Le texte, en effet, des neuf premiers chapitres des Paralipomènes est actuellement dans un état défectueux. Et cela se comprend aisément ; les erreurs de copie se produisent facilement dans la transcription des noms propres de personnes et de lieux. Aussi, par la comparaison avec les autres livres de la Bible, on constate de nombreuses altérations de ces noms dans les listes de Paralipomènes. Cf. Friedlànder, Die Verânderlichkeit der Namen in den StanimKsten der Bûcher der Chronik, Berlin, 1903. Dans la suite du livre, le texte est moins remanié et présente moins de fautes, au point de vue critique, que celui de beaucoup d’autres livres bibliques, et en particulier du livre des Rois. Il y a des fautes visibles à Fœil : I Par., xiv, 13 ; xx, 3 ; xxiv, 6 ; II Par., ix, 4 ; xviii, 29 ; xix, 8 ; xx, 25 ; xxviii, 16 ; xxxii, 4. L’âge de 42 ans, donné à Ochozias, II Par., xxii, 2, est manifestement le résultat d’une erreur de copie, car un fils p’est pas plus âgé que son père, et le passage correspondant, II Reg., viii, 26, Indique 22 ans. Voir aussi I Par., ix, 5 ; cf. II Esd., xi,

5 ; I Par., vi, 28 ; cf. I Sam., viii, 2. D’autres fautes proviennent de la différence d’écriture. Plusieurs des chiffres trop "élevés s’expliquent par des erreurs de transcription. F. Kaulen, Einleitung in die heïlige Schrift A. und N. T., 2= édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 204-205. u

2° Grec et latin. — Saint Jérôme constatait déjà de son temps leur mauvais état : Libère vobis loquor, ita et in greecis et latinis codicibus hic nominum liber vitiosus est, ut non tam hebrsea quam barbara qusedam^ et sarmatica nomina congesta arbiirandum sit. Nec hoc Septuagintainterpretibus…, sedscriplorum culpse adscribendum’dum deimmendatis inemendata scripr titant et ssepe tria nomina, subtractise medio sylla ? bis, in unum vocabulum cogunt, vele regione unum nomen propter latitudinem suam in duo vel tria vocabula dividunt. In librum Par. preefatio, t. xxix, col. 402. Le nombre des fautes de copiste a certainement grandi depuis l’époque de saint Jérôme, au moins dans les manuscrits des Paralipomènes. Les éditions critiques ont réduit le nombre de celles qu’elles in-, diquent parmi les variantes. Cf. Howorth, The true LXX version of Chronicles-Ezra-Nehemiah, dans Academy, 1893.

XII. Commentaires. — Ils ne sont pas nombreux. Leur petit nombre provient vraisemblablement du peu d’intérêt qu’on portait à des livres considérés comme de simples suppléments des autres livres canoniques.

— 1° Des Pères. — Grecs : Théodoret, Qusestiones in libros Paralipomenon, t. lxxx, col. 801-858 ; Procope de Gaza, In libros Paralipomenon (extraits du précédent), t. lxxxvii, col. 1201-1220, — Latins : pseudo-Jérôme, Qusestiones hebraicæ in Paralipomenon, t. xxiii, col. 1365-1402 (d’après Martianay, ibid., col. 1329-1330, leur auteur est du vne ou du vm" siècle) ; Raban Maur, Comment, in Par. (c’est le premier commentaire développé du livre, d’après les Pères), t. cix, col. 279-540 ; Walafrid Strabon en a extrait sa Glossa ordinaria, t. cxui, col. 629-692. — 2° Du moyen âge. — Hugues de Saint-Cher, dans Opéra, Cologne, 1521, t. î, p. 310344, et Nicolas de Lyre ont commenté les Paralipomènes comme les autres livres de la Bible dans leurs Poslillse ; Denys le chartreux, Enarratio in libros Par., dans Opéra, Montreuil, 1897, t. iv, p. 105-275 ; A. Tostat, Comment, in Par., dans Opéra, Venise, 1728, t. xvi, xvii. — 3° Dans les temps modernes. — 1. Catholiques.

— Serarius, Comment, posthuma in l. Reg. et Par., Lyon, 1613 ; Mayence, 1617 ; C. Sanchez, Comment, in l. Reg. et Par., Anvers, 1624 ; J. Bonfrère, Comment, in l. Reg. et Par., Paris, 1643 ; J. B. le Brun et N. le Tourneux, Concordia librorum Reg. et Par., Paris, 1691 ; Calmet, Commentaire littéral, 2e édit., Paris, 1724, t. iii, p. 1-246 ; trad. lat. dans le Cursus completus Scripturse sacrée de Migne, t. xi, col. 831-1460 ; Duguet et d’Asfeld, Explication des Rois et des Paralipomènes, Paris, 1738 ; L. Mauschberger, Comment, in l. Par., Esdræ, Tobiie, Judith, Esther, Olmulz, 1758 ; B. Neteler, Die Bûcher der Chronik, Munster, 1872, 1899 ; Clair, Les Paralipomènes, Paris, 1880 ; F. de Hummelauer, Commentantes in Paralipomenon, Paris, 1905, t. i. — 2. Protestants du xixe siècle. — E. Bertheau, Die Rucher der Chronik erklârt, Leipyig, 1854, 1874 ; C. F. Keil, Nachexilische Geschichtsb Cicher ; Chronik, Esra, Nehemia und Esther, Leipzig, 1870 ; trad. anglaise par Harper, dans Cook, The Holy Bible, Londres, 1873, t. iii, p. 155-384 ; G. Rawlinson, Chronicles, dans The Speaker’s Commentary, Londres, 1873, t. iii, p. 155-384 ; O. Zôckler, Die Bûcher der Chronik, Bielefeld, 1874 ; Bail, dans Comment, for english readers d’Ellicott, 1883 ; S. Œttli, Die Bûcher der Chronik, Esra und Nehemia, Munich, 1889 ; H. Bennett, The Books of Chronicles, 1894 ; W. E. Barnes, The Book of Chronicles, Cambridge, 1899 ; J. Benzin-