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LEVAIN — LEVI


Paul, après avoir reproché aux Corinthiens l’inceste qui a été commis parmi eux, leur recommande de se débarrasser de tout vieux levain de mal et de méchanceté, afin de célébrer la Pâque du Christ avec les azymes de la pureté et de la vérité. I Cor., v, 7, 8. — Dans une de ses paraboles, Notre-Seigneur mentionne le levain au point de vue de son action sur la masse de la farine : « Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prend et mêle à trois se’âh de farine, jusqu’à ce que le tout soit fermenté. » Matth., nu, 33. Le Sauveur dut reproduire plusieurs fois cette parabole, puisqu’on la retrouve dans saint Luc, xiii, 21, assignée à une autre époque. Le se’dh vaut un tiers du bath ou éphah, soit treize litres. Trois se’dh constituaient la contenance ordinaire d’un pétrin. Gen., xviii, 6 ; Jud., vj, 19 ; 1 Reg., i, 24. Ce nombre n’a donc pis de signification particulière dans la parabole. Le royaume des cieux, c’est-à-dire l’Église, doit, par la prédication évangélique, produire dans le monde un effet analogue à celui du levain dans la pâte : être mêlée à toute l’humanité comme le levain à la pâte ; agir sur elle, malgré sa iaiblesse numérique, comme le levain agit sur la pâte ; produire sur l’humanité une transformation qui la soulève, la transforme, lui donne de la valeur aux yeux de Dieu et l’aide à se conserver en bon état, de même que le levain soulève la pâte, la fait entrer tout entière en fermentation, , lui donne du goût et l’aide à se conserver. Les dernières paroles de la parabole, « jusqu’à ce que le tout soit fermenté, » indiquent que l’Église est destinée à agir sur toute l’humanité, dans l’universalité des temps et des lieux. Il est de toute évidence que, dans cette parabole, le levain ne saurait être pris dans le sens péjoratif qui lui convient dans d’autres passages de la Sainte Écriture. Cf. S. Jérôme, In Evang. Matth., ii, 13, t. xxvi, col. 91, 92 ; S. Augustin, Qusest. evang., i, 12, t. xxxv, col. 1326 ; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 533, 534 ; Jûlicher, Die Gleichnissreden Jesu, Fribourg-en-Brisgau, 1899, t. ii, p. 577-581.

H. Lesêtre.
    1. LEVANT##

LEVANT, partie de l’horizon où le soleil se lève. Voir Cardinaux (Points), t. ii, col. 257.

LÉVI (hébreu : Lêvî ; Septante : Aeue ? ou Aeuî), nom d’un fils du patriarche Jacob, d’une tribu d’Israël et de trois autres Israélites.

1. LÉVI, le troisième fils que Jacob eut de Lia. Gen., xxix, 34. Son nom, comme celui de ses frères, est un jeu de mots provenant de l’exclamation de sa mère lorsqu’elle le mit au monde : « Elle conçut de nouveau et engendra un fils, et elle dit : Maintenant mon mari s’unira (hébreu : yilldvéh) à moi, parce que je lui ai enfanté trois fils. C’est pourquoi elle l’appela du nom de Lêvî. » Gen., xxix, 34. Personnellement, Lévi n’est connu que par un épisode sanglant, raconté Gen., xxxiv. Pour venger l’honneur de sa sœur Dina, il ne craignit pas, avec Siméon, son frère, d’employer la ruse et la cruauté. Au mépris de la parole donnée et de l’alliance contractée, ils surprirent au milieu des douleurs de la circoncision Hémor et Sichem, chefs ehananéens, et leur ville, les mirent à mort, égorgèrent les hommes et emmenèrent en captivité les femmes et les enfants après avoir tout pillé et dévasté dans les maisons et dans les champs. Jacob adressa à Ses fils de durs reproches : « Vous m’avez troublé, leur dit-il, et vous m’avez rendu odieux aux Chananéens et aux Phérézéens, habitants de cette terre. Nous sommes peu nombreux ; , ils se rassembleront et me frapperont, et je serai détruit, moi et ma maison. » Gen., xxxiv, 30. C’est sans doute parce que cette considération devait-produire le plus d’impression sur les coupables que le patriarche la tait valoir. Elle n’exclut pas l’horreur que dut lui inspirer le crime de ses enfants, comme on peut en

juger d’après les paroles de la Bénédiction. Gen., xlix, 5-7. Voir LÉvi 2. Lévi est le père de la tribu qui porte son nom. Ses fils furent Gerson, Caath et Mérari.

