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PARALIPOMÈNES (LES DEUX LIVRES DES)


hébreux nouveaux. Ces particularités sont dues au style personnel de l’auteur plutôt qu’elles ne conviennent à l’époque à laquelle il appartenait.

IX. Sources. — 1° Livres antérieurs et canoniques de l’Ancien Testament. — Il est hors de conteste que l’auteur du livre des généalogies n’ait extrait ses tableaux généalogiques, I Par., i, 1-n, 2, de la Genèse, puisque ces extraits ou résumés sont dans le même ordre que les récits de la Genèse. Il a fait anssi des emprunts à l’Exode, aux Nombres et au livre de Josué. II ne dépend en rien du Lévitique ni du Deutéronome. On ne constate non plus aucun point de conlact entre son livre et les Juges, de telle sorte qu’il se pourrait, quoique cela soit peu vraisemblable, qu’il ne connaissait pas ces derniers. Les livres de Samuel et des Rois étaient certainement sous les yeux du chroniste lorsqu’il écrivait. Il les a largement utilisés, en faisant un choix, parfois surprenant, de leurs matériaux qu’il appropriait à son but. On a constaté dans 45 passages environ l’accord verbal et réel avec cette source. Voir le tableau dressé par Cornill, Einleiiuvg in das A. T., 3e et 4e éd., Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1896, p. 121122, et par F. de Hummelauer, Comment, in Paralipomenon, t. i, p. 205-206. On a nié le fait, à cause des divergences que présentent les récits communs, et l’on a supposé que les passages à peu près identiques s’expliquaient suffisamment par la communauté des sources consultées. Mais les Paralipoménes ne ressemblent pas aux livres de Samuel et des Rois sous le rapport du contenu seulement ; ils s’en rapprochent aussi au point de vue du groupement des faits et de l’ordre suivi. Le chroniste reproduit aussi certaines particularités qui n’ont leur raison d’être que dans ces livres. Enfin, il copie souvent des phrases entières de ces sources. Un tel accord ne s’explique pas suffisamment par la communauté des sources consultées de part et d’autre, à moins de prétendre que ces sources ressemblaient parfaitement aux livres de Samuel et des Rois. Si le chroniste n’a pas connu la dernière rédaction de ceux-ci, il était du moins au courant de leur contenu et sous une forme très rapprochée du texte définitif. Driver estime même, à rencontre de Noldeke, que la plupart des jugements sur les rois de Juda ont été formulés par le rédacteur du livre des Rois. Il en résulte que le chroniste, qui les reproduit, a consulté ce livre lui-même et pas ses sources.

2° Autres sources écrites. — Le chroniste cite les litres des sources qu’il a consultées pour écrire l’histoire de la plupart des rois de Juda. Ainsi, dans l’histoire de David, il signale les Annales de ce roi, I Par., xxvii, 24, les paroles de Samuel le voyant, celles de JHathan le prophète et celles de Gad le voyant. I Par., xxtx, 29. L’histoire de Salomon est racontée d’après les paroles du prophète Nathan, la prophétie d’Ahia de Silo et la vision d’Addo le voyant concernant Jéroboam, fils de Nabat. II Par., ix, 29. Le règne de Roboam est narré d’après les paroles de Séméias le prophète et d’Addo le voyant, II Par., xii, 15 ; celui d’Abia, d’après le midrasch du prophète Addo, II Par., xiii, 22 ; celui d’Asa, d’après le livre des rois de Juda et d’Israël, II Par., xvi, 11 ; celui de Josaphat, d’après les paroles de Jéhu, fils de Hanani, qui sont insérées dans le livre des rois d’Israël, II Par., xx, 34 ; celui de Joas, d’après le midrasch du livre des Rois, II Par., xxiv, 27 ; celui 4’Amasias, d’après le livre des rois de Juda et d’Israël, Il Par., xxv, 26 ; celui d’Osias, d’après un écrit d’Isaïe, II Par., xxvi, 22 ; celui de Joatham, d’après le livre des rois d’Israël et de Juda, II Par., xxvii, 7 ; celui d’Achaz, d’après le livre des rois de Juda et d’Israël, II Par., xxviii, 26 ; celui d’Ézéchias, d’après la vision du prophète Isaïe et le livpe des rois de Juda et d’Israël, II Par., xxxii, 32 ; celui de Manassé, d’après les paroles -des voyants, qui sont contenues dans les annales des

rois d’Israël, et d’après les paroles d’IIozaï, II Par., xxxiii, 18, 19 ; celui de Josias, d’après le livre des rois de Juda et d’Israël, II Par., xxxv, 26-27 ; de même que celui de Joakim. II Par., xxxvi, 8. Les sources ne sont pas indiquées pour les règnesde Joram, d’Ochozias, d’Athalie et des trois derniers rois, Joachaz, Jéchonias et Sédécias. Le livre des rois d’Israël et de Juda est encore mentionné, I Par., ix, 1, comme contenant toute l’histoire d’Israël.

Les documents cités sont de deux sortes : les uns sont historiques, les autres prophétiques. Quelquesuns des premiers sont caractérisés par le nom de midrasch. Différentes questions se sont posées à leur sujet. D’abord, toutes ces sources sont-elles distinctes ? On reconnaît généralement aujourd’hui que le livre des rois de Juda et d’Israël, le livre des rois d’Israël et de Juda et les Actes ou Annales des rois d’Israël ne sont qu’une seule, et unique histoire des rois de Juda et d’Israël, citée sous trois titres différents. Bien que les références soient exclusivement faites à propos des rois de Juda et bien que le titre complet « livre des rois de Juda et d’Israël » soit cité même après la chute du royaume d’Israël, pour les règnes de Josias et de Joakim, il est très vraisemblable que cette source unique contenait l’histoire des rois des deux. royaumes. Le nom d’Israël seul pouvait convenir à la collectivité. Lé chroniste ne s’occupant que de Juda n’a fait aucun emprunt à l’histoire d’Israël. Les Annales du roi David mentionnées I Par., xx vii, 24, faisaient peut-être partie aussi du livre des rois d’Israël et de Juda, ou formaient un ouvrage indépendant. Quoi qu’il en soit, le livre des rois d’Israël n’était pas, de l’avis général, identique aux Annales citées comme source dans le livre canonique des Rois, nonobstant la ressemblance des titres. Ges Annales, en effet, semblent avoir formé deux ouvrages distincts, racontant séparément l’histoire des deux royaumes, tandis que le livre des rois d’Israël et de Juda paraît être un ouvrage unique sur les deux royaumes.

Quant aux écrits attribués aux prophètes, on les a considérés de diverses manières. Movers voyait dans les debarim de Samuel, de Nathan et de Gad les deux livres dits de Samuel. Ce sentiment ne peut se soutenir, puisque le chroniste tire de ces sources des renseignements qui ne se retrouvent pas dans ces deux livres. Pour d’autres, par exemple Driver, les paroles, visions et écrits des prophètes semblent cités par le chroniste comme des œuvres distinctes. Ce seraient alors des monographies, rédigées par les prophètes dont elles portent le nom. Voir col. 1482. Mais on ignore si elles étaientdes prophéties proprement dites, qui, comme celles d’Isaïe, xxxvii-xxxix, contenaient le récit de divers événements des règnes, ou des récits historiques strictement dits. Cependant les critiques modernes pensent généralement que les sources, attribuées à des prophètes, étaient, elles aussi, diverses parties du même ouvrage sur les rois. Toutes, en effet, à l’exception de trois, sont citées au sujet des règnes de David, Salomon, Roboam, Abia, Josaphat, Osias, Ézéchias et Manassé, pour lesquels le chroniste ne renvoie pas au livre des rois. Les renseignements, empruntés aux écrits prophétiques, complètent donc ce livre. N’est-ce pas un indice qu’il n’y a pas double emploi et que toutes ces sources ne sont qu’un même livre cité sous des titres différents ? Les trois exceptions ne font pas difficulté. Deux, en effet, les « paroles de Jéhu » et la « vision d’Isaïe », sont rapportées comme étant dans le livre des Rois. II Par., xx, 34 ; xxxii, 32. Dans le second cas cependant, quelques manuscrits des Septante ont la conjonction xai entre les mots « prophète » et « dans » ; cette leçon, si elle était authentique, désignerait deux ouvrages distincts. Dans le troisième cas, au sujet de Manassé, II Par., xxxiii, 18, le texte laisse entendre,