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PARADIS TERRESTRE


est fils du dieu Éa. Son père lui a donné la sagesse, mais non l’immortalité. Il habite le pays. d'Éridou, où il prend soin du sanctuaire du dieu. Un jour il se querelle avec le vent du sud et lui brise les ailes. Anou, dieu du ciel, le cite alors à son tribunal. Avant qu’Adapa se rende à la citation, Éa lui recommande entré autres choses de ne point manger le pain de mort qui lui sera offert et de ne pas boire l’eau de mort qui lui sera apportée. En réalité, Anou lui fait présenter un pain de vie et une eau de vie, de sorte qu’Adapa, parce qu’il suit fidèlement les avis que lui a donnés son père, perd l’occasion dé devenir immortel. Il se revêt néanmoins du vêtement qu’il reçoit en présent du dieu Anou. Adapa und der Sûdwind, dans la Keilinschriftliche Bibliothek, t. vi, 1900, p. 92-101. On ne peut méconnaître quelques points de contact entre l’histoire d’Adam et celle d’Adapa, malgré des différences notables. Le trait

509. — M. Sayce, The Higher Crilicismand tlie Verdict of the Monuments, in-12, Londres, 1894, p. 101, a une opinion un peu différente. Il place le Paradis terrestre dans le voisinage dIÉridou, la ville sacrée d'Éa, aujourd’hui Abou-Sharein. Éridou est actuellement au milieu des terres, mais elle était autrefois près de l’embouchure de l’Euphrate sur le bord de la mer etJensén, Kosmologie der Babylonier, p. 213, cite une inscription relative à une localité où « la boucbe des fleuves » (de l’Ruphrate et du Tigre) est mentionnée à propos d'Éridou.

Dans le voisinage d'Éridou était un jardin, lieu sacré où croissait l’arbre de la vie, un palmier dont les racines de lapis-lazuli étaient plantées dans l’abîme cosmique ; sa position marquait le centre du monde ; son feuillage formait la couche de la déesse Bahou et le dieu Thammouz habitait dans le sanctuaire placé à

562. — Arbre sacré assyro-chaldéen. D’après Layard, Monuments of Nineveh, 1, pi. 25.

principal à retenir ici c’est que le premier homme, d’après la légende babylonienne, habite Éridou. On peut donc se démander si Éden et Éridou ne désignent pas la même contrée et rechercher où était situé Éridou. C’est ce qu’ont fait divers assyriologues, en particulier Frd. Delitzseh qui a étudié la question ex professo. Dans son livre intitulé Wo lag dos Paradies ? p. 45-83, il soutient que l’Eden était situé auprès de Babylone et au sud de cette ville, à l’endroit appelé Kar-Dounias ou Clan Dounias, « jardin du dieu Dounias », remarquable par sa fertilité et par l’abondance de ses eaux. Henri Rawlinson avait le premier développé cette identification, Report of the forlieth Meeting of the British Association for the advancement of science, Liverpool, p. 173. Kar Dounias est surtout arrosé par l’Euphrate, dont le niveau est là plus élevé que celui dji Tigre, mais il jouit aussi des eaux de ce dernier fleuve. Le Phison et le Géhon sont, d’après Delitzseh, deux canaux, dérivés de l’Euphrate en dessous de Babylone. Le premier est le Pallacopas à l’ouest ; le pays d’Hévilath qu’il arrose est la partie du désert de Syrie qui 'confine à la Babylonie et où l’on trouvait autrefois de l’or. Le second, c’est-à-dire le Géhon, est le canal Arahtu, qui baigne les ruines de la ville antique d'Érech. Cousch désigne les Couschites de la Susiane. Pour la critique de l’opinion de Frd. Delitzseh, voir P. Jensen, Die Kosmologie der Babylonier, in-8°, Strasbourg, 1890, p. 507 l’ombre de ses branches et dans lequel aucun mortel n'était jamais entré. Cuneiform Inscriptions of Western, Asia, t. ïv, pi. 15, verso, lig. 62-64. Cf. Sayce, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. i, p. 643 ; Id., Higher Criticism, p. 101. Cet arbre sacré est souvent représenté sur les monuments assyro-chaldéens (fig. 562), et l’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître l’arbre du Paradis terrestre de la Genèse, Eb. Schrader, Semitismus und Babylonismus, dans les Jahrbùcher fur protestantische Théologie, 1875, p. 124-125, quoiqu’il soit figuré sous des formes différentes (fig. 563). Voir E. Bonavia, The Flora of the Assyrian Monuments, "Westminster, 1894, p. 45-57. Sur les idées assyro-chaldéennes relatives à l’arbre de vie, voir Wûnsche, Die Sagen vom Lebensbaum und Lebenswasser, in-8 Leipzig, 1905. M. Sayce explique ce que dit la Genèse, de la rivière édénique qui se partageait en quatre fleuves de la manière suivante. L'Éden-Éridou était sur les bords du golfe Persique. Deux mille ans avant notre ère, les Babyloniens considéraient le golfe Persique comme une rivière, qu’ils appelaient nar marratum, « la rivière amère », c’està-dire la rivière ou l’eau salée. À cette époque, non seulement l’Euphrate et le Tigre, mais aussi d’autres cours d’eau, se déversaient dans le golfe. Comme là marée faisait remonter assez haut l’eau salée dans le lit des rivières, on put donner à l’embouchure de ces rivières le nom de sources et ainsi le Tigre, l’Eu-