Gen., xlvi, 11 ; I Par., vi, 1.

A. Legendre.

2. LÉVI (TRIBU DE), une des tribus d’Israël, spécialement consacrée au culte religieux. Nous en examinerons le nom et l’origine, la division et les fonctions, les droits et les privilèges, et enfin l’histoire. Par là même se trouveront éclaircies plusieurs difficultés soulevées par l’école critique contemporaine.

I. Nom. — La Genèse, xxix, 34, interprète le mot rh, Lèvîj dans le sens de « . uni, attaché ». La racine

rnb, lâvdh, est employée, à la forme niphal, avec la

signification de « adhérer, s’attacher à quelqu’un », dans Isaïe, lvi, 3, 6, et Ps. lxxxii (hébreu, lxxxiii), 9. Dans les Nombres, xviii, 2, les Lévites sont représentés comme « attachés » (illdvû) à Aaron, , le grand-prêtre. Leur nom patronymique exprime ainsi en même temps leurs fonctions de ministres sacrés. Mais certains exégètes ne voient là qu’un procédé artificiel, au moyen duquel le patriarche Lévi eût été appelé ainsi à une date postérieure à l’organisation de la tribu. Lévi n’eût donc été à l’origine ni un nom d’homme ni un nom patronymique, mais un qualificatif indiquant une fonction ou une « attache » quelconque à une institution. De cette façon P. de Lagarde, Orientalia, Gœttingue, 1880, t. ii, p. 20 ; Mittheilungen, Gœttingue, 1887, t. î, p. 54, ’prend les Lévites pour les Egyptiens qui se joignirent aux Sémites lorsque ceux-ci quittèrent la contrée du Nil pour rentrer en Asie. Cf. Exod., xii, 38 ; Num., xt, 4. Voir aussi E. Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris, 1887, t. i, p. 149. Cette hypothèse est non seulement contredite par le texte sacré, mais elle manque de toute vraisemblance ; on ne peut admettre que les Israélites, avec leur amour-propre national, aient confié à des étrangers un ministère aussi important que celui du sacerdoce. — Maybaum, Die Entwickelung des altisrælitischen Priesterthums, Breslau, 1880, p. iv, s’élevant contre l’opinion de P. de Lagarde, conclut de l’étymologie de làvàh que les Lévites portaient ce nom en leur qualité de « clients du temple ». Il est sûr que le participe lôvèh, « emprunteur, débiteur, » et, si l’on veut, « client, » a pour corrélatif malvéh, « prêteur, créancier » ou « patron ». Cf. Prov., xxii, 7 ; Is., xxiv, 2, etc. Mais le lévite n’est jamais nommé lôvéh, ni le temple malvéh. — Baudissin, Geschichte des alttestamentlichen Priesterthums, Leipzig, 1889, p. 50, s’appuyant sur Num., xviii, 2, 4, prétend que les Lévites, appelés à « s’adjoindre » aux prêtres, ne devaient pas par là même leur vocation à leur naissance. Outre que cette conclusion pèche contre la logique, elle est condamnée par le texte biblique lui-même, où nous voyons Dieu présenter les Lévites à Aaron comme « ses frères, la tribu de Lévi, la race de son père ». L’auteur sacré marque simplement ici la supériorité des enfants d’Aaron sur les autres membres de la famille de Lévi, de même que la priorité de leur vocation et de leur consécration. Baudissin, ibid., p. 72, n’est pas plus heureux en expliquant l’hébreu Leviim par « les attachés » ou « l’escorte de l’arche ». Être attaché à l’arche ou former son escorte n’était pas le privilège exclusif des Lévites, les prêtres tenaient de plus près au symbole sacré. Accompagner l’arche ne fut, du reste, qu’une fonction transitoire. Après l’établissement des Hébreux dans le pays de Chanaan, les anciens leviim étaient devenus des kôhanîm ou € prêtres ». Comment ce dernier nom n’aurait-il pas supplanté le premier, donnant ainsi naissance à la tribu des Kôhanîm et au patriarche Kôhên plutôt qu’à celle des Leviim et au patriarche Lêvî ? — F. Hommel, Aufsàtze und Abhandlungen, Munich, 1893, p. 30 ; Die altisrælitische Ueberlieferung, Munich, 1897, p. 278, fait