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PARADIS TERRESTRE


Viçwâ-Mitra, Les Chamites, in-8°, Paris, 1892, p. 687725. Ces identifications sont inconciliables avec le récit génésiaque. Singulier paradis terrestre que celui de Pamir ! Les rares voyageurs qui l’ont visité nous le représentent comme.un des endroits du monde les plus inhabitables à cause de sa température. G. Bonvalot, Du Caucase aux Indes à travers le Pamir, in-4°, Paris, 1889, p. 291-355. — Sur le Pamir et ses glaciers, voir R. Pumpelly, Explorations in Turkestan, in-8°, Washington, 1905, p. 123-155.

in. l’Éden en Arménie. — Un grand nombre de commentateurs ont placé le Paradis terrestre en Arménie, dans les riches vallées de cette région. qui est encore aujourd’hui Tune des plus fertiles du monde. « Cette opinion sur la situation du Paradis terrestre, dit H. Brugsch. Reise (1er A. preussischen Gesandtschaft nach Persien, 2 in-8°, Leipzig, 1862-1863, t. i, p. 146, trouve un grand appui dans la tradition populaire de l’Arménie, d’après laquelle l’oasis d’Ordubâd, au-dessous de Djulfa, sur la rive gauche de l’Aras, marque le site du paradis édénique. » Les quatre fleuves mentionnés par.la Genèse arrosent cette riche contrée.

1° L’Euphrate, que la Genèse désigne simplement par son nom, comme étant suffisamment connu des lecteurs, tandis que les trois autres fleuves édéniques, y compris le Tigre, sont déterminés par l’indication des contrées qu’ils baignent, l’Euphrate prend sa source en Arménie. Voir Euphbate, t. ii, col. 2046. — 2° Le Tigre naît à une heure environ de l’Euphrate, au nord de Ûiarbékir. Voir Tigre. Le Phison et le Géhon sont le Phase et J’Araxe. — 3° Le Phase, cf. Xénophon, Anab., iv, 6, prend sa source au pied du mont Ararat, non loin des sources de l’Euphrate et du Tigre. VoirGalmet, Comment, litl. Genèse, 1715, p. 61 ; E. F. C. Rosenmuller, Scholia in Gen., 1821, p. 101. La terre d’Hévilath, que baigne le Phase, est la Colchide, le pays des métaux précieux, où les Argonautes allèrent chercher la toison d’or. Calmet, Gen., p. 63. Strabon, XI, ii, 19, dit que les fleuves et les torrents de cette contrée roulent des paillettes d’or. Cf. Pline, H. N., xxxiii, 3. Pour lebdellium qu’on trouvait dans le pays d’Havilath, voir Bdellium, 1. 1, col. 1527, et pour l’onyx, voir ce mot, col. 1823.

— 4° Le Géhon est l’Araxe des auteurs classiques ; son nom arabe actuel Djeichoun-er-has et son nom persan Djûn rappellent encore le nom hébreu de Géhon. Ebers, Aegypten und die Bûcher Moses, t. i, p. 29. Voir Calmet, Genèse, p. 66. Le Géhon sort du voisinage de la source occidentale de l’Euphrate et se jette dans la mer Caspienne. La terre de Chus, qu’arrose le Géhon, ne désigne pas l’Ethiopie africaine, qu’habitèrent plus tard les Couschites, mais la région asiatique où vivaient d’abord les descendants de Chus. Voir Ethiopie, t. ii, col. 2007, 2009, c’est-à-dire le pays des Kossiens, Cassiotis, regio Cossœorum. Cf. Diodore de Sicile, xix, 3 ; Ptolémée, vi, 3, 3 ; Polybe, v, 44 ; Strabon, XI, iii, 6. Ge sont les KaÙi des textes cunéiformes. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 176.

On peut objecter contre le système qui vient d’être exposé qu’il n’explique pas cette partie de la description dû Paradis donnée parla Genèse, ii, 10, d’après laquelle « un fleuve sortait de l’Édên… et se divisait en quatre bras (rà’Sîm, littéralement : têtes). » Ces mois signifient naturellement que le Tigre, l’Euphrate, le Phison et le Géhon avaient une source commune et unique. Or, le Phase et l’Araxe n’ont pas la même source que le Tigre et que l’Euphrate. À cette objection on n’a répondu que par une hypothèse contestable, à savoir que des révolutions diverses ont pu modifier notablement la topographie des lieux où était situé le Paradis terrestre. Quoi qu’il en soit, la Genèse, en plaçant l’Éden aux sources de l’Euphrate et du Tigre, nous indique naturellement HArménie comme site du Paradis terrestre.

iy. L’ÉDEN EN babylonjb. — Une opinion qui a re cruté dans ces dernières années de nombreux partisans est celle qui place en Babylonie le paradis terrestre. Elle n’est pas tout à fait nouvelle et remonte à Calvin. Il est le premier qui ait placé l’Éden en Babylonie, sans en préciser le site (fig. 561). Il identifie le Phison et le ; Géhon avec le Tigre et l’Euphrate : ces deux fleuves portent deux noms différents au-dessus et au-dessous de leur confluent au Schatt-el-Arab. Duo sunt amnes qui in unum coeunt, deindeabeunt in diversas partes, lia flumen unum est in confluenie ; duo autem in superioribus alveis sunt capita, et duo versus mare postquam intrsus longius dividi incipiunt. Commentarius in Gen., ii, 14, Opéra (édit. du Corpus Reformatorum, t. Li), t. xxill, 1882, col. 43. Sur ce dernier point, Calvin ne prend pas garde que son opinion est inconciliable avec le texte biblique et il ne se préoccupe pas de savoir si la double embouchure de l’Euphrate et du

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561. — Carte de l’Eden.

D’après Calvin, dans son Comm. in Gen., p. 42.

Tigre dans le golfe Persique est ancienne. En réalité, elle ne l’est pas. Voir Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 39-40.

Mais quoi qu’il en soit des quatre fleuves, Huet accepta pour le fond l’opinion de Calvin, dans son Traité de la situation du Paradis terrestre, 2e édit., Amsterdam, s. d., p. 16-18, de même que Joseph Scaliger, les théologiens de Louvain et beaucoup d’autres. Les découvertes assyriologiques faites depuis un demi-siècle ont fourni des arguments nouveaux en faveur de ce système. On pouvait même espérer qu’elles trancheraient définitivement la question. Elles ont prouvé que les Chaldéo-Assyriens avaient des traditions semblables à : celles des Hébreux sur les origines de l’humanité, sur la création, sur le déluge. Il y avait donc lieu de penser qu’on découvrirait aussi dans les documents cunéiformes quelque tablette décrivant leséjour’du premier homme. Cet espoir ne s’est pas jusqu’à présent pleinement réalisé. Cependant on a retrouvé quelques traces du premier homme de l’Éden assyrien, et, de plus, les monuments reproduisent souvent l’image de l’arbre sacré qui avait été.placé dans le paradis.

Une tablette de Tell el-Amarna, conservée aujourd’hui à Berlin, raconte la légende d’un certain Adapa, où l’on remarque plusieurs traits qui ne sont pas sans analogie avec l’histoire d’Adam. D’abord le nom d’Adapa a quelque ressemblance avec celui d’Adam, voir H. Sayce, Bigher Criticism, p. 94, et il est aussi le premier homme. ii